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Un rêve d’été en France

Terrasse chez Vranken Pommery Monopole à ReimsTerrasse chez Vranken Pommery Monopole à Reims
(C) Vranken Pommery Monopole
Écrit par JC Agid
Publié le 7 juillet 2021, mis à jour le 9 juillet 2021

Pour quelques-uns d’entre nous qui retrouvent un instant la France cet été, la métropole a l’effet merveilleux d’une première fois. Pour d’autres, ce n’est encore qu’une France rêvée, désirée même après tant de mois d’absence.

 

L’occasion ici de vous décrire mes vacances idéales. Des expériences en tout genre, culturelles, artistiques, gastronomiques et œnologiques dans des lieux historiques et naturels qui font de la France un des pays sans doute les plus variés, enviés et émerveillés au monde. Vivre surtout des expériences avec sa famille, celle que l’on choisit librement, jour après jour, avec force et espoirs.

Je vous emmène dans un long voyage épistolaire : dormir à Versailles dans le nouvel hôtel d’Alain Ducasse, réfléchir aux Napoleons à Arles, écouter de la musique à la Roque d’Anthéron, se divertir au Festival de Ramatuelle, s’adonner à un moment de nature (et de gourmandise) au-dessus de Chamonix et joindre au plaisir d’une coupe de champagne à Reims celui d’une exposition au titre charmeur, « Blooming ».

 

Une nuit dans le plus majestueux des châteaux

J’avais décidé le 4 juillet dernier à la sortie du confinement de fêter les États-Unis avec une âme sœur sur les terrasses à peine ouvertes de Benoit, l’adresse d’Alain Ducasse à New York—à mon goût le meilleur bistro français de la ville. On y trouve à la fois le talent en cuisine et la générosité en salle, une douce familiarité et créativité dans les plats, et la rencontre surtout des traditions françaises et de l’excellence du terroir américain.

 

Château de Versailles

Les Airelles à Versailles  (c) Renée Kemps

 

En clin d’œil affectueux à cette soirée si lointaine, il y a juste un an, je démarre mon séjour en France par une nuit à Versailles dans la Suite du Marquis de Fouquet—héros de l’Indépendance américaine en 1776, une des 14 chambres des Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle, l’hôtel qu’Alain Ducasse vient d’ouvrir avec Stéphane Courbit. Je ne doute pas un instant ni du confort de cet établissement ultra-luxueux ni de la magie des assiettes. Alain Ducasse nous habitue depuis si longtemps à un univers en apesanteur et subtil. Il s’est même amusé un jour à créer un menu à la truffe sur Concorde et a préparé récemment 92 plats—des joues de bœuf façon bourguignonne et des clafoutis pistache et griotte—que Thomas Pesquet a apportés à ses amis astronautes à 400 kilomètres d’altitude.

 

Pour revenir sur terre, le patron des chefs français, l’héritier de Vatel, nous propulse dans l’histoire des ors, des tissus et des couleurs du 18e siècle de l’époque Louis XVI, dans la mémoire aussi des saveurs des légumes et fruits du potager du Hameau de la Reine et enfin des plats « flamboyant » de Louis XIV. Les Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle a pris possession de trois bâtiments construits dans le domaine royal en 1681. C’est un hôtel hors du temps, à l’expérience inégalable, celle de vivre littéralement la vie de château dans le plus célèbre palais au monde.

 

Ducasse Versailles

Les Airelles à Versailles (c) Renée Kemps

 

Les Airelles à Versailles font de leurs invités de passage des hôtes de marque. Une chambre servait autrefois d’appartement à Madame de Staël ; une autre au dernier Premier ministre de Louis XVI, Jacques Necker. Lorsque les grilles du Château se referment sur les touristes en fin de journée, les portes des appartements de la Reine et du Roi et de la Galerie des Glaces s’ouvrent aux châtelains d’un soir. Une visite privée pour ressentir au plus près ce que fut la vie à la Cour du Roi. Autre plaisir ultime, celui le matin d’un jogging dans les jardins dessinés par Le Nôtre avant que la vie touristique ne reprenne, à moins de profiter d’une visite privée des Châteaux du Trianon et du Hameau de la Reine, et des jardins anglais où Marie-Antoinette aimait se prélasser. Et sinon se prélasser soi-même dans le Spa Valmont.

