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Les couturières de Paraisópolis lancent une collection de vêtements écoresponsables

Des mannequins habillés de la nouvelle collection à ParaisópolisDes mannequins habillés de la nouvelle collection à Paraisópolis
Des mannequins habillés de la nouvelle collection à Paraisópolis / Vincent Bosson
Écrit par Vincent Bosson
Publié le 4 mars 2022, mis à jour le 4 mars 2022

Paraisópolis, la deuxième plus grande favela de São Paulo, a accueilli le défilé de mode du projet « Coudre des Rêves Brésil » - « Costurando Sonhos Brasil » en portugais -, fin de novembre 2021, dans les locaux de l’association G10 Favelas. En partenariat avec deux entreprises privées, ils ont lancé la collection « Énergie », dont l’objectif vise une économie circulaire et une production de vêtements écoresponsables.

  

L’initiative a été développée à partir du concept du surcyclage, qui consiste à réutiliser des tissus et des produits qui seraient mis au rebut pour fabriquer de nouvelles pièces de haute qualité. Les vêtements et accessoires de cette collection ont été confectionnés avec les uniformes du concessionnaire d'énergies électriques Enel et de la compagnie aérienne Azul. Cinq designers travaillant sur une mode plus durable ont été invités. Stephany Ramos, Sara Lu Thompson, Ana Rita Colorida, Cida Félix et Júlio Cesarini ont ainsi créé une ligne de vêtements comptant 22 créations originales.

 

Des couturières travaillent pour la nouvelle collection de vêtements
Des couturières travaillent pour la nouvelle collection de vêtements à Paraisópolis

Paraisópolis, un projet d’entrepreneuriat à impact social dans les favelas

Au son de la batucada, les modèles issus de la communauté ont défilé sous le hangar de l’association G10 Favelas – mouvement qui encourage l’entrepreneuriat à impact social dans les favelas – dans une ambiance carnavalesque. Les vêtements suivent une palette de couleurs sobres avec une prédominance de bleu et de gris, que l’on retrouve dans les débardeurs, pantalons, jupes et blazers. La ligne d'accessoires compte huit pièces, dont des sacs, étuis d’ordinateur et sacs à dos colorés.

 

Pour Sueli Feio, l’une des fondatrices du projet « Coudre des Rêves Brésil »,

 

cette action est importante et permet de générer des revenus pour de nombreuses femmes de Paraisópolis et d'autres communautés au Brésil.

 

Créé en 2017, l’idée est de donner des moyens de soutien, à travers l’éducation, aux femmes en situation d'extrême vulnérabilité sociale. Depuis le début du projet d’entrepreneuriat, plus de 240 femmes ont reçu une formation en couture et certifiée par le SENAI - Service National d'Apprentissage Industriel -, qui, en plus de promouvoir l'enseignement, a équipé des salles afin qu’elles puissent produire vêtements et accessoires.

 

Pour les sociétés partenaires, comme Enel, deuxième plus grand distributeur d’énergie du pays (10 % de toute l'énergie distribuée au Brésil), sa stratégie porte sur les prérogatives de l'Agenda 2030 de l'ONU, pour un développement durable.

 

« Il est nécessaire de promouvoir les initiatives d'économie circulaire pour une consommation plus responsable. Avec des collections comme celle-ci, qui visent à réutiliser les biens de consommation, il est possible de contribuer à la protection de l'environnement en réduisant, par exemple, la consommation d'eau qui serait nécessaire pour fabriquer de nouvelles pièces", commente Silmara Santos, coordinatrice du projet chez Enel Distribuição São Paulo.

 

Un mannequin habillé de la nouvelle collection à Paraisópolis
Un modèle pose dans la favéla de Paraisópolis / Vincent Bosson

L’impact de l’industrie du textile sur l’environnement

Une étude du Boston Consulting Group, intitulée « Pulse of the Fashion Industry », montre que d'ici 2030, l'industrie mondiale de l'habillement aura augmenté de 81 % pour atteindre plus 100 millions de tonnes de vêtements et d'accessoires, exerçant une pression considérable sur les ressources de la planète. Aussi, selon les spécialistes du secteur, la pollution liée à l’industrie du textile comprend différents types de dégradations. Si elle est la cinquième plus grosse émettrice de gaz à effet de serre, l’activité industrielle se place en seconde position par rapport à l’occupation des sols et en troisième place du classement mondial par rapport à sa consommation d’eau et de matière. 

 

Signe des temps, pour la saison printemps-été 2021, les grandes maisons de la mode se sont mises au surcyclage, comme Balenciaga qui a créé un manteau à moumoute en fourrure de lacets ou encore Marni avec ses manteaux en patchwork confectionnés à partir de vêtements usagés. Créateurs et marques brésiliennes suivent également la tendance, telle l’activiste et designer carioca Mirella Rodrigues qui a créé sa marque de vêtements écoresponsable Think Blue.  

 

Un mannequin habillé de la nouvelle collection à Paraisópolis
Un modèle pose avec des vêtements de la nouvelle collection à Paraisópolis / Vincent Bosson

Les chiffres-clés du textile au Brésil

Dans le paysage économique de la filière textile, le Brésil représente 2,4 % de la production mondiale de textiles et 2,6 % de la production mondiale de vêtements, selon l'ABIT - Association brésilienne de l'industrie textile et de l'habillement). Les données de 2019 indiquent que le chiffre d'affaires de la chaîne du textile et de l'habillement s'est élevé à 185,7 milliards de R$ (contre R$ 177 milliards R$ en 2018). Le secteur est le deuxième plus grand employeur de l’industrie manufacturière.

La particularité du Brésil tient au fait qu’il est le seul pays de l’Occident à disposer d’une chaîne de production complète dans le secteur du textile, depuis les plantations, jusqu’aux défilés de mode, en passant par les usines de transformation et de tissage, les fabricants de vêtements et la grande distribution.

 

Pour finir, comme le déclare Gilson Rodrigues, président du G10 Favelas : « Coudre des Rêves Brésil contribue à construire un Brésil meilleur, donnant de l'énergie à des femmes pour qu’elles puissent se transformer et coudre leurs rêves ».

 

Alors, s’habiller de manière chic et élégante dans les années à venir, serait-ce tisser de nouveaux liens avec l’environnement tout en prenant soin des gens ?

Un mannequin habillé de la nouvelle collection à Paraisópolis
Photo: Vincent Bosson

 

Un mannequin habillé de la nouvelle collection à Paraisópolis
Photo: Vincent Bosson

 

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