Pour sa cinquième édition, le plus grand festival de projections des États-Unis confirme une tendance désormais incontournable : la domination française sur l'art du mapping vidéo. Du 5 au 14 décembre 2025, les gratte-ciel du Financial District se parent de créations tricolores, révélant au monde entier le savoir-faire hexagonal dans ce domaine où la France règne en maître.


Une présence française renforcée en 2025
Sur les 19 artistes internationaux sélectionnés cette année pour illuminer huit bâtiments emblématiques, la délégation francophone s'impose avec quatre studios et artistes français de renom, auxquels s'ajoutent deux créateurs belges. Une présence qui ne doit rien au hasard : la France a façonné cet art particulier où patrimoine architectural et innovation technologique se rencontrent.
"Lyon reste historiquement un berceau dans ces domaines comme aussi le cinéma, la photographie... On retrouve des artistes français partout dans le monde", souligne Paul Lecomte, compositeur lyonnais qui signe cette année la musique de "Winter Solstice". Des cathédrales de Lyon aux châteaux de la Loire, cette expertise française s'exporte désormais sur les buildings californiens, confirmant l'attractivité mondiale du savoir-faire tricolore.
Les créateurs français de l'édition 2025
Les Ateliers BK : l'excellence parisienne multipliée
Studio de design numérique fondé en 2012, Les Ateliers BK rayonne depuis Paris, Lyon, Shanghai et Dubaï. Leur équipe pluridisciplinaire – illustrateurs, animateurs, artistes 3D, musiciens et ingénieurs – partage une passion commune : créer des expériences culturelles innovantes en transformant les espaces publics en spectacles animés captivants.
Pour Let's Glow SF 2025, Les Ateliers BK présentent "Bay of Light" en collaboration avec A3 Visual. Cette création verticale de trois minutes invite les visiteurs du quartier d'East Cut à un voyage poétique à travers l'histoire méconnue du littoral de San Francisco. Le récit visuel explore en quatre parties distinctes la transformation remarquable qui a façonné la région, sublimant le patrimoine côtier de la ville tout en célébrant la modernité du quartier.
Bruno Ribeiro : le réalisateur du réel magique
Artiste et directeur créatif, Bruno Ribeiro défend une vision de la création contemporaine où s'entrecroisent hybridité et pluralité. À travers installations immersives, projections monumentales, scénographies et expériences numériques, il combine mise en scène et tension narrative avec un éventail de technologies : mapping, light design, technologies interactives et intelligence artificielle.
Animé par une quête de réalisme magique, il introduit des éléments poétiques et irrationnels dans le quotidien, explorant la friction entre humain et machine, contrôle et accident. Ses œuvres, à la fois spectaculaires et conceptuelles, sont présentées dans des galeries d'art, arenas, espaces monumentaux et sites patrimoniaux.
Pour San Francisco, Bruno Ribeiro s'inspire de la célèbre boutade attribuée à Mark Twain : "L'hiver le plus froid que j'aie jamais passé fut un été à San Francisco". Son show de mapping "The coldest winter I ever spent was a summer in San Francisco" se déploie comme un voyage surréaliste à travers la ville, où les images d'archives des lieux les plus iconiques – des Painted Ladies au Golden Gate Bridge – sont réimaginées en un pays des merveilles hivernal onirique. Chaque scène mélange mémoire historique et beauté fantastique enneigée, invitant le public dans une réinterprétation magique des monuments à travers lumière, neige et imagination.
Leslie Epsztein : la virtuose du solstice, fidèle au rendez-vous
De retour pour une nouvelle participation après son succès de 2024, Leslie Epsztein s'est imposée comme une figure incontournable du festival. Née à Bordeaux, cette designer graphique spécialisée en projection lumière a forgé son expertise à l'ECV Paris avant de collaborer pendant cinq ans avec le peintre vidéo Xavier de Richemont sur des projets internationaux.
Depuis 2015, elle développe ses propres créations, travaillant pour "Chartres en Lumières" et la Fête des Lumières de Lyon. Son œuvre "Voyage", co-réalisée avec Camille Gross en 2016 à la Gare St Paul de Lyon, a voyagé jusqu'à Quito en Équateur et Londres au festival Lumière. Avec un parcours mêlant dessin, cinéma et design graphique, elle combine approches picturales et très graphiques, accordant une attention particulière au rythme narratif et musical de ses projets.
