Fraîchement accepté dans une université aux Pays-Bas, trouver un logement sur place devient l’étape en haut de la liste des préparatifs. Résidence, studio ou colocation offrent l’embarras du choix pour trouver un toit. Mais de nombreux obstacles ont changé la donne. Anticipation, bouche à oreille et concessions sont alors désormais de mise dans cette chasse au logement.
Les moyens de recherche habituels
Aux Pays-Bas comme ailleurs, les options de recherche pour les logements étudiants se ressemblent d’une ville à l’autre. Il existe les options traditionnelles comme les résidences proposées par l’université ou des résidences privées, les agences immobilières classiques ou spécialisées dans les logements étudiants. Mais sont en vogue dans le paysage de la recherche entre particuliers deux grands canaux : les plateformes de mise en relation entre locataire et propriétaire particulier, et les groupes de discussions d’étudiants et groupes dédiés à la recherche locative sur les réseaux sociaux. Enfin, il existe deux sites qui recensent une large partie des annonces de particuliers et d’agences et qui permettent de centraliser les recherches. Il s’agit de Kamernet et de HousingAnywhere.
Les universités proposent généralement sur leur site un guide qui retrace les options disponibles dans leur situation. Dans le cadre des Pays-Bas, voici le guide de la l'université d’Amsterdam (UvA), le guide de Rotterdam (Erasmus University), le guide de le La Haye (The Hague university of applied sciences) et le guide de Leiden (Leiden university) le guide de Maastricht (Maastricht University) et le guide de Groningen (University of Groningen).
La réalité du terrain
Si ces nombreuses options donnent l’impression qu’existe l’embarras du choix, la réalité néerlandaise est tout autre. Le pays traverse une crise du logement généralisée, qui recouvre aussi le marché étudiant. En chiffre, cela se traduit par un manque de 28.000 logements étudiants pour éponger la demande selon l’organisation indépendante The Class Foundation. Selon un sondage mené par cette même organisation, 43% des étudiants locataires ont pris trois à six mois en 2023 pour trouver un toit. Concernant les résidences, celles-ci sont saturées et l’université de Delft affiche même une liste d’attente grimpant à 38 mois avant d'accéder à une chambre.
Étudiant Néerlandais ou international, les difficultés sont les mêmes, à un détail près : l’aversion des propriétaires a loué leur appartement à des étrangers. 58% des étudiants internationaux aux Pays-Bas déclarent avoir déjà fait face à la mention “Pas d’internationaux” sur une annonce.
Les difficultés sont telles que les universités demandent désormais aux étudiants de ne pas accepter les offres d’admission dans leurs rangs avant d’avoir trouvé un logement. C’est le cas de l’université d’Amsterdam (UvA) qui affiche en grand sur son site :
Attention : En raison de la crise du logement qui sévit actuellement aux Pays-Bas, l'UvA vous recommande vivement de ne pas venir à Amsterdam pour vos études si vous n'avez pas trouvé un logement convenable.
Origine du problème
Sur le banc des fautifs apparaissent plusieurs facteurs responsables. D’abord, le pays a initié dans les années 2000 la libéralisation de la question du logement, négligeant alors l’assistance de certains enjeux qui convient généralement à l’État d’assumer. Un exemple fut la désincitation à l’investissement immobilier par une diminution des opportunités fiscales.
S’en est suivi une chute de la croissance de l’offre, tandis qu’une démographie grandissante accroissait la demande, résultant à un déséquilibre critique et ainsi à une flambée des prix du marché. Le prix du mètre carré a par exemple augmenté de 70% entre 2010 et 2020 à Amsterdam.
Dans le cadre de l’investissement locatif, le souhait de l’État de favoriser l’achat de résidence principale a mené à l'instauration d’une taxe sur les loyers perçus par les propriétaires. Rentabilité des investissements locatifs amoindrie, cela n’a qu'aggravé la détérioration de la situation immobilière néerlandaise.
Autre raison, l’aide financière DUO d’une valeur de 500 euros mensuels fournie par l’État à tous les jeunes Néerlandais rend accessible le départ de ces derniers du foyer familial pour prendre leur indépendance, accroissant la demande de logement. Cette aide étant destinée à une population en âge de faire leurs études, c’est particulièrement le secteur du logement étudiant qui a subi cette mesure.
Enfin, les Pays-Bas s'affirment progressivement comme une terre promise pour les étudiants internationaux. De 200,000 étudiants étrangers en 2012 à 340,000 en 2023, ils représentent un tiers de toute la population étudiante du territoire. Leur grand nombre et leur accroissement déposent donc une pression supplémentaire sur un marché déjà tendu.
Suggestions
Trouver un logement ne reste cependant pas chose impossible et certains conseils peuvent rendre la chasse à l’appartement moins éreintante. D'abord, le bouche à oreille est un moyen à privilégier si des contacts sont déjà établis sur place. Les étudiants restant généralement dans leur logement pour une courte période, il peut être judicieux de profiter de ce turn-over pour prendre le relais des contrats de location qui arrivent à terme.
Aussi, il est recommandé d’être à l'affût des dates d’inscriptions pour les résidences universitaires. L'ouverture des portails de réservations pour l’année scolaire suivante a habituellement lieu au printemps et est très rapidement prise d’assaut et nécessite d’être prêt à réserver dans l’heure de l’ouverture.
Enfin, contacter les agences pour présenter votre recherche de logement est le moyen d’être sollicité en priorité lorsqu’un nouveau logement rentre dans le catalogue de l’agence. Avant même qu’une annonce ne soit publiée sur internet, il donne accès à davantage d'offres et maximise les chances de placer son dossier en haut de la pile.