"Un petit roux en Chine", ce sont 25 histoires illustrées et anecdotes tendres et drôles de Pierre, 11 ans, le rouquin de la fratrie et héros du livre. Destiné aux enfants et parents expatriés en Chine, ceux-ci pourront aussi, en plus de se retrouver dans ces histoires, faire partager leur quotidien et la culture chinoise à leurs proches en France !
Illustrations Mélanie Abellan, illustratrice de Un petit Roux en Chine
"Dites les parents, quand c'est qu'on sait où on va ?" est une histoire inédite, publiée en avant-première dans Lepetitjournal de Shanghai. Elle décrit non sans malice une situation dans laquelle se trouvent un jour beaucoup de familles expatriées : resterons nous en Chine une année de plus, ou devrons nous partir ? Et si nous devons partir, où irons-nous ?
******************************
En juin, après le brevet du collège des frères, on part !
On quitte la Chine et les copains. Je sais depuis mon premier jour à Shanghai qu'il faudra un jour partir et déjà l'an dernier certains de mes amis sont rentrés en France.
Dans un mois les déménageurs seront partout dans la maison, il faudra écrire sur chaque carton: chambre Pierre, chambre Augustin, chambre Baptiste, cuisine, salon? Ce que je me demande, c'est quelle destination finale on donnera au chauffeur du camion. Car pour le moment on ne sait pas. On part, oui ! Mais où ? Mystère !
Les parents nous rassurent en disant que c'est souvent comme cela avec les entreprises et les familles d'expatriés. La seule certitude qu'on a pour septembre c'est qu'on sera en famille quelque part !
Moi je n'ai pas peur, j'aime bien cette période. On n'est pas encore triste de quitter tout le monde et on s'amuse à imaginer notre prochaine école. Mon père se donne du mal pour éclaircir la situation. Il est parti en France depuis quinze jours à la pêche au boulot ! Tous les jours, il rencontre des gens, et chaque soir il appelle ma mère au téléphone. Elle chuchote, je n'entends pas bien alors je regarde la tête qu'elle fait. Elle sourit, fait la grimace, éclate de rire et se précipite sur l'ordinateur.
Alors avec les frères on sait ce qui nous reste à faire, on attend et?
« Maman est dans la cuisine ! Tous dans sa chambre ! » lance Augustin.
J'allume son ordinateur et j'ouvre la rubrique « historique ». Il n'y a pas que les parents qui savent épier !
« Alors où on va cette fois-ci ? » j'interroge.
« Maman vient de consulter le site de ?. » Augustin ménage le suspens? « de l'ambassade de Moscou! »
« Moscou mais c'est où ça? » je demande.
« En Russie! » répond Baptiste.
« La Russie, waouh, c'est super, c'est beau et on n'y est jamais allés ! » dis-je.
« En plus ça a l'air d'être du sérieux car maman est allée voir sur Moscou accueil, Lepetitjournal, Femmexpat et même sur le site du lycée français de Moscou ! » reprend Baptiste.
« Calmos » s'écrie Augustin, « je vous rappelle qu'avant-hier, après le coup de fil de papa, on était partis pour Barcelone. Et la semaine dernière, tu nous a bien dit Baptiste, que les parents avaient dit qu'il fallait absolument, au moins, nous inscrire dans un lycée parisien! »
« C'est vrai, en plus regarde, on dirait qu'il y a une nouvelle piste? » ajoute Baptiste.
« Encore ? Où ça ? » je demande.
« Düsseldorf! » dis Baptiste.
« Düsseldorf en Allemagne ? Près de chez nos cousins ? »
« Bah oui inculte, pas Düsseldorf en Italie ! Moi je n'y vais pas, reprend Baptiste! Il fallait le dire avant, je n'aurais pas pris espagnol en LV2! »
« Ich bin ein Berliner » déclare alors Augustin.
« Ça veut dire quoi ? » je demande.
« Décidément on voit que tu n'es qu'en cinquième! dit Baptiste qui vient de faire un exposé sur la guerre froide et le discours de JFK. « Ca veut dire Je suis un Berlinois. »
« Eh bien tu vois, comme ça tu connais au moins quatre mots ! » je dis.
Alors Augustin propose : « Et si on faisait plutôt un récapitulatif de ce qu'on sait et de ce qu'on ne sait pas :
On sait qu'on habite Shanghai jusqu'en juin.
On sait que le 15 juin la maison sera vide.
On sait qu'on n'ira pas à Aix les Bains, Barcelone, Nantes et Miami . Toutes ces pistes sont tombées à l'eau les unes après les autres et cela fait du bien car ça déblaie le terrain! Il reste Moscou, Paris et Düsseldorf!
Oui mais on sait aussi qu'on n'ira pas faire du surf en Australie, ni de la plongée aux Philippines? » je reprends.
A chaque fois quand cela se précise, les parents nous trouve une activité "sympa" à pratiquer dans le futur pays d'expatriation?Pour l'Australie on était vraiment déçus car c'était quasiment fait et au dernier moment l'entreprise ne recrutait plus.
Les frères et moi, les faux départs, les départs prématurés ou à la dernière minute, maintenant on s'y connaît ! On reste zen.
Cette année, on aura voyagé virtuellement sur trois continents, on aura découverts les lycées français de sept pays différents, on aura envisagé d'apprendre le russe, le tagalog, le catalan et l'allemand. Mon père travaillerait pour une agence de voyage qu'il ne pourrait pas mieux s'y prendre pour nous faire rêver et nous transporter d'un endroit à l'autre.
Alors j'attends ! Je profite de cette période de transition où tout est ouvert, où j'ai l'impression que les parents ont le choix. Au final, je sais que l'étape suivante, même si elle est souvent très excitante, est aussi plus difficile car tout à fait concrète : redémarrer une nouvelle aventure dans un autre pays, avec une nouvelle école et de nouveaux copains !
******************************
|
Retrouvez ici une interview de l'auteur précédemment réalisée par lepetitjournal.com/shanghai. |
Marie Portal pour lepetitjournal.com/shanghai mardi 13 mai 2014
L'annuaire 
L'agenda 