C’était le feuilleton de l’été dernier : l’Amazonie en feu. Cette année – Coronavirus oblige – les incendies de la forêt amazonienne ont été relégués aux seconds plans, pourtant, l’état du poumon de la planète ne fait que s’aggraver.
Été 2019, les images avaient fait le tour du monde. Messages et photos du « poumon de la planète » en feu avaient fleuri sur les réseaux sociaux en signe de protestation et de colère contre les responsables de la catastrophe, notamment contre le gouvernement brésilien. L’incendie avait suscité une vague d’émotion mondiale, et avait poussé certains dirigeants à réagir. Emmanuel Macron avait d’ailleurs interpellé le président brésilien, Jair Bolsonaro, dans un tweet, évoquant « une crise internationale ». Un an après, rien n’a vraiment changé, au contraire. S’il n’a pas éteint les flammes qui ravagent la forêt amazonienne, le Coronavirus a bel et bien étouffé l’information : l’incendie est toujours d’actualité, et il est bien plus grave que l’été dernier.
Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon pic.twitter.com/Og2SHvpR1P
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 22, 2019
Le Brésil au cœur du problème
Si le phénomène a particulièrement été médiatisé l’année dernière, il paraît nécessaire de rappeler que cette forêt brûle tous les ans à la même période. Une pratique qui fait suite à la déforestation et qui permet de rendre la terre cultivable. Elle est d’ailleurs régulièrement utilisée par les populations locales, comme les Amérindiens. Seulement cette pratique a pris une ampleur incommensurable depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. À la tête du pays depuis le 1er janvier 2019, la politique qu’il a mise en place a porté à 90% le taux de départs de feux illégaux. Le gouvernement de Bolsonaro serait responsable de la destruction de plus de 20000 km2 de l’Amazonie.
Le cri d’alerte des ONG
Si la jungle amazonienne s’étend sur un ensemble de neuf pays, c’est le Brésil qui en possède la plus grande partie (63%). Publiées le 7 août dernier, les données officielles récoltées par des ONG comme Greenpeace ou la World Wide Fund for Nature (WWF) sont criantes. Plus de 10000 incendies ont été repérés sur la seule première semaine d’août, paradoxal pour la zone reconnue comme étant la plus humide sur Terre. L’institut de recherche environnementale pour l’Amazonie a également fait état d’une augmentation de la déforestation de 34% au cours des douze derniers mois, et cela, pour la deuxième année consécutive. Le déboisement, action qui précède l’allumage des feux, a, lui, connu une hausse d’environ 100% par rapport à l’année précédente.
Les décisions du gouvernement de Bolsonaro ont donc fait doubler le rythme de la déforestation. Pourtant, du côté du dirigeant d’extrême-droite, on continue de nier. « Cette histoire, selon laquelle l’Amazonie est en train de brûler, est un mensonge et nous devons la combattre avec les vrais chiffres » a-t-il assuré. Plus provocateur encore, il ajoute, « ils ne trouveront pas un seul foyer d’incendie, pas un seul hectare de déforestation ». Une politique de désinformation tout aussi dangereuse que celle de la déforestation.
La criminalité a pris le contrôle de l’Amazonie, encouragée par le gouvernement Bolsonaro lui-même
Élu courant 2018 mais officiellement en poste depuis le début de l’année 2019, il reste un peu plus de deux ans à Jair Bolsonaro pour investir son mandat présidentiel. De mauvaise augure pour le poumon de la planète. D’autant plus que, selon un sondage de l’institut Datafolha, la cote de popularité du chef d’état n’a jamais été aussi élevée, son taux d’opinions favorables atteignant les 37%. Des données qui inquiètent Brenda Brito, chercheuse de l’institut Imazon, engagée dans la conservation des ressources naturelles de l’Amazonie, « Il sera difficile de contenir la déforestation si le gouvernement maintient son intention de modifier la législation foncière pour légaliser les zones déboisées et illégalement envahies ».
Pour l’ensemble des organismes unis pour la protection de la forêt, Bolsonaro reste le premier responsable de la catastrophe. « La criminalité a pris le contrôle de l’Amazonie, encouragée par le gouvernement Bolsonaro lui-même » appuie Marcio Astrini, secrétaire exécutif de l’Observatoire Climat. Chez Greenpeace Brésil, même son de cloche pour la coordinatrice des politiques publiques, Mariana Mota. « En ignorant l’importance de la conservation de nos richesses naturelles, le gouvernement impacte négativement les Brésiliens, l’économie du pays et le climat mondial ».