Édition internationale

SHANGHAI – La Chine en filigrane

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 27 septembre 2024

Quand je me suis installée à Shanghai, on m'a dit "tu vas habiter près du quartier chinois", ce qui m'a fait sourire… Shanghai serait-elle si peu chinoise qu'il lui faille son "China town" ? Au premier abord, c'est une grande mégalopole internationale, on pourrait s'y tromper… mais partons ensemble à la recherche de l'identité chinoise de Shanghai

Dans les faubourg de Shanghai comme celui du district de Minhang, vous repérerez ces quartiers à l'entrée duquel des motos attendent... un client, ce sont des motos-taxis ! A travers les petites ruelles, quelques rares vélos, des scooters électriques et des triporteurs se croisent dans un va-et-vient incessant. Parfois, une voiture rutilante vient rappeler que nous sommes dans une métropole moderne et riche. Dans les bicoques et sur les bas-côtés, les habitants s'affairent et improvisent un petit commerce : une maraîchère écosse les petits pois avec son étal de légumes de saison à même le sol, une maman fait la lessive dans l'évier de la rue, un homme répare des pneus dans une bassine, et bien sûr il y a toujours quelqu'un qui cuisine des nouilles à n'importe quelle heure de la journée..


La détente a aussi sa place : des jeunes femmes brodent; assises tranquillement devant leurs maisonnettes, des adolescents jouent aux machines à jeux ou aux jeux d'ordinateur au fond d'une masure. Autre génération, des vieux se retrouvent au cercle de mah-jong. Dans le coin d'une rue, une table de billard a même été installée, abritée d'un auvent de fortune !

Le quartier bleu va être démoli en avril… Malheureusement, ou heureusement pour les habitants (un article à venir sur ce sujet)… En tout cas, ces quartiers, peu conformes à l'image moderne que veut se donner la Chine, et quand même assez insalubres, disparaissent peu à peu… Un seul sera peut-être préservé des démolitions, direction la vielle ville !

La ville ronde

C'est entre le Yuyuan Garden et le Huang Pu que l'on trouve la ville d'origine de Shanghai, le seul endroit de la ville où les rues ne sont pas rectilignes à l'américaine, mais toutes en courbes et recoins… Avec ses maisons couleur brique aux devantures clinquantes, la Fanbang Lu est l'artère principale qui vous permet de rayonner dans un quartier traditionnel. Venant du Yuyuan Garden, arrivé à l'arche en pierre surmontée de dragons, vous avez le choix entre la rue à gauche, Danfeng Lu, une des mieux conservés avec ses fenêtres en bois à encorbellement et la Sipailu en face, rue de l'arche justement, qui avec ses étals colorés et odorants (nez sensibles s'abstenir) offre une ambiance pittoresque et populaire.

Plus au sud, au-delà de la mosquée de Taoyuan car ces quartiers pauvres sont en effet souvent habités par des musulmans, prenez comme point de départ le métro Xiaonanmen pour découvrir ce quartier. Dans ces rues, les ménates en cage côtoient les distributeurs à eau, les temples bouddhistes, les bazars de bric-à-brac, les odeurs de tofu ou d'huile frite sur fond de musique pop sirupeuse, le superflu vient se mêler au prosaïque. On trouve d'ailleurs beaucoup de commerces et de d'animation dans ces rues : La Guangqi Lu, piétonnière, est un spectacle permanent avec son marché très typique ; Wenmiao Lu est le repère des magasins de jouets et de peluches. Dans la rue Penglai, vous trouverez même une petite brocante installée dans …un garage ! Terminez par le temple de Confucius, un véritable havre de paix au milieu de l'agitation de la rue. Puis remontez vers la station de métro Laoximen par la rue Xuegong, vous y trouverez une taverne traditionnelle chinoise, Kongiyiji réputée pour son vin jaune. Mais la Chine ne saurait se circonscrire à des quartiers. Laissons libre court à nos découvertes…

Une ambiance chinoise ténue, mais bien présente

C'est en vivant dans Shanghai que l'on découvre par des détails de la vie quotidienne que les Chinois réussissent à concilier leur mode de vie traditionnel et la vie moderne. Que ce soit dans les rues bucoliques de l'ancienne Concession Française, où la cloche du ferrailleur vous rappelle que nous ne sommes bien en Chine, dans les avenues abritées par des forêts de gratte-ciels, où les petites commerces pullulent au pied des immeubles, il suffit de laisser son regard virevolter : les bambous partent à l'assaut du béton, le linge qui sèche investit les balcons et la voie publique, des plantes vertes envahissent les murs… C'est la poésie familière du quotidien qui reprend le dessus. Oui, nous sommes bien en Chine ! Et la Chine, ne serait-ce pas justement cette lisière si fine entre la modernité et la tradition ?

Marie-Eve Richet (www.lepetitjournal.com/shanghai). Jeudi 11 avril 2013

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 10 avril 2013, mis à jour le 27 septembre 2024
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