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FKCCI : « La Corée du Sud est aujourd’hui un pays de premier plan »

La Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Coréenne (FKCCI) La Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Coréenne (FKCCI)
Henri Bacquet, Directeur général avec les membres du comité Energie
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 26 février 2023, mis à jour le 17 janvier 2024

La Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Coréenne (FKCCI) est depuis 1986 la référence pour les entreprises françaises déjà installées ou souhaitant s’implanter en Corée du Sud. Henri Bacquet, Directeur général, et Sonia Chaieb, Business Development Department Manager ont répondu à nos questions.

 

La spécificité d'une chambre de commerce à l’étranger est qu'elle est créée et vit par et pour ses membres

 

Pouvez-vous nous présenter l’histoire de la Chambre de commerce et d’industrie franco-coréenne ?

La FKCCI fait partie d’un réseau mondial des chambres de commerce françaises à l’étranger (CCI France International), qui regroupe 119 Chambres et 33000 membres à travers le monde. La spécificité d'une chambre de commerce à l’étranger est qu'elle est créée et vit par et pour ses membres. Nous ne touchons pas de subventions de l’Etat français et nous vivons par la volonté de nos membres. La Chambre de commerce et d’industrie franco-coréenne existe depuis 1986 et s’est considérablement développée au fil de ses 37 ans d’histoire et à mesure que les relations franco-coréennes se sont intensifiées, notamment depuis l’Accord de Libre Echange entre l’UE et la Corée en 2011.

 

David-Pierre Jalicon président de la FKCCI
David-Pierre Jalicon président de la FKCCI

 

Au début, il s’agissait d’une petite activité avec quelques membres très fédérateurs qui menaient des actions ensemble. La FKCCI a ensuite peu à peu étendu activement son réseau et doublé son nombre de membres de 200 en 2011 à 400 en 2021, pour finalement atteindre 450 membres en 2022, un record dans notre histoire. Ce réseau s’est également diversifié, avec l'augmentation du nombre de startups et de PME (25 % de nos membres) et le nombre croissant d'entreprises coréennes intéressées par le marché français.

 

Début 2020, nous avons inauguré nos nouveaux locaux au cœur du quartier d'affaires de Gangnam, marquant le début d'une nouvelle ère pour les relations d'affaires entre nos deux pays.

Doublant la capacité de l'espace pour nos équipes et celles de notre centre d'affaires incubant désormais une quarantaine de sociétés françaises, nous sommes en mesure d'accueillir chez nous la communauté d’affaires pour de grandes manifestations et créer plus d'opportunités de rencontres d'affaires.

 

Notre équipe se réunissait dans un hôtel du groupe Accor, puis nous avons eu des bureaux à Gangnam dans le quartier des affaires de Séoul. Après avoir été très longtemps dans nos anciens locaux, nous avons emménagé dans un nouvel espace en janvier 2020. Cela nous permet d’avoir plus d’espace pour nos équipes mais également pour nos membres.

 

Nous avons la chance d’avoir un conseil d’administration de très longue date, notamment Philippe Lee, notre président honoraire, et David-Pierre Jalicon, qui est président depuis 13 ans. Ces deux piliers historiques de la chambre ont aidé à son développement et ont œuvré pour faire grossir son poids économique.

 

Le gala FKCCI
Le gala de la FKCCI

 

Comment est organisée la FKCCI ?

Pour appuyer nos 450 membres, notre équipe de 20 personnes est structurée autour de trois activités principales : l’évènementiel, la communication et l’activité business.

 

Nous organisons une soixantaine d’évènements par an, dont le plus important est le gala, qui a lieu en fin d’année. Cet évènement accueille 900 personnes dans un cadre prestigieux et constitue le rendez-vous le plus attendu de notre communauté. Le gala dépasse largement les frontières du milieu d’affaires français.

 

Nous avons également pour mission d’informer sur les relations bilatérales, les tendances de marché ainsi que la vie de nos entreprises. Nous éditons par exemple un magazine semestriel Corée affaires, qui reprend toute l’actualité économique de la France et de la Corée. Nous publions des contenus sur de nombreux autres canaux de communication pour animer la communauté : Instagram, Facebook, Linkedin, Twitter mais aussi Naver et KakaoTalk.

 

Enfin notre département business est l’interlocuteur privilégié pour toute entreprise française ou coréenne souhaiter prospecter, importer, exporter ou s’implanter en Corée comme en France

 

.En plus de notre Business Center, nous développons la coopération entre nos membres et nous avons mis en place des comités en fonction des secteurs d’activité, pour que les différents acteurs se connaissent et puissent travailler ensemble.

 

Le FKCCI

 

Comment fonctionne votre Business Center ?

Notre business center accueille 40 entreprises qui sont domiciliées ici, avec des VIE ou des expatriés de plus long terme. Cela fonctionne comme un espace de coworking. Nous recherchons à moyen terme de nouveaux locaux pour pouvoir nous agrandir car la demande est forte.

