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Bilan culturel No26 du mois de septembre 2022 à Perth et sa région

Nadia HernandezNadia Hernandez
Nadia Hernandez
Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 4 octobre 2022, mis à jour le 5 octobre 2022

Ceci est mon dernier bilan culturel. Eh oui, je passe la main qui voudra bien reprendre. N’oubliez pas Perth est loin d’être le désert culturel que certain prétende. En voici encore une fois la preuve.

 

Droving into the light by Hans Heysen

Dis/Possession à l’Art Gallery of Western Australia

Une exposition qui vous permettra de parcourir le siècle et demi qui vient de s’écouler, d’en découvrir l’Australie, son identité à travers les yeux de ceux qui y vivaient. Certains d’origines européennes, d’autres natifs, colons ou colonisés, têtes d’affiches ou artistes peu connus, ils se retrouvent sur les murs de l’art galerie pour nous faire partager leur passion pour leur pays.

Outre l’aspect historique, les différences de styles artistiques, vous verrez de très belles œuvres d’art et notamment le célèbre tableau « Droving into the light» de Hans Heysen dont la lumière n’est pas légendaire et mérite de s’en approcher afin d’en mesurer l’exceptionnelle beauté .

 

Telephone

Telephone à PICA

Une représentation dynamique parfaitement chorégraphiée où se mélangent des moments de narrations issues d’appels de télémarketing et répondeurs téléphoniques avec les brides de vies d’une fratrie d’adolescents, tout cela rythmé par un son et lumière éblouissant, très rock, très à propos et plein d’humour.

Le fil conducteur est cette fratrie qui bien avant le «dark web » essaye de rentrer en contact avec la face cachée du téléphone (pas portable) via un code chanté à capella. Leur progression est ponctué d’appels téléphoniques, bien sûr, contrôle fiscal, ruptures et autres bribes de conversations.

Nous sommes plongés dans les années bakélite où la modernité se trouvait dans la version à touches du téléphone, la vie de tous les jours et les communications ont bien changé depuis. Notre monde analogique est devenu numérique ; nos expériences physiques ont été remplacées par leurs représentations virtuelles.

Un brin de nostalgie mais surtout beaucoup d’humour dans un texte d’une précision affutées; les dialogues si vifs, agiles et astucieux qui épinglent les absurdités de notre quotidien.

La fratrie composée de Tim Watts, Arielle Gray, Jeffrey Jay Fowler, Grace Chow et Courtney Henri ne fait aucun faux pas, ils sont tous à l’unisson pour une performance d'ensemble mémorable, audacieuse et unique en son genre pour notre plaisir à tous.

 

 

Out of bounds

Out of Bound et To companion a companion à PICA

Le Covid est toujours là, présent à l’esprit de beaucoup et cette exposition est une réponse pleine d'humour, de poésie et de légèreté à la morosité pandémique.

Nous découvrons comment chaque artiste face à la fermeture des frontières et restrictions de déplacement ont trouvé l'inspiration, et se sont concentré davantage sur leur environnement immédiat essayant de donner un sens au monde qui les entoure et de l'exprimer dans leur travail créatif.

"What's In" Store de Pip Lewi est un clin d’œil à nos habitudes de consommations, elle met en scène une brillante collection d’images grossièrement dessinées dans les rayons des supermarchés représentant des produits étrangement abandonnés. C’est fou ce que l’on peut voir quand on prend le temps d’observer, images amusantes et commentaire ironique sur la psyché humaine. Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à déplacer des articles dans le magasin.

Tom Blake propose des œuvres d'une simplicité étonnante sous forme de cyanotypes et de miroirs gravés et désargentés en utilisant la lumière et les reflets pour produire des images magnifiquement épurées qui suggèrent à la fois l’empreinte de l’homme, le temps et l’espace sans limites.

Imogen Kotsoglo, coincée en Grande Bretagne, c’est tournée vers la nature et les plantes natives qu’elles avaient encore bien présente à l’esprit car chère à son cœur.

Bien d’autres œuvres à découvrir et surtout prenez le temps d’en découvrir l’histoire.

A l’étage, c’est Fernando do Campo qui propose un large éventail de réalisations, des textiles, des costumes, des peintures, des vidéos, des typographies et des documents d'archives, en mettant l'accent sur le potentiel de communication entre nos espèces.

L'artiste argentino-australien explore la relation entre les humains et les oiseaux. Le kookaburra n’existe pas en Australie occidentale avant la colonisation. Cet oiseau fut un instrument fédérateur, un symbole de l’unité de la nouvelle Australie. Cela rappelle aussi l’impact que nous pouvons avoir sur l’environnement.

 

Fires in the mirror

Fires in the mirror au State theatre underground

Cette pièce est tirée des interviews qui ont suivis les émeutes de Crown Heights suite au décès accidentel d’un jeune garçon noir Gavin Cato en 1991.

C'est au crépuscule du 19 août 1991qu'une voiture conduite par un juif hassidique Chabad grille un feu et se retrouve sur un trottoir à Crown Heights, Brooklyn. Un garçon noir de 7 ans a été tué, son cousin a été blessé. Quelques heures plus tard, une vingtaine d'hommes noirs ont attaqué un doctorant juif australien de 29 ans. Ils l'ont poignardé et battu, lui fracturant le crâne. Il meurt peu après. Quatre jours et trois nuits d'émeutes raciales et d'affrontements avec la police ont suivi.

