Paolo Portoghesi : « Sguardo, parole, fotografie »

Paolo Portoghesi a laissé un héritage indéniable dans l'histoire de l'architecture occidentale et internationale. L'Accademia Nazionale di San Luca dédie à l’architecte l’exposition « Sguardo, parole, fotografie », jusqu’au 4 novembre 2023.

L'Accademia Nazionale di San Luca entame une réflexion sur l'héritage de Paolo Portoghesi (1931-2023), figure majeure de la culture architecturale internationale.
L’exposition prend pour point d’ancrage un travail qui caractérisera et traversera la vie de l’architecte italien, son ouvrage passionné et intense, consacré à Francesco Borromini, achevé à l’âge de seize ans. Le titre de l’exposition est inspiré de ce texte brillant, une première et mémorable critique sur Francesco Borromini, l'architecture et la cité baroque, combiné à de formidables photographies d’étude. Car en plus d’être architecte, Paolo Portoghesi, était aussi un critique historique saisissant.
Il a publié son premier livre consacré à Guarino Guarini en 1956, avant d'obtenir son diplôme d'architecte, continuant depuis lors à étudier l'histoire de l'architecture comme un outil fondamental pour juger le présent et construire l'avenir.

Entre autres édifices, il a photographié les œuvres de l’architecte Francesco Borromini telles que l’église Saint-Charles-des-Quatre-Fontaines, située dans le quartier Monti de Rome et considérée comme un chef-d’œuvre de l’architecture baroque.

Paolo Portoghesi : les mots, les images comme présence de notre « invisible »

La sélection de l’immense archive de photographies de studio prises par Paolo Portoghesi, à partir du milieu des années 1960 sont réalisées rigoureusement en noir et blanc et au format 6x6. Les photographies entraînent le visiteur à travers les bâtiments incontournables de la città romaine : la chiesa di Sant'Ivo alla Sapienza, la Basilica di San Giovanni in Laterano, la Casa dei Filippini, il Palazzo Falconieri…

Portoghesi abandonne le caractère statique de la prise de vue avec un trépied, il ‘‘grimpe sur les monuments’’ offrant des images et des points de vus, jusqu'alors inconnus. Dans l’objectif de s’approcher de la pensée de Borromini, il préfère les contrastes de clair-obscur, les ombres, il adopte la richesse spatiale baroque et donne force aux photos grâce aux clichés pris de bas vers le haut et vice versa. Les mots et les images se mêlent, une recherche photographique "révolutionnaire" pour l’époque de Portoghesi.

Les photographies ne sont jamais neutres, les yeux du photographe tendent à exprimer un voyage intérieur, une volonté de montrer ce que le ‘‘soi’’ perçoit de ses propres yeux, en révélant des sentiments les plus profonds et une certaine perception de la vie et ce qui nous entoure.

Le « selfie » de Paolo Portoghesi — photographie phare de l’exposition

Un écrit passionné d’adolescent (Paolo Portoghesi : di Francesco Borromini), des photographies mémorables, déchiffrées et commentées… L’exposition stimule la curiosité la sensibilité et la réflexion du visiteur.

 

Francesco Borromini et Gian Lorenzo Bernini, une ‘‘bataille’’ architecturale unique dans la Rome du XVIIe siècle.

Une rivalité sans fin, opposait Francesco Borromini et Gian Lorenzo Bernini.
Deux styles, deux personnalités, deux visions de l’art antagonistes, une ‘‘bataille’’ architecturale unique dans la Rome du XVIIe siècle.
Gian Lorenzo Bernini, ‘le Bernin', architecte napolitain mais avant tout sculpteur était connu pour son style classique, élégant, au point d’être surnommé le second Michel-Ange. Nombre de ses magnifiques sculptures sont exposées à la Villa Borghese, à Rome, telles que Apollon et Daphné, Le viol de Proserpine, David…
De l’autre côté, Francesco Borromini se distinguait par son style baroque, exubérant et illustrant la décadence de la Renaissance italienne.

Ce sont pourtant deux génies de l’art et de l’architecture, aux chefs-d’œuvre multiples, comme l’église de Sant’Ivo alla Sapienza de Borromini et la Fontana dei Quattro Fiumi, Plazza Navona de Bernini.

Lana BLANC