 

De retour dans la capitale et avant de prendre la direction du Sud, j’irai goûter une glace Alain Ducasse à La Manufacture de Glaces, son nouveau plaisir parisien. Je me laisserai volontiers tenter par une glace au chocolat du Pérou et un sorbet aux fines herbes. Vous savez tout.

 

Les Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle : https://airelles.com/en/destination/chateau-de-versailles-hotel

La glace Alain Ducasse : https://www.lechocolat-alainducasse.com/fr/glaces

 

 

« Le Plaisir » avec Les Napoleons à Arles (du 21 au 24 Juillet)

Destination Arles. Pour être franc, ce sera mon premier séjour dans la cité deux fois et demi-millénaire à la lisière des Alpilles et de la Camargue, l’occasion d’admirer (ou pas) à la Fondation Luma, La Tour (controversée) de Frank Gehry. Arles est résolument moderne. Si je me réjouis de m’oublier dans ses rues, j’ai hâte de découvrir cette ville entièrement engagée auprès des photographes et des artistes. C’est aussi avec Les Napoleons, la ville des idées—et bientôt même d’une « Villa Médicis de l’innovation ».

 

Les Napoleons

Arles (c) Les Napoleons

 

Les Napoleons rassemblent des dirigeants, entrepreneurs, financiers, sportifs, penseurs, artistes, politiques, chercheurs et des communicants, tous à l’affut d’une société du dialogue, de remise en question et de solutions. Ce clan est à la conquête d’un monde apaisé, le regard porté sur l’autre et non sur soi-même. Ils se réunissent deux fois par an, l’hiver à Val d’Isère, l’été à Arles, le point de départ de nouvelles explorations, de sentiers à défricher et de sommets inconnus à vaincre. C’est chez eux que l’ancien Président des États-Unis, Barack Obama, décide de donner en 2017 sa première—et à ce jour seule conférence en France.

 

Au mois de mai dernier, les deux fondateurs des Napoleons, Mondher Abdennadher et Olivier Moulierac, avaient organisé à Marseille dès l’annonce de l’allégement du confinement français une conférence sur « l’Émancipation ». Sur les remparts du Fort Nicolas, surplombant le Palais du Pharo et le vieux port, les sessions se sont déchaînées « libérées, délivrées » (le slogan de cette rencontre), elles se sont entremêlées avec des expériences, un esprit de fête, de danse même et de renouveau entre les participants. Nous nous émancipions de la violence de la pandémie mais aussi de nos idées reçues. J’ai eu la chance de participer à ces échanges essentiels où, dans le même lieu—et non derrière un écran—nous pouvions à nouveau respirer. L’opportunité unique de discuter avec l’essayiste Anne Soupa qui, ne comprenant pas l’absence des femmes dans son Église, n’a pas hésité à présenter en 2020 sa candidature pour devenir Archevêque de Lyon. Deux hérésies, me confie-t-elle, celle d’être candidat à l’Archevêché et celle d’être une femme. Lorsqu’Alexandre Kouchner l’invite sur scène avec la Rabbin laïque Delphine Horvilleur et la première Imame de France Kahina Bahloul, le journaliste et professeur à Sciences Po présente « trois punks » dont le dialogue démontre que l’on peut dépasser les frontières artificielles des religions. C’est cela, Les Napoleons.

