Édition internationale

HARCOURT À SHANGHAI - Le célèbre studio parisien s'affiche au 10 Corso Como

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 27 avril 2016

Par Pascale Brites

On ne présente plus le studio français Harcourt qui, depuis 1936, a immortalisé les plus grandes stars de cinéma. L'exposition, qui se tient jusqu'au 30 mai en plein coeur du district de Jing'an, présente quelques-uns de ses portraits le plus emblématiques, mais elle fait aussi et surtout la part belle aux célébrités chinoises. Nous nous sommes rendus au vernissage où nous avons avons rencontré le commissaire d'exposition Jean Loh, qui nous a raconté ce projet.

ZHANG Jun devant son portrait réalisé par le studio Harcourt

Un éclairage continu de cinéma, un halo de lumière sur un fond gris-noir, une ambiance clair-obscur et des portraits posés : le style Harcourt est un classique reconnaissable au premier coup d'oeil et dont la réputation d'excellence ne faillit pas depuis 80 ans. En 2012, à l'occasion de l'exposition Harcourt's Legend qui s'est tenue au Sinan Mansions de Shanghai, le studio éphémère de la marque parisienne a accueilli plusieurs artistes chinois. Des acteurs, mais également des musiciens ou des chanteurs. Les images d'Harcourt sont connues de ces artistes, mais peu ont eu la chance de poser sous ses projecteurs. "Cette expérience fut un véritable honneur" comme nous l'explique la chanteuse soprano QIU Shuwai, présente lors du vernissage. De cette expérience, elle retient surtout l'efficacité des deux photographes présents. "En quelques minutes, l'éclairage était prêt" nous explique-t-elle. "Les photographes ont tout de suite su quel était mon bon profil et sous quel angle la photo serait la mieux réussie. Quand j'ai vu les images après la séance de prise de vue, toutes étaient réussies !"

En haut à gauche de la série de quatre portraits, celui de la soprano QIU Shuwai

La tradition du noir et blanc
Cette expérience du studio français, nous l'avons partagée avec ZHANG Jun, le « prince de l'opéra Kunqu » également présent au vernissage de l'exposition. "Je connaissais le studio Harcourt au travers des photographies de vedettes françaises" raconte-t-il. "J'ai été impressionné par la rapidité du photographe à percevoir mon caractère et à décider de la pose que j'allais prendre. J'étais venu avec mon éventail parce que c'est un élément très important pour le Kunqu. Nous avons vu ensemble comme le faire apparaître et j'ai expliqué comment je voulais le tenir." ZHANG Jun a choisi de conserver son image en noir et blanc dans la pure tradition du studio. Mais l'exposition qui se tient au quatrième étage du 10 Corso Como présente également quelques photographies couleur, comme le portrait du mannequin Laetitia Casta ou celui de Victoria Lu, critique d'art hong-kongaise. Soixante tirages sont exposés en grand format, tous réalisés en Chine spécifiquement pour l'événement. La moitié représente des artistes chinois, agréablement répartis sur les murs de l'espace d'exposition où l'alternance homme-femme et Orient-Occident est presque parfaitement respectée. Ces photographies resteront exposées jusqu'au 30 mai et permettront au public chinois comme aux expatriés de découvrir le savoir-faire à la française et d'admirer ses dernières créations.

Trois questions à Jean Loh, Français résident à Shanghai depuis seize ans, propriétaire de la galerie Beaugeste et commissaire de l'exposition

Jean Loh lors du vernissage de l'exposition 

Comment est né ce projet d'exposition ?
Harcourt m'a demandé comment réussir en Chine. J'ai répondu que pour construire la marque, il valait mieux photographier des célébrités chinoises dans les arts et les lettres. Harcourt n'a pas besoin de moi pour le cinéma, mais je les ai aidés à trouver des artistes contemporains et des chanteurs d'opéra par exemple, ou des écrivains. Je pense que ce sont des portraits de gens comme ceux-là qui font comprendre au public chinois que Studio Harcourt n'est pas comme les autres milliers de studios photo chinois.

Comment avez-vous réalisé la sélection des images ?
D'abord, l'espace disponible posait une contrainte : la galerie du Corso Como ne peut loger plus de 60 portraits au format 60x80cm. A partir de là, j'ai fait mon travail « France-Chine » : j'ai choisi 30 portraits occidentaux et 30 portraits asiatiques. J'ai insisté pour mettre un acteur coréen Lee Byung-Hun qui a beaucoup de fans en Chine. Pour refléter l'histoire d'Harcourt, il était indispensable de présenter quelques portraits des années 30, d'où Josephine Baker, Salvador Dali, etc. Et des années 50 comme Yves Montant, Piaf et Françoise Sagan... Mais sans plus, car Corso Como est un centre fashion et design, on doit rester le plus contemporain possible. Le résultat colle bien avec la présence de livres d'art et de photographie disposés sur les tables, donnant une atmosphère de bibliothèque avant-gardiste.

60 Portraits du Studio Harcourt 
Du 22 avril au 30 mai 2016

Au 10 Corso Como,
1717 West Nanjing Road, Shanghai
Tous les jours de 10h à 22h
Entrée gratuite

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Pensez-vous qu'en présentant un grand nombre d'artistes chinois, cette exposition fasse mieux connaître le studio Harcourt à Shanghai ?
J'espère bien, mais ce genre d'exposition exige une certaine connaissance générale et une grande curiosité intellectuelle, au-delà du portrait photographique. Tout l'art d'Harcourt est de provoquer des « Oh viens voir c'est Catherine Deneuve ici ! ». Quand j'ai fait l'expo sur la chanson française à l'Alliance Française de Shanghai, il y avait des jeunes Français qui ne savaient pas qui était Edith Piaf ! Alors demander au public chinois de reconnaître toutes les célébrités chinoises ou françaises, ce n'est pas évident...

Crédits photos : Pascale Brites

Pascale Brites, lepetitjournal.com/shanghai, jeudi 28 avril 2016

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 27 avril 2016, mis à jour le 27 avril 2016
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