

Quand je me suis installée à Shanghai, on m'a dit "tu vas habiter près du quartier chinois", ce qui m'a fait sourire… Shanghai serait-elle si peu chinoise qu'il lui faille son "China town" ? Au premier abord, c'est une grande mégalopole internationale, on pourrait s'y tromper… mais partons ensemble à la recherche de l'identité chinoise de Shanghai


Le quartier bleu va être démoli en avril… Malheureusement, ou heureusement pour les habitants (un article à venir sur ce sujet)… En tout cas, ces quartiers, peu conformes à l'image moderne que veut se donner la Chine, et quand même assez insalubres, disparaissent peu à peu… Un seul sera peut-être préservé des démolitions, direction la vielle ville !
La ville ronde

Plus au sud, au-delà de la mosquée de Taoyuan car ces quartiers pauvres sont en effet souvent habités par des musulmans, prenez comme point de départ le métro Xiaonanmen pour découvrir ce quartier. Dans ces rues, les ménates en cage côtoient les distributeurs à eau, les temples bouddhistes, les bazars de bric-à-brac, les odeurs de tofu ou d'huile frite sur fond de musique pop sirupeuse, le superflu vient se mêler au prosaïque. On trouve d'ailleurs beaucoup de commerces et de d'animation dans ces rues : La Guangqi Lu, piétonnière, est un spectacle permanent avec son marché très typique ; Wenmiao Lu est le repère des magasins de jouets et de peluches. Dans la rue Penglai, vous trouverez même une petite brocante installée dans …un garage ! Terminez par le temple de Confucius, un véritable havre de paix au milieu de l'agitation de la rue. Puis remontez vers la station de métro Laoximen par la rue Xuegong, vous y trouverez une taverne traditionnelle chinoise, Kongiyiji réputée pour son vin jaune. Mais la Chine ne saurait se circonscrire à des quartiers. Laissons libre court à nos découvertes…
C'est en vivant dans Shanghai que l'on découvre par des détails de la vie quotidienne que les Chinois réussissent à concilier leur mode de vie traditionnel et la vie moderne. Que ce soit dans les rues bucoliques de l'ancienne Concession Française, où la cloche du ferrailleur vous rappelle que nous ne sommes bien en Chine, dans les avenues abritées par des forêts de gratte-ciels, où les petites commerces pullulent au pied des immeubles, il suffit de laisser son regard virevolter : les bambous partent à l'assaut du béton, le linge qui sèche investit les balcons et la voie publique, des plantes vertes envahissent les murs… C'est la poésie familière du quotidien qui reprend le dessus. Oui, nous sommes bien en Chine ! Et la Chine, ne serait-ce pas justement cette lisière si fine entre la modernité et la tradition ?
Marie-Eve Richet (www.lepetitjournal.com/shanghai). Jeudi 11 avril 2013