 

Les Napoleons

Alexandre Kouchner, Delphine Horvilleur, Kahina Bahloul et Anne Soupa

(c) JC Agid

 

Assez pour Marseille. Voici Arles. À la gare de Lyon, un TGV privatisé « Les Napoleons », joliment baptisé « L’Ice-Breaker » (on y sert un déjeuner et de la Veuve Clicquot dès la fin de la matinée, on retrouve ses amis, on en rencontre de nouveaux), transportera le 21 juillet cette bande joyeuse pour trois jours dédiés à la thématique du « Plaisir ». Alléchant. On y annonce déjà la présence d’un premier danseur de l’Opéra de Paris, d’une réalisatrice de podcast et de films « sexuellement explicites », d’un moine bouddhiste, d’un professeur d’addictologie, d’un créateur de parfums, d’un acrobate, de dirigeantes d’agences de publicité et même d’une Alpiniste.

 

Je crois cependant déjà connaître la réponse à une des questions posées par cette conférence. « Peut-on vivre sans plaisir ? ». Non.

 

Les Napoleons (du 21 au 24 juillet) : https://lesnapoleons.com/

 

 

La douceur d’un piano à la Roque d’Anthéron (du 23 juillet au 18 août)

Après trois jours à écouter, réfléchir et disserter autour du plaisir, pourquoi ne pas se laisser porter par celui de la musique, assister à la rencontre du violon de Renaud Capuçon et du piano de Béatrice Rana dans la nuit chaude du Luberon au festival de la Roque d’Anthéron ?

 

Festival de Piano La Roque d’Anthéron

Parc du Château de Florans (c) D. De Winter

 

Ce détour par La Roque d’Anthéron est une idée de Rachel Brunet, la rédactrice en chef du Petit Journal New York. « C’est mon village », m’a-t-elle dit en me proposant de l’ajouter à mon programme rêvé (et déjà chargé de 3000 mots !). Rachel est une entrepreneure et une amie. Je l’écoute. À la mention de ce festival, j’ai aussi pensé à mes parents mélomanes. Ils m’ont si souvent raconté leurs soirées à la Roque d’Anthéron, rythmées par le jeu sauvage du pianiste Shura Cherkassky, un de leurs amis, adoubé « Le dernier des Romantiques » à la mort de Vladimir Horowitz. Cherkassky arrivait sur scène en pantalon noir et veste de smoking blanc, son célèbre sourire en coin, un peu timide, toujours surpris et reconnaissant à 80 ans de l’accueil que le public lui réservait. Cet ancien élève de Josef Hofmann à Philadelphie—et que Rachmaninov souhaitait former—travaillait son piano rigoureusement, note après note, comme un enfant apprend sa leçon d’école. Mais lorsqu’il montait sur scène, plus rien ne l’arrêtait, il habillait sa musique de passion et de sentiments, d’une force surprenante.

 

J’avais eu la chance de suivre Cherkassky en 1995, de le filmer et réaliser avec mon amie Véronique Barbey un documentaire lors de son dernier voyage à Odessa en Ukraine, quelques mois seulement avant sa mort. Nous l’accompagnions à la recherche de son enfance, de sa maison et des mélodies d’autrefois. Cherkassky voulait revoir la salle de son premier récital aux alentours de 1920. Il avait alors à peine 10 ou 11 ans. Peu après, ses parents quittèrent avec lui précipitamment la station balnéaire de la mer Noire pour les États-Unis. La Révolution Russe était devenue une menace trop dangereuse.

 

Festival de Piano

Festival de Piano de La Roque d’Anthéron (c) Christophe Gremiot

 

Lorsque nous sommes finalement arrivés dans la salle de concert d’Odessa, nous avons été accueillis par des échafaudages. Les ouvriers cassaient des murs et refaisaient le plancher. Dans ce bruit assourdissant et métallique, un gardien de la salle entraîna Cherkassky à l’étage. Le vieux maestro était heureux comme seul un enfant sait l’être. Dans la pénombre et la poussière d’une pièce, il libéra un piano de sa bâche pourpre. Et Cherkassky s’amusa, debout, engoncé dans sa redingote en jouant quelques notes de la Fantaisie Impromptu de Chopin. Tout à coup, il se tourne vers le gardien et en Russe l’interroge :

- Y a-t-il un morceau que vous aimeriez entendre ?