 

Nous accompagnons les entreprises à tous les niveaux de leur projet. Cela peut commencer dès l’étude de marché, avec une étude de faisabilité, un test pour un produit ou un service. Nous allons les mettre en relation avec des experts sur les tendances du marché coréen pour s’assurer que les produits et les services en question sont en adéquation avec les besoins locaux et si ce n’est pas le cas, pouvoir les adapter.

 

Nous allons également les aider pour l’implantation sur place, à travers des VIE ou des employés pour lesquels nous allons gérer la paie et le visa ou encore pour la création de l’entité légale sur place. Nous avons donc des entreprises que nous accompagnons pendant plusieurs années.

 

Le volet culturel est souvent sous-estimé

 

Quelles sont les plus grandes difficultés rencontrées par des entreprises françaises qui souhaiteraient s'implanter en Corée du Sud ?

Il existe plusieurs difficultés mais le volet culturel est souvent sous-estimé. Il est très différent de faire du business en Corée du Sud. La hiérarchie y est très forte. Il y a, par exemple, sept niveaux de langage et cela se ressent même dans les échanges en anglais. Par ailleurs, la notion de « ppalli ppalli » (« vite, vite » en coréen) est primordiale. Il est important de pouvoir être réactif si l’on veut faire des affaires ici.   

 

Nous voyons beaucoup de sociétés qui essayent d’entrer sur le marché coréen par elles-mêmes mais elles sont vite confrontées à des situations qui les dépassent. Il faut avoir conscience des différences culturelles entre les deux pays. Il faut donc faire appel à des experts qui connaissent le marché.

 

A noter également que si l’ALE UE-Corée a abaissé 99% des barrières tarifaires entre nos deux pays, les barrières réglementaires restent contraignantes comme moyen de protéger le marché local coréen.

 

La FKCCI en Corée du Sud

 

Est-ce que le marché sud-coréen a évolué depuis la pandémie ?

La Corée du Sud a pu bénéficier d’un effet Covid car elle n’a pas connu des restrictions aussi strictes que la Chine ou Hong Kong. De nombreuses sociétés se sont donc tournées vers la Corée. Nous avons constaté de nouvelles implantations et les chiffres devraient continuer à grossir. D’autant plus que la France n’a jamais autant parlé de la culture sud-coréenne. Longtemps considérée comme un pays de seconde zone, la Corée du Sud est aujourd’hui un pays de premier plan pour les entreprises qui souhaitent se développer en Asie.

 

Avec le New Deal coréen, on a aussi constaté que la crise a accéléré quelques transformations structurelles portées par des politiques volontaristes visant à la digitalisation, les énergies vertes et la décarbonisation, l’économie sociale et le renforcement des chaînes de valeur régionales. Les secteurs innovants que le gouvernement appelle « Industries 4.0 » en sortent donc gagnants, tels que l’IA, les biotechnologies et bien d’autres.

 

Le Bastille day de la FKCCI

 

Est-ce qu'il y a un vrai intérêt du marché sud-coréen pour ce que peuvent proposer les entreprises françaises ?

De façon générale, la France a une très belle image en Corée du Sud. Nous avons un grand savoir-faire en matière d’aéronautique et d’automobile, mais également dans les secteurs traditionnels de la cosmétique, de la mode ou encore du luxe. Il y a cependant une très forte montée en gamme des acteurs locaux, dans de nombreux secteurs, comme celui de la défense. Il y a encore quelques décennies, les Coréens avaient beaucoup à apprendre à leurs contreparties françaises en matière de technologie. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les Français doivent donc changer d’état d’esprit et il ne faut pas débarquer en terrain conquis.

 

Le Tech 4 good tour

 

Est-ce que justement, vous accompagnez également les entreprises sud-coréennes qui seraient intéressées par le marché français ?

Nous sommes une chambre de commerce bilatérale. Nous aidons donc à ce titre des entreprises coréennes à identifier des partenaires français, comme des fournisseurs, des importateurs ou encore des investisseurs. Si ce n’est pas le coeur de notre activité, nous sommes dans une dynamique qui ne va aller qu’en s’accroissant avec les Jeux Olympiques à Paris en 2024.

 

Être français ne suffit pas pour se démarquer

 

Quels sont vos conseils pour une entreprise qui souhaite s'implanter en Corée du Sud ?

Il faut venir préparé et ne pas sous-estimer le volet culturel. Il faut s’avoir se différencier et bien préparer son storytelling. Être français ne suffit pas pour se démarquer. Les Sud-Coréens sont friands de nouveauté et il faut donc pouvoir proposer un nouveau produit, une nouvelle approche, ou une technologie innovante.

Nous leur conseillons aussi de se faire accompagner dans leurs premiers pas, et ne pas hésiter de nous solliciter dans ce cadre !

 

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