Édition internationale

Le combat solitaire de Guillaume Garreau pour retrouver son fils enlevé au Kazakhstan

Aux États-Unis, plus de 200.000 enlèvements parentaux sont recensés chaque année. Depuis plus d’un an, Guillaume Garreau, se bat pour retrouver son fils, enlevé par son ex-femme et emmené au Kazakhstan. Il a tout essayé. La justice, les ambassades, les réseaux sociaux. Face à l’inaction des autorités, il dénonce un système qui abandonne les pères et leurs enfants.

Guillaume Garreau et son fils Maximilien. Crédit : Guillaume Garreau.Guillaume Garreau et son fils Maximilien. Crédit : Guillaume Garreau.
Guillaume Garreau et son fils Maximilien. Crédit : Guillaume Garreau.
Écrit par Sherilyn Soekatma
Publié le 26 mai 2025

 

115.000 dollars. C’est le prix d’une séparation imposée, d’une absence déchirante et d’un combat qui n’en finit pas. Depuis que son fils, Maximilien, a été emmené au Kazakhstan par son ex-épouse, Guillaume Garreau, père franco-américain, vit un calvaire sans fin. Derrière ce chiffre, il y a des nuits sans sommeil, des factures qui s’accumulent, des procédures juridiques qui s’enlisent et l’attente d’un appel qui ne vient jamais.

 

« Deux jours avant le retour prévu, elle a coupé les ponts. J’ai compris qu’ils ne rentreraient pas. »

 

Une séparation, puis l’enlèvement : l’histoire de Guillaume Garreau

Il n’avait jamais imaginé devoir un jour se battre pour retrouver son fils. Guillaume Garreau est franco-américain, père et chercheur en intelligence artificielle. Voilà dix ans qu’il s’est installé aux États-Unis. En 2019, il rencontre sa femme d’origine kazakhe dans une soirée pour expatriés. Le couple se marie en 2020 et leur fils Maximilien naît l’année suivante, en 2021.

 

Maximilien a été enlevé et emmené par sa mère au Kazakhstan. Crédit : Guillaume Garreau.
Maximilien a été enlevé et emmené par sa mère au Kazakhstan. Crédit : Guillaume Garreau.

 

Mais très vite le mariage se détériore : « Je me suis rendu compte qu’elle avait des problèmes psychologiques. Elle était violente, mais uniquement contre moi », confie Guillaume Garreau. Selon lui, les conflits lui étaient insupportables et les tensions se sont rapidement transformées en violences : d’abord psychologiques puis physiques. « Ce n’était pas un environnement sain pour notre fils », dit-il. Guillaume prend une décision difficile, se séparer, dans l’espoir de garantir à son fils un environnement stable et sécurisé.

Du jour au lendemain, tout bascule. Lors d’un voyage au Kazakhstan autorisé par la justice, son ex-épouse, partie avec Maximilien, ne reprend jamais l’avion. « Deux jours avant le retour prévu, elle a coupé les ponts. J’ai compris qu’ils ne rentreraient pas », raconte Guillaume. Depuis, silence radio. Ce qui devait être une simple visite familiale s’est transformé en un enlèvement parental.

 

On parle d’enlèvement parental international lorsqu’un parent déplace ou retient illicitement un enfant dans un pays autre que celui de sa résidence habituelle, sans le consentement de l’autre parent ou en violation d’une décision judiciaire. Aux États-Unis, en vertu de l'International Parental Kidnapping Crime Act, l'enlèvement parental international est un crime passible de trois ans de prison. 

 

Avant leur départ, Maximilien avait été diagnostiqué autiste. Depuis l’enlèvement, Guillaume Garreau affirme que leur fils n’a reçu aucun soin : « Il est enfermé depuis un an dans un petit appartement, sans contact avec d’autres enfants, sans suivi éducatif, sans accompagnement ». Le plus révoltant : son ex-épouse, aujourd’hui citoyenne américaine, a officiellement renoncé à sa citoyenneté kazakhe. Si elle n’a aucun droit légal de rester dans le pays, les autorités kazakhes, elles, font semblant de regarder ailleurs.