- La Toccata de Bach, dit le gardien, sans hésiter.

Cherkassky s’exécute aussitôt, joue les premières notes dramatiques de la Toccata et le gardien, incrédule et hilare, l’interrompt et lui demande de passer directement à la Fugue en ré mineur. Ému, il essuie même une larme, puis lance au pianiste :

- Vous n’avez plus peur comme le jour où vous aviez joué ici, enfant !

Cherkassky se souvient alors des compositions de son premier concert et enchaîne quelques notes d’une étude de Scriabine, se moquant bien du son incessant des marteaux.

 

Ces souvenirs ressurgissent et je rêve à présent d’une soirée à La Roque d’Anthéron avec Cherkassky sur scène, son pantalon noir, sa veste de smoking blanche et son sourire timide, étonné par la magie de la musique, quelle qu’elle soit.

 

Festival de piano de la Roque d’Anthéron (du 23 juillet au 18 août) : http://www.festival-piano.com/fr/accueil/bienvenue.html

 

 

Ramatuelle et son Festival sous les Étoiles (du 31 juillet au 11 août)

C’est un rêve obligé, vécu plusieurs fois déjà dans le passé. Une soirée au milieu des oliviers au Festival de Ramatuelle, créé il y a 36 ans par l’acteur Jean-Claude Brialy et Jacqueline Franjou, qui aura tout fait dans la vie : entrepreneure, dirigeante et administratrice d’entreprise, conseillère municipale et ministérielle, activiste et Présidente de Festival. Jacqueline Franjou fait partie comme tant d’autres cités ici de la famille que l’on se construit. Ensemble, nous sommes allés développer le Women’s Forum for the Economy & Society au Brésil et au Mexique ; nous avons également travaillé à la réalisation de cet événement exceptionnel au Myanmar sans savoir que ce pays serait si vite et violemment rattrapé par ses démons militaires et autoritaires.

 

Ramatuelle

Jacqueline Franjou (c) Festival de Ramatuelle

 

Sa décision de maintenir avec son complice Michel Boujenah le Festival de Ramatuelle l’an dernier alors que la plupart des autres avaient jeté l’éponge était en soi un acte de résistance culturelle.

Raison de plus pour y retourner et applaudir, au choix, ce prestidigitateur de mots et jongleur de rimes que seul Fabrice Lucchini est capable de parfaitement imiter—lui-même—ou chanter en cœur « J’ai dix ans » avec Alain Souchon et fêter celles et ceux qui, comme moi, ne peuvent se résoudre à grandir.

Ramatuelle ralentira pendant deux semaines l’effervescence des nuits tropéziennes. Cet immense théâtre à ciel ouvert, « accroché à la colline », attire ainsi chaque été les amoureux des comédies, des tours de chant et des humoristes. Gad Elmaleh et Philippe Katerine signent d’ailleurs respectivement les deux premières soirées du Festival.

 

Ramatuelle

(c) Festival de Ramatuelle

 

Ramatuelle, le village de Gérard Philipe, l’immortel Cid Campeador du Théâtre National Populaire de Jean Vilar, ne brille pas qu’en soirée. Perché sur les hauteurs de la grande bleue, Ramatuelle propose tout l’été des expositions de sculpture, un marché deux fois par semaine à l’ombre de l’ormeau majestueux de la place centrale, et tout autour, une invitation à se perdre dans ses ruelles étroites. Un charme fou. Sans oublier la plage de Pampelonne, celle du film de Vadim en 1955, Et Dieu Créa la Femme, qui s’étale comme un épi solitaire du sauvage Cap Taillat jusqu’aux limites de Saint-Tropez.

