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Le D’Lires Ambulants de Jean-Brice Peirano en Nouvelle-Calédonie

le camion librairie itinérant D'Lires Ambulants de Jean-Brice Peirano en Nouvelle-Calédoniele camion librairie itinérant D'Lires Ambulants de Jean-Brice Peirano en Nouvelle-Calédonie
Clotilde Richalet Szuch / LPJ NC
Écrit par Clotilde Richalet
Publié le 22 septembre 2021, mis à jour le 22 septembre 2021

En ville ou en brousse, vous avez sûrement déjà croisé Jean-Brice Peirano à bord de sa librairie itinérante : D’Lires Ambulants, intrigant petits et grands avec ses livres, BD, et autre vinyles ! 

Ce camion-librairie parcourt les routes des Provinces Nord et Sud de la Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs mois pour apporter la culture, notamment le livre et le disque, aux 4 coins du Caillou. Partons à la rencontre de son pilote passionné : Jean-Brice Peirano, personnage incontournable de la scène littéraire calédonienne, qui va nous raconter quelle route il a emprunté pour en arriver là !

 

LPJ : D’où viens-tu et dans quel environnement as-tu grandit ?

Jean-Brice : Je suis né à Nouméa et j’ai eu une enfance très préservée. Je suis un citadin puisque que j’ai grandi en ville mais j’ai aussi été entouré de nature comme pendant les vacances en brousse où je retrouvais mes amis. Ces deux côtés de la Nouvelle-Calédonie : citadine et broussarde sont présentes dans ma vie depuis toujours. J’ai aussi vécu à Ouémo, à côté de la mangrove et de la mer. On allait aller chercher le crabe et les poissons.  

Je pense que d’avoir été connecté aux 2 facettes du pays a été une chance pour moi et aujourd'hui je m'en rends compte dans mes échanges avec les gens, notamment quand je leur conseille un bouquin. 

 

Comment est-ce que le livre est entré dans ta vie ?

Il y est entré assez tard ! Il n'y avait pas tant de livres que ça à la maison étant petit. Mes parents n'avaient pas le bac. Ma mère n’a repris des études que beaucoup plus tard. Mon père lui avait un gout de la presse, ses lectures étaient celle des magazines économiques ou politiques. Il ne faut pas le répéter mais plus jeune mes parents me laissaient à la bibliothèque Berhmein pendant qu’ils allaient faire leurs courses. Je restais là au milieu des bouquins : ça a été mon premier émoi avec les livres, surtout les albums et les BD.

Les choses ont changé quand ma mère (*Arlette Peirano Anselme) a repris ses études et s’est mise à l’écriture d’un livre : L'ensorceleuse des étoiles. Il y a soudain eu plus de livres à la maison et le goût est venu petit à petit.

C'est aussi et surtout « ma douce » qui m'a donné envie de lire étant elle-même une grande lectrice. Je voulais partager ça avec elle, donc j'ai commencé en lisant ce qu'elle lisait elle. L'étape suivante a été la BD et les romans graphiques qui sont des petites pépites littéraires. J'ai autant de plaisir à lire de l'image, de la narration en off que le côté littéraire et texte.

 

Comment est-ce qu’une passion devient un métier ?

J'ai cherché ma voie pendant un long moment et un jour j'ai découvert un IUT des métiers du livre en Métropole. Au début ce qui me bottait le plus dans les métiers du livre c'était le métier de bibliothécaire, et même plus exactement discothécaire, puisqu'à l'époque il y avait de la musique dans les médiathèques.

J’ai beaucoup appris à l’IUT, on avait énormément de travaux pratiques en groupe, et comme je fonctionne à la motivation collective : c’était parfait pour moi. J’ai commencé à aimer l'édition et c’est là-dedans que je me suis spécialisé.

Je suis rentré dans l'association Mosquito, une petite maison d'édition qui fait de la BD, et qui a notamment remis au goût du jour en France le dessinateur italien Sergio Toppi. 

 

sergio toppi dessinateur de BD italien
Travail du dessinateur italien Sergio Toppi

 

Au retour en Nouvelle-Calédonie, j'ai trouvé un poste de secrétaire d'édition chez Grain de Sable. C'était la structure emblématique qui avait lancé l'édition de création ici, avec un catalogue généraliste : de la littérature mais aussi du beau livre, du livre d'art et de la jeunesse. 

 

Raconte nous l’aventure à La Maison du Livre ?

