Friendsgiving : comment les jeunes célèbrent Thanksgiving sans protocole

Une tradition née de la distance

Le concept est simple : célébrer Thanksgiving avec ses amis plutôt qu'avec sa famille. Mais pourquoi cette pratique a-t-elle autant gagné en popularité ? La réponse tient en grande partie à la mobilité géographique croissante des jeunes générations. Entre les études loin de la maison familiale, les premiers emplois dans des villes éloignées et le coût prohibitif des voyages pendant les vacances, ainsi que l'affluence dans les aéroports, nombreux sont ceux qui ne peuvent – ou ne souhaitent – pas rentrer "à la maison" pour Thanksgiving.

Pour les expatriés français installés dans la région, le Friendsgiving offre une opportunité unique de s'immerger dans une tradition américaine sans la pression formelle d'un dîner de Thanksgiving classique. C'est souvent leur première véritable expérience de cette fête si chère au cœur des Américains.

 

Quand organise-t-on un Friendsgiving ?

Contrairement à Thanksgiving, qui tombe toujours le quatrième jeudi de novembre, le Friendsgiving se veut flexible. La plupart des jeunes l'organisent le week-end précédant Thanksgiving – soit cette année les 23 ou 24 novembre. Certains préfèrent le week-end suivant, une fois revenus de leurs obligations familiales.

Cette souplesse est précisément ce qui fait le charme du Friendsgiving : pas de date imposée, pas de protocole strict. On choisit le moment qui arrange tout le monde, généralement un vendredi ou samedi soir pour pouvoir prolonger la soirée sans se soucier du lendemain.

 

Un format à géométrie variable

 

 

Si le Thanksgiving traditionnel suit un rituel bien établi – dinde, purée de patates douces, sauce aux canneberges –, le Friendsgiving se réinvente selon les envies du groupe. Plusieurs formats coexistent :

Le potluck collaboratif
C'est le format le plus répandu. Chacun apporte un plat, ce qui permet de partager les coûts et les efforts. L'hôte se charge généralement de la pièce maîtresse – souvent une dinde, mais pas toujours – tandis que les invités arrivent avec des accompagnements, des desserts ou des boissons. Un tableau partagé en ligne (Google Sheets ou une simple conversation de groupe) permet de coordonner qui apporte quoi.

Le festin non-traditionnel
Beaucoup de jeunes profitent de cette liberté pour sortir des sentiers battus. Exit la dinde, place aux lasagnes géantes, aux tacos bar, aux sushis faits maison ou même aux pizzas artisanales. Pour certains groupes d'amis, c'est l'occasion d'explorer des cuisines du monde entier – un Friendsgiving méditerranéen ou asiatique n'a rien d'inhabituel.

Le brunch du dimanche
Pourquoi limiter la fête au dîner ? Certains optent pour un brunch dominical, avec pancakes à la citrouille, casseroles d'œufs et, bien sûr, du mimosa à volonté. Plus décontracté qu'un dîner formel, ce format séduit ceux qui veulent profiter ensemble sans y passer toute la journée.

Le Friendsgiving thématique
Les plus créatifs ajoutent un thème à leur célébration : années 90, comfort food, cuisine végétarienne, ou même un "Thanksgiving du monde" où chacun apporte un plat de son pays d'origine. Pour les Français présents, c'est l'occasion rêvée de faire découvrir un gratin dauphinois ou une tarte tatin aux côtés de la traditionnelle pumpkin pie.

 

L'esprit avant tout

 

 

Au-delà du format choisi, ce qui définit vraiment le Friendsgiving, c'est son atmosphère décontractée. Pas de table parfaitement dressée avec des couverts en argent, pas de stress pour impressionner belle-maman. On mange souvent dans des assiettes dépareillées, assis sur le canapé ou même par terre, dans une ambiance chaleureuse et sans chichi.

Les traditions varient selon les groupes : certains maintiennent le rituel du "tour de table de la gratitude" où chacun partage ce pour quoi il est reconnaissant, d'autres préfèrent des jeux de société, un marathon de films ou simplement de longues conversations. L'alcool coule généralement plus librement que lors d'un dîner familial, et la soirée se prolonge souvent tard dans la nuit.

 

Une évolution des liens sociaux

Le succès du Friendsgiving reflète un changement plus profond dans la façon dont les jeunes générations conçoivent la famille. Dans une société où l'on change fréquemment de ville, où les familles sont parfois dysfonctionnelles ou géographiquement dispersées, les amis deviennent la famille que l'on choisit.

Pour beaucoup de jeunes actifs, les amis proches sont ceux qui sont présents au quotidien, qui partagent les joies et les difficultés, qui forment une véritable communauté de soutien. Le Friendsgiving officialise cette réalité en lui donnant son propre espace dans le calendrier des fêtes.

 

Conseils pour organiser votre premier Friendsgiving

Communiquez tôt
Lancez les invitations au moins deux à trois semaines à l'avance. Novembre est un mois chargé, et vos amis ont probablement déjà des plans familiaux.

Restez simple
Pas besoin de reproduire le festin de Martha Stewart. Un rôti de poulet peut tout à fait remplacer la dinde de 7 kilos. L'important est d'être ensemble.

Incluez tout le monde
Pensez aux restrictions alimentaires de vos invités. Avoir au moins quelques options végétariennes ou sans gluten montre que vous vous souciez de chacun.

Créez une playlist
La musique contribue énormément à l'ambiance. Créez une playlist collaborative où chacun peut ajouter ses morceaux préférés.

Oubliez la perfection
Si un plat brûle ou arrive en retard, riez-en. Les meilleurs souvenirs naissent souvent des imprévus.

Que vous soyez expatrié français découvrant cette tradition américaine ou simplement curieux d'expérimenter une nouvelle façon de célébrer, le Friendsgiving offre une belle opportunité de créer des souvenirs chaleureux sans la pression des conventions. Après tout, dans un pays où l'on dit volontiers "friends are the family you choose", quoi de plus naturel que de leur dédier leur propre fête ?