 

Festival des Nuits Classiques (du 27 au 29 juillet) et de Ramatuelle (du 31 juillet au 11 août) : https://www.festivalderamatuelle.com/programme

 

 

Sur le chemin du Montenvers

Après les festivals et les conférences du Sud de la France, un détour par la montagne voisine offre un bol de verdure et de neiges éternelles, celles des sommets de la Vallée de Chamonix.

 

Chamonix

Chalet du Caillet (c) JC Agid

 

J’ai une envie pressante de retrouver les chemins de randonnées de mon enfance, les réveils à l’aube et les départs en montagne dans la brume fraîche des fins de nuit. Me voilà seul dans la rue qui mène aux Planards, en bas du chemin du Montenvers à Chamonix. La semi-pénombre laisse aux couleurs du jour la chance de s’inviter. C’est à cet instant qu’elles sont les plus douces. Il faut courber l’échine pour voir le sommet du Mont-Blanc déjà ensoleillé. Là-haut, une file indienne d’Alpinistes partis au milieu de la nuit du refuge du Goûter se succède sur le toit de l’Europe. Je pénètre au même moment d’un pas rapide dans la forêt de sapins, d’épicéas et de mélèzes et traverse les rails en crémaillère d’un train rouge. Dans une heure, il conduira 900 mètres plus haut des sportifs prêts à en découdre avec les aiguilles de la Vallée Blanche et des touristes impatients d’observer au plus près le plus grand glacier d’Europe, ou ce qu’il en reste. En moins de 40 ans, la Mer de Glace a perdu sous le Montenvers une centaine de mètres en épaisseur.

Au fil des années, le réchauffement climatique a accéléré la fonte des séracs. Depuis 2003, le glacier recule en moyenne de 30 mètres par an. À proximité du village des Bois dans la vallée, il a laissé place à un trou béant aux parois verticales et aux couleurs terreuses en attendant que les herbes et les arbres viennent un jour occuper le terrain.

 

Les Drus

Les Drus (c) JC Agid

 

Le spectacle demeure magnifique. La montagne respire, s’adapte à sa cassure annoncée, et ses formes changent d’apparence. Mais c’est une course contre la montre. J’active mon pas sur les sentiers à flanc de coteaux, l’urgence d’embrasser ce paysage vieillissant, lui prouver qu’il lui reste encore de l’appétit, quelques émotions à vivre lorsque les rayons de soleil percent les sommets des Drus et de l’Aiguille Verte.

Je reprendrai le même chemin en fin d’après-midi mais pour m’arrêter cette fois-ci à mi-route, là où l’itinéraire de Chamonix rejoint le dernier des trois lacets qui montent du village des Praz. Je retrouverai mes amis Solène et David. Ce jeune couple tient depuis plusieurs années le Chalet du Caillet, fleuri d’edelweiss, avec une vue plongeante sur la vallée, les Aiguilles rouges en face et vers le nord les montagnes Suisse. La cuisine y est soignée, naturelle, éthique, de loin la meilleure en altitude dans le coin. Les tartes sont cuites dans un four au feu de bois. On y boit des vins Alpins et on se tient ainsi, un long moment, en suspension de la civilisation urbaine. Depuis l’été dernier, on peut même dormir dans un géo-dôme et observer les étoiles à la nuit tombée. À moins de redescendre, une lampe sur le front ou un smart phone dans la main, en devinant le chemin nocturne et parfumé, jusque dans la vallée.

 

Le Chalet du Caillet : https://www.chamonix.com/infos-et-services/restauration/chalets-buvettes/chalet-de-caillet

Variante de la promenade du matin : poursuivre jusqu’au Signal Forbes (2198 mètres) et traverser le balcon jusqu’au Plan de l’Aiguille, au pied de l’Aiguille du Midi (2317 mètres).

