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Les friperies de Brooklyn : consommer autrement, s’habiller stylé

À Brooklyn, la friperie n’est plus une mode passagère mais une façon de consommer différemment. Entre style, authenticité et conscience écologique, Williamsburg et Bushwick sont devenus les temples new-yorkais du vintage responsable.

Des vêtements suspendus à un portant dans une boutique.Des vêtements suspendus à un portant dans une boutique.
Le charme du vintage new yorkais. ©️Lola Neto
Écrit par Lola Neto
Publié le 9 novembre 2025, mis à jour le 13 novembre 2025

 

« Acheter d’occasion, c’est une façon de faire durer les vêtements et de leur donner une seconde histoire. »

 

Williamsburg : la vitrine chic de la mode durable

À Williamsburg, les friperies ressemblent davantage à des concept stores qu’à des dépôts. Dans les rayons bien ordonnés d’Awoke Vintage, les jeans Levi’s d’époque côtoient des sacs baguette des années 2000 et des blazers ajustés venus tout droit des années 80. Chaque pièce est choisie avec soin, parfois retouchée, toujours mise en valeur. « Nos clients viennent pour le style, mais repartent souvent avec une prise de conscience », confie Jenna, la propriétaire du lieu. « Acheter d’occasion, c’est une façon de faire durer les vêtements et de leur donner une seconde histoire. » Selon une étude d’IBISWorld, le marché américain des thrift stores pèse aujourd’hui près de 14 milliards de dollars, un chiffre en constante progression. Les jeunes adultes de 25 à 34 ans représentent la majorité des acheteurs, selon Statista, preuve que la génération la plus connectée est aussi celle qui cherche à consommer autrement. Dans les rues de Williamsburg, le vintage est devenu une signature : on le porte avec fierté, comme une réponse à la fast-fashion. Le vêtement n’est plus un simple accessoire, mais un moyen d’exprimer ses valeurs.

 

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Bushwick : l’âme brute du vintage populaire

Quelques stations plus loin, Bushwick offre un tout autre visage du vintage. Ici, les entrepôts de L Train Vintage ou Urban Jungle débordent de vêtements, et l’expérience se transforme en chasse au trésor. Les portants grincent, les cabines se succèdent, et les clients fouillent avec excitation. « C’est un sport, presque une quête ! », sourit Samira, 27 ans, influenceuse mode installée dans le quartier. « Quand je trouve un blazer des années 80 à 15 dollars, je me dis que j’ai fait quelque chose de bien : pour mon style, mais aussi pour la planète. » D’après Capital One Shopping, l’achat d’un vêtement de seconde main permet d’éviter en moyenne 8,4 livres de CO₂ et d’économiser près de 337 litres d’eau par rapport à un vêtement neuf. Un chiffre qui résonne particulièrement dans un quartier où la créativité et la conscience écologique vont souvent de pair. À Bushwick, la friperie n’est pas seulement un commerce, c’est un lieu social, où l’on échange des conseils, où l’on apprend à recoudre, à customiser, à transmettre. Une forme de solidarité textile, à contre-courant d’une industrie qui produit trop et jette vite.

 

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Une tendance qui s’enracine

Le marché mondial du vêtement de seconde main pourrait atteindre près de 290 milliards de dollars d’ici 2034, selon une étude de Prophecy Market Insights. Mais au-delà des chiffres, le phénomène traduit un changement culturel profond, celui d’une génération qui valorise la durabilité autant que le style. À Brooklyn, les friperies racontent tout cela à travers leurs vitrines, leurs gérants passionnés et leurs clients curieux. Elles incarnent une mode qui ralentit, qui se raconte, qui s’assume. Et dans une ville où tout va vite, c’est peut-être là le vrai luxe, de s’habiller autrement, mais surtout, penser différemment.

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