Pour 2025, Leslie Epsztein présente "Winter Solstice", une exploration des jours les plus courts et des nuits les plus longues de l'année. Inspirée par les éléments cosmiques, la pièce transmet les sensations contrastées associées à l'hiver et à la fin d'année : calme, excitation, nostalgie et contemplation. Lune et Soleil ponctuent l'évocation du temps et de l'espace à l'aide d'anciennes cartes célestes et de dessins, tandis que les flocons de neige servent de métaphore graphique aux étoiles. La palette de couleurs reflète les nuances de la saison, évoquant la lumière froide de l'hiver, la chaleur des moments festifs et les contrastes profonds entre nuit et jour. L'œuvre établit une connexion entre les vastes événements célestes qui nous entourent et les émotions intimes de cette saison.
La composition musicale est signée Paul Lecomte, compositeur lyonnais qui collabore depuis trois ans avec Leslie Epsztein sur divers projets. Cette création électro-orchestrale originale de 3 minutes 50 sera disponible sur Spotify et toutes les plateformes de streaming dès la représentation.
Spectre Lab : le studio parisien fait son retour
Après leur participation remarquée en 2023, Spectre Lab revient illuminer San Francisco. Ce studio créatif spécialisé en vidéo immersive, videomapping, animation 3D et expérience interactive maîtrise tous les aspects d'un projet, du concept à la scénographie, en passant par les définitions techniques et les projections grand format.
Fondé en 2014, Spectre Lab a travaillé sur des projets d'envergure : défilés de mode pour Balmain et Louis Vuitton, projections sur l'Arc de Triomphe (2015 et 2019), la Colonne Vendôme en 2016, le show Japonismes sur la Tour Eiffel en 2018, ou encore "Chroma" pour le 800e anniversaire de la cathédrale d'Amiens. Le studio s'est également spécialisé dans les environnements immersifs, créant des contenus pour l'Atelier des Lumières à Paris et les espaces immersifs Culturespaces en France et à l'étranger.
Pour cette édition 2025, Spectre Lab dévoile "Givrés! – Frosty Minds & Icy Worlds", une exploration du thème de l'hiver – neige, glace et froid – à travers un prisme délibérément humoristique et ludique. Chaque scène invite le spectateur dans un univers onirique où le givre devient matière à invention. Le spectacle joue activement avec les effets de relief et les illusions volumétriques, faisant parfois jaillir les images hors de la surface pour surprendre le public. Avec chaleur et esprit, "Givrés!" est une plongée dans un hiver réinventé, quelque part entre conte visuel, pixel art et descente incontrôlable.
La touche belge : Dirty Monitor et Glitch
La présence francophone se renforce également avec deux artistes belges qui enrichissent la programmation. Dirty Monitor et Glitch apportent la sensibilité de la scène belge du mapping vidéo, complétant ainsi cette représentation européenne de l'excellence francophone dans le domaine des projections monumentales.
Une tradition d'excellence française à Let's Glow SF
Cette forte présence française en 2025 s'inscrit dans une continuité. L'an dernier, en 2024, le festival accueillait déjà plusieurs artistes français de renom : Yann Nguema avec "Lightscape", Jérémie Bellot et son "Spirals of Lights", Leslie Epsztein avec "Sense(s) by the Bay", le Studio DAAO de Jérémie Bellot et Anne-Sophie Acomat avec "Nexus Dream", ainsi que Spectre Lab qui présentait "Celebrating Lights". Le collectif montréalais Float 4 et le studio belge Dirty Monitor complétaient déjà cette délégation francophone.
La récurrence de ces artistes et l'arrivée de nouveaux talents comme Les Ateliers BK et Bruno Ribeiro témoignent de la reconnaissance internationale du savoir-faire français. Des artistes comme Yann Nguema ou Jérémie Bellot ont d'ailleurs participé à plusieurs éditions, créant une véritable tradition française au sein du festival californien.
Paul Lecomte, compositeur français au Let's Glow Festival à San Francisco
Pourquoi la France domine-t-elle cet art ?