 

 

Faire le plein d’art-et-bulles chez les Vranken à Reims

Il me reste encore une journée avant de reprendre l’avion pour New York. Je ne suis jamais allé à Reims, en Champagne, pourtant à 46 minutes de Paris en TGV. Ville aussi royale que Versailles, Reims a sacré son premier Roi, Clovis, en 496 il y a plus de 1500 ans.

 

Vranken

Le Réfectoire (c) Vranken Pommery Monopole

 

Ce n’est pas pour une leçon d’histoire que je rêve d’une journée rémoise, mais pour me ressourcer d’une énergie, d’un enthousiasme et d’une floraison si nécessaires en ces temps incertains. « Floraison », la traduction française de « Blooming », le nom d’une exposition proposée par un couple discret mais audacieux de la Champagne, Nathalie et Paul-François Vranken, les propriétaires de la Villa Demoiselle et du Domaine Pommery. De véritables patrons des arts—comme le fut en son temps Louise Pommery, l’inventeur du Champagne Brut—les Vranken ouvrent chaque année les 18 kilomètres de caves creusées dans les crayères, 30 mètres sous leur domaine, aux artistes contemporains pour des « Expériences Pommery # ».

La dernière Expérience # 15, « Introspection », offrait une somme de souvenirs des 14 premières expositions, un regard dans le miroir à la recherche non pas du temps perdu, mais du temps vécu.

Maintenir cette exposition et accueillir l’automne dernier entre deux confinements les visiteurs à s’aventurer sur les 116 marches qui mènent à ce dédale de caves et de bouteilles impatientes a dû nécessiter une belle dose d’optimisme. Insuffisante pour assécher la tristesse des Vranken de voir plongés dans un silence forcé les salons festifs du Domaine Pommery, ceux du Cellier Pompadour—un hommage à la Marquise et le nom d’un flacon de champagne d’exception, le seul réalisé sur une parcelle de vignes dans la ville de Reims, les Clos Pompadour. « Lorsque l’idée de transformer (le Cellier Pompadour) en un jardin d’œuvres d’art pour des confrontations uniques entre les artistes du Musée des Beaux-Arts de Reims et ceux des Expériences Pommery # », écrit Paul-François Vranken, « la joie s’est emparée de tous ».

 

Avec le Directeur de la rédaction de Beaux-Arts Magazine Fabrice Bousteau et la Conservatrice du musée des Beaux-Arts de Reims Catherine Delot, Nathalie Vranken, une experte et passionnée d’art contemporain, imagine alors « Blooming », un face-à-face à travers les âges, entre les artistes d’hier et ceux d’aujourd’hui, pour créer un jardin de fleurs épanouies, un jardin à la française, cartésien.

 

Vranken

Exposition Blooming (c) Vranken Pommery Monopole

 

Les paysages de Camille Corot se reflètent ainsi dans ceux d’Olivier Kosta-Thefaine. Les roses de Gauguin sont portées par des statuettes ; celles de Keith Tyson se transforment en un feu d’artifice dans un vase vivant composé de Dionysus bien sûr, le Dieu des Vignerons, et d’autres héros de la mythologie grecque—toujours boire en bonne compagnie ! Une Branche de Lilas, céramique de Virginie Boudsocq, aurait sans doute plut à Mademoiselle Duthé, une courtisane et danseuse de l’Opéra de Paris qui vécut au 18e et 19e siècle et était un modèle qui posait volontiers dénudé, donc apprécié (ici peinte par le portraitiste rémois Lie-Louis Perrin Salbreux). On trouve aussi dans « Blooming » une œuvre de Barthélémy Toguo, « Vaincre le virus ! », quatre vases monumentaux créés pour le Centre Pompidou en 2016, une représentation artistique de souches infectées des virus du Sida et d’Ebola. Le virus de la Covid-19 avait lui été interprété musicalement au M.I.T. La science et l’art s