 

Le Kazakhstan a adhéré à la Convention de La Haye de 1980 sur l’enlèvement international d’enfants, le 3 juin 2013. Cependant, il n’y a aucune relation conventionnelle entre les États-Unis et le Kazakhstan à ce jour. Tant que les deux pays n’auront pas établi un partenariat officiel conformément à l’article 38 de la Convention, les parents dont les enfants sont emmenés illicitement des États-Unis vers le Kazakhstan ne peuvent pas recourir à la Convention pour demander le retour de l’enfant ou faire valoir un droit de visite.

 

Enlèvement parental : quand la justice devient un luxe

Pour ce père, le cauchemar a commencé avec des dépenses considérables. Aux États-Unis comme au Kazakhstan, ce combat a un coût. Et il est astronomique. « Rien que là-bas [au Kazakhstan], j’ai dépensé plus de 50.000 dollars », confie-t-il. Si les avocats y sont moins chers qu’aux États-Unis, les sommes restent colossales. Chaque document à faire traduire, chaque courrier à envoyer, chaque audience sont une dépense en plus : « Chaque nouvelle facture que je reçois est une nouvelle dette que je repousse à plus tard »

Et l’absurde s’invite dans la douleur : Guillaume paie le prix fort aux impôts, faute de pouvoir déclarer son fils à charge : « Rien que l’année dernière, j’ai perdu 20.000 dollars à cause de cette situation ». Dans cette spirale de dettes, tout s’accumule : les frais annexes, les échéances, les déplacements… Une machine infernale dont il ne voit pas la sortie. Car dans ce combat, Guillaume est seul.

 

Comment aider Guillaume Garreau ? En suivant et partageant son histoire sur Facebook, Instagram et LinkedIn, ou en participant à la cagnotte de soutien.

 

« Ils pourraient le retrouver en une heure » : l’appel à l’action de Guillaume Garreau

Guillaume Garreau est convaincu que son fils pourrait être retrouvé rapidement si les autorités le voulaient : « Mon ex-femme est en contact constant avec son frère, aux États-Unis. Ils échangent des photos. Il suffirait de géolocaliser les clichés, ou d’accéder à son téléphone. En une heure, ils pourraient savoir où se trouve Maximilien ».

Exaspéré par la lenteur des procédures, il a adressé des lettres officielles à la Maison-Blanche, au président Donald Trump et au gouverneur de Californie. Il a contacté le département d’État, les ambassades, le FBI. En vain. « Je ne demande pas une opération militaire. Je veux juste une adresse. Une fois que je l’aurai, je pourrai le récupérer légalement avec un officier de justice kazakh », martèle t-il. Son espoir repose désormais sur la pression médiatique et l’aide du consulat kazakh à San Francisco.

 

Guillaume Garreau rencontrera le consulat kazakh à San Francisco, mardi 27 mai 2025. Il espère que les autorités entendront le cri d'un père en détresse. Crédit : Guillaume Garreau.
Guillaume Garreau rencontrera le consulat kazakh à San Francisco, mardi 27 mai 2025. Il espère que les autorités entendront le cri d'un père en détresse. Crédit : Guillaume Garreau.

 

L’espoir, comme seule lumière

Dans ce désert d’abandon institutionnel, Guillaume Garreau refuse de s’effondrer. Quand les gouvernements ne répondent pas, il alerte les médias. Quand la justice tarde, il mobilise les réseaux sociaux. Quand l’argent manque, il lance une cagnotte : « Tant que je ne peux pas voir mon fils, c'est le seul moyen de faire du bruit »
Il espère qu’un tweet, une caméra, une rencontre fera enfin basculer le silence. Il rêve d’un monde où l’on entendrait les pères et où l’on ne considérerait pas la douleur masculine comme moins légitime. Il rêve surtout d’un jour où il pourra enfin dire à Maximilien : « Papa est là ».

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