En 2010 j’ai été embauché à La Maison du Livre pour mon statut et mes compétences d'éditeur. Le besoin était à la fois porté par les écrivains mais aussi par les éditeurs sur la nécessité d'une structure qui vienne en accompagnement de toute la filière. Il fallait quelqu'un qui ait des compétences sur toute la chaine. Et j’ai donc été responsable de cette structure pendant 10 ans.

 

C'est aussi la Calédonie qui donne cette opportunité : je suis revenu sur le territoire aussi pour ça.

Je fais partie de cette génération d’enfants qui ont vécu les évènements ; à l’époque nous avions fondé un collectif autour du slam avec Denis Pourawa et Paul Wamo. On a été choqué par cette époque et en grandissant, dans nos parcours d'adultes, on avait besoin de se poser la question : comment est-ce que je contribue à cette aventure-là ?

Et pour moi avoir ce poste à la Maison du Livre prouvait que j'avais une place à prendre. Je me suis démené pour partir en Métropole pendant 10 ans et pour acquérir de l'expérience et des diplômes pour en revenant : apporter ma pierre à l’édifice.

 

Comment t’es venu l’idée du D’LIRES AMBULANTS ?

En fait le camion avait été acheté par La Maison du Livre il y a 8 ans. L'année qui a précédé mon arrêt de poste nous le louions à un couple qui avait créé le Bookonaute, mais qui venait de cesser l’activité.

Presque au même moment j’ai quitté la Maison du Livre pour m'éloigner un peu de la filière. Je voulais me poser, pourquoi pas me reconvertir… mais quand on y réfléchit j'ai toujours voulu être libraire. C'est un des seuls métiers de la chaîne que je n'ai pas fait. Et le camion était là : dispo. J’ai foncé et je l’ai repris.

 

le camion librairie itinérant D'Lires Ambulants de Jean-Brice Peirano en Nouvelle-Calédonie

 

J'ai changé de nom pour D’Lires Ambulants et je me suis associé quasiment dès le début avec LUDIK pour vendre de la BD et de la jeunesse neuf à bas prix, en tous les cas le moins cher possible. Ici le prix c'est un frein évident pour toucher tous les publics.

J’ai également créé un partenariat avec Calédo Livres puisque la production locale est dans mon ADN. Je voulais une offre de titres océaniens. Et à ça j’ai ajouté une sélection de livres d'occasion que j'avais dans mon fond personnel ou du fond que j'ai racheté au Bookonaute.

Malgré un début d’activité en plein confinement dû à la Covid-19 en mars 2021, j'ai commencé à vendre de l'occasion via Facebook et ça a tout de suite pris ! J’ai ensuite créé petit à petit un espace de vie qui me ressemble autour du camion tout en apprenant un nouveau métier de libraire (de plus itinérant !). Très vite j’ai ajouté du vinyle, qui représente aujourd'hui 1/3 de mon chiffre d'affaires : je suis devenu le disquaire de Nouvelle-Calédonie !

 

L’association avec Le Chapitô est venue très vite également ; avec Quentin (*Retali : Directeur du Chapitô) on s’est très vite dit que je les suivrais sur la majorité de leurs implantations. Ce que j’aime là-dedans c’est de toucher un public large et de voir les enfants s'assoir dans le camion avant le spectacle, toucher les livres et les feuilleter. Certains d’entre eux voient du livre pour la première fois à côté de chez eux !

 

le camion librairie itinérant D'Lires Ambulants de Jean-Brice Peirano en Nouvelle-Calédonie

 

L'encouragement pour D’Lires Ambulants a été fabuleux partout où je suis allé. Sur un territoire comme le nôtre c'est indispensable d'aller vers le public, en Océanie on ne peut pas rester sur le schéma d’un espace culturel rigide. Il y a un intérêt évident à cet outil itinérant en Nouvelle-Calédonie.

 

 

La carrière de Jean-Brice c’est ainsi écrite au fil des pages ; de l’envie d’être discothécaire à une bibliothèque ambulante qui porte la culture sur les routes de sa terre natale en passant par La Maison du Livre. Un parcours qui donne envie de suivre son instinct, chérir ses racines, approfondir ses compétences, et oser aller au bout de ses envies.

 

Le goût du partage et de la transmission se dégage de ce petit camion pas comme les autres. Avant de le retrouver sur la route quand la situation sanitaire le permettra, vous pouvez toujours passer commande pour un bon livre ou un vinyle via le facebook de D’Lires Ambulants.

 

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