Cette suprématie française dans le mapping vidéo s'explique par plusieurs facteurs. La Fête des Lumières de Lyon, considérée comme la référence mondiale du genre, a créé un écosystème unique où les artistes peuvent expérimenter et se perfectionner sur des monuments d'exception. Le patrimoine architectural français, particulièrement riche et varié, offre également un terrain d'entraînement idéal pour ces créateurs.
La formation française en arts numériques, design et architecture produit des artistes capables de fusionner technologie de pointe et sensibilité artistique. Cette double compétence – technique et créative – fait la différence sur la scène internationale.
Comme le soulignait Paul Lecomte, compositeur de la musique de "Winter Solstice" : "Lyon reste historiquement un berceau dans ces domaines comme aussi le cinéma, la photographie... On retrouve des artistes français partout dans le monde." Cette "French Touch" du mapping vidéo rayonne de San Francisco à Dubaï, de la Chine au Japon, confirmant le statut de la France comme nation phare de cet art contemporain.
Un festival en pleine expansion
Pour cette cinquième édition, Let's Glow SF prend une ampleur inédite avec huit bâtiments illuminés. Le festival attire désormais plus de 87 000 visiteurs sur dix nuits, affirmant son statut d'événement phare des fêtes de fin d'année à San Francisco.
L'édition 2025 propose également des activations supplémentaires : six sculptures de pissenlits géants de 28 pieds de haut créées par Liquid PXL à Mechanics Monument Plaza, et six icebergs lumineux interactifs construits par LeMonde Studio qui s'illuminent au contact humain et diffusent les sons du San Francisco Gay Men's Chorus.
Une soirée d'ouverture festive
Le vendredi 5 décembre à 18h00, le "Countdown to Glow" lancera officiellement les festivités à Harry Bridges Plaza devant le Ferry Building. Les spectateurs pourront profiter de performances spéciales présentées par Gap Inc., de chocolat chaud gratuit (dans la limite des stocks disponibles), avant que les officiels de la ville n'actionnent symboliquement "l'interrupteur" à 19h00.
La soirée se prolonge avec "After Glow", une célébration gratuite d'une nuit à Ferry Building South Plaza de 17h00 à 20h00, proposant musique festive, boissons chaudes offertes par les commerçants locaux et une silent disco. L'occasion idéale de célébrer avant ou après avoir admiré les huit monuments illuminés du centre-ville.
Informations pratiques
Dates : 5-14 décembre 2025
Horaires : 17h30-22h00 chaque soir
Ouverture officielle : Vendredi 5 décembre à 19h00
Accès : Gratuit
Lieux et Artistes : Bâtiments du Financial District ( visionner la carte)
- Ferry Building - Dirty Monitor 🇧🇪 - Jeff Dobrow 🇱🇷 - The Fox, The Folks 🇮🇩
- East Cut Electric - Les Ateliers BK 🇫🇷 - Bruno Ribiero 🇫🇷
- 101 California St - Leslie Epsztein 🇫🇷 - Filip Roca 🇪🇸
- Mechanics Monument Plaza - Sculture by Liquid PXL
- Yerba Buena Lane - Ben Stokes 🇱🇷 - Emmett Feldman 🇱🇷
- Hobart Building - Spectre Lab 🇫🇷 - Julia Shamsheieva 🇺🇦 - Maxin10sity 🇭🇺
- Pacific Exchange - Glitch 🇧🇪 - Adobe 🇱🇷 -
- Transamerica Pyramid Center
- Salesforce Tower - George Berlin 🇱🇷
Organisation : Downtown SF Partnership en collaboration avec A3 Visual
Sponsors principaux : Amazon (présentateur), JPMorganChase, Gap Inc., Panasonic, Zoox
Parking : ACE Parking propose un tarif forfaitaire de 20$ pendant les heures du festival (17h30-22h00) dans plusieurs garages du centre-ville.
Pour les francophones de la Bay Area, cette édition 2025 de Let's Glow SF représente bien plus qu'un festival lumineux : c'est une célébration éclatante de l'excellence française dans un art où l'Hexagone fait figure de référence mondiale. Une fierté tricolore qui illumine les gratte-ciel californiens et rappelle que, parfois, les plus belles histoires américaines s'écrivent avec un accent français.
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