De nouvelles données confirment les craintes des autorités chinoises quant à la chute drastique des naissances dans le pays, ceci malgré de nombreuses mesures destinées à l’encourager. Sans surprise, les premières impactées sont les écoles.
Les régions rurales les plus touchées
Le 11 juin dernier le Ministère de l’Education chinois a publié le Bulletin National des Statistiques sur le Développement de l’Education, pour l’année 2024. Il reflète la réalité démographique du pays avec tout ce qui en résulte en termes d’établissements d’enseignements de tous niveaux. Les régions rurales semblent être les plus touchées par ce phénomène, par exemple entre 2013 et 2022 dans le Heilongjiang 1900 écoles ont fermé ce qui représente plus de 60%.
Ainsi, en 2024 la Chine comptait 470 000 d’établissements scolaires de tous niveaux, dont 253 000 d’écoles maternelles et 152 000 écoles privées. Ceci représente 10 000 établissements de moins qu’en 2023.
20 000 écoles en moins
Sans surprise, c’est au niveau des écoles maternelles que l’impact du déclin des naissances est le plus visible. En 2024, 35, 84 millions d’enfants chinois étaient inscrits en école maternelle ce qui représente un taux d’inscription à 92%.
En comparaison, le bulletin de 2023 faisait état de 274 400 écoles maternelles à travers le pays, qui accueillaient plus de 40 millions de petits Chinois. On voit donc clairement une diminution de 20 000 établissements avec 5 millions d’enfants en moins.
Le nombre d’écoles publiques est passé de 236 400 en 2023 à 221 000 en 2024, ce qui représente une diminution de plus de 15 000 par rapport à 9 301 l’année d’avant.
Le secteur privé impacté
La politique de deux enfants par famille, introduite par les autorités en 2016 semblait pourtant faire le bonheur du secteur scolaire privé en Chine. Les années fastes du secteur appartiennent néanmoins au passé avec un déclin du nombre d’enfants sur les 7 dernières années consécutives. En effet, en 2024 le nombre de naissances en Chine était de 9, 54 millions. Actuellement on se projette sur plutôt 8 millions pour 2025 et possiblement moins encore dans les années à venir. Pas de quoi réjouir le très prisé domaine de l’éducation privée en Chine. Entre 2023 et 2024 on a vu la fermeture de 15 000 écoles privées, en comparaison avec 11 000 par an en moyenne dans les années précédentes.
Trop cher d’élever un enfant en Chine ?
Rappelons que les jeunes citent surtout le coût trop élevé comme raison principale de ne pas faire d’enfants. En effet, la Chine se place en 2e place au niveau mondial des pays où élever un enfant coûte le plus cher, battue uniquement par la Corée du Sud (données de l’Institut de recherche démographique Yuwa de Pékin). Même s’il faut tenir compte des disparités entre les provinces et les grandes villes chinoises, on estime le coût moyen pour élever un enfant jusqu’à ses 18 ans à 538 000 RMB (presque 65 000 euros) ce qui représente plus de 6 fois le PIB par habitant en Chine. Pour comparer, en France le coût ne représente que 2,24 fois le PIB par habitant, 4,11 aux États-Unis et 2, 08 en Australie.
L’autre raison citée souvent concerne plus les femmes qui n’ont pas envie d’être désavantagées dans le milieu professionnel: le congé maternité n’est pas toujours bien accepté en Chine, avec risque de baisse de salaire, de rater une promotion, ou encore d'une discrimination par les sociétés qui préfèrent éviter de recruter des femmes en âge d’avoir des enfants, sachant que le coût d’un congé maternité repose entièrement sur l’employeur.
30 millions d'élèves en moins
Pour résumer, on s’attend à 30 millions d’élèves en moins dans le primaire et le secondaire au cours de la décennie. Ceci se répercute également sur l’emploi des enseignants - le nombre de postes dans l’éducation nationale diminue. Les régions sont libres de gérer le problème à leur guise en appliquant différentes règles comme la fermeture immédiate d’une école en dessous de 50 élèves ou une fermeture progressive sur 3 ans dès le passage en dessous de 200 enfants.
L’avantage de cette situation c’est de pouvoir envisager de diminuer le nombre d’élèves par classe (45 élèves par classe en moyenne actuellement mais il n’est pas rare d’avoir des classes de plus de 50 élèves).
Du côté positif, on note également l’augmentation du nombre d’écoles d’éducation spéciale sur l’ensemble du territoire ce qui confirme le développement de ce type d’établissements.
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