Chacun a son interprétation de ce malheureux évènement.

Anna Deavere Smith, auteur de la pièce, explore comment et pourquoi ces personnes ont signalé leur identité, comment elles ont perçu et répondu aux personnes différentes d'elles, et comment les barrières entre les groupes peuvent être franchies même s’ils vivent au même endroit.

Le titre de la pièce suggère une réflexion où les passions et les feux d'un moment spécifique peuvent être examinés sous un nouvel angle, contemplés et mieux compris. Trente ans après cela reste d’actualité, plus que jamais, serais-je tentée de dire.

Un grand nombres de personnages défilent et les étudiants de WAAPA, endosse avec brio plusieurs costumes et personnages. On plonge alors dans l’intimité de chacun et découvrons l’humanité en chacun d’eux, ceci ne justifie pas cela mais au moins aide à comprendre.

 

Kevin Robertson

Kevin Robertson à Lawrence Wilson Art Gallery

Cette exposition rétrospective retrace le développement artistique de l'artiste Kevin Robertson, originaire d'Australie occidentale, du milieu des années 1980 à aujourd'hui. Robertson a commencé sa carrière au milieu d'un regain d'intérêt pour la peinture et, plus particulièrement, pour la peinture figurative, à Perth et dans le monde. Dans les années 1980, l'artiste a fait partie d'un groupe local connu sous le nom de "Oddfellows" qui travaillait dans la tradition du réalisme narratif, dans le contexte de la postmodernité et de son éventail éclectique de possibilités. Au cours de ces quarante années, la pratique de la peinture de Robertson n'a cessé d'évoluer, utilisant les aspects traditionnels du métier, tout en contemplant les limites de la représentation et en proposant de nouvelles façons de visualiser le monde dans tout son mystère. C'est une occasion unique de decouvrir le travail de cet artiste.

 

Jon Campbell

Speech Pattern à l’art gallery of Western Australia

Une exposition très colorée qui réunit deux artistes contemporains Nadia Hernández et Jon Campbell. Ils mobilisent de manière critique et expressive les rythmes, les harmonies et les dissonances du langage, de l'abstraction, du modernisme et du vernaculaire.

Nadia est née au Venezuela et Jon en Irlande du Nord, tantôt cyniques et révoltés tantôt nostalgiques et bienveillants, ces œuvres sont l’expression de deux cultures et générations différentes faisant face au déracinement. Elles partagent néanmoins une passion pour la mise ne scène et jouent entre l'espace positif et négatif avec beaucoup de poésie et d’humour. Cette exposition ne vous laissera pas indiffèrent.

 

Art à Holmes, Court gallery

Art à Holmes, la Court gallery

Trois amis de longue date suivent des parcours très différents, mais une amitié sincère les unis jusqu’au jour où l’un d’eux achète pour une somme astronomique un tableau. Ce dernier, un monochrome blanc va soulever la controverse et relever certains aspects de la personnalité de chacun.

Une pièce haute en couleur, des dialogues bien trempés, un débat d’idées qui touchera tous les amateurs d’art et une mise en scène très habile, voilà ce que cette pièce de théâtre vous réserve.

La scène est située, fort à propos dans une gallérie d’art de West Perth, nous avons pu en attendant le début de la pièce admirer une série de peintures aborigènes de la région du Fitzroy Crossing et pendant la pièce profiter d’une atmosphère intimiste. Un joueur de clarinette accompagne les acteurs en marquant d’un petit refrain les transitions ainsi que des parenthèses où l’action est suspendu pour laisser place aux considérations personnelles de chacun des participants.

Hors des circuit traditionnel cette pièce est superbe, tout était parfait.

 

Coalesce at the Goods shed

Coalesce au Goods shed

En résonance avec les Open studios à Margaret river, le Goods shed ouvre ses portes aux artistes qui vous ont peut être accueilli il y a cela quelques semaines. A découvrir ou redécouvrir, ces artistes vous proposent des œuvres variées, toutes issues d’une passion pour la nature et ses éléments. Arrêtez vous à la gare de Claremont, c’est juste à côté.

 

Angry underwear

A gentle misinterpretation et Pop porn au Fremantle Arts center

Vous le saviez déjà, "Chinoiserie" est un terme « piqué » aux français, signifie l'appropriation occidentale de l'esthétique asiatique, a brièvement représenté le summum de la mode pour l'aristocratie européenne au début du XVIIIe siècle, avant de tomber en désuétude et d'être qualifiée d'efféminée, d'immorale et de transgressive.

Aujourd'hui, ce style reste une sorte de plaisir coupable, en raison de son charme esthétique indéniable, mais aussi de son appropriation très problématique et kitsch de la culture asiatique. Certaines pièces vous sembleront familières et d’autres plus surprenantes. Vous découvrirez un morceau d’histoire souvent méconnu.

Ne ratez pas l’autre exposition Pop Porn et ses "Angry underwears", ceux-ci ne sont pas nouveaux mais toujours d’actualité. L’artiste, Tania Ferrier, les avait conçu à la fin des années 80 suite à l’agression d’une des danseuses dans un club de striptease de New York où elle travaillait comme serveuse. Pour cette exposition, elle a aussi réalisé toute une série de collages comportant des morceaux de corps découpées dans des magazines Play boy.

Elle nous interroge par ce biais sur l’image de la femme souvent présentée comme objet sexuel et renvoie cette image de façon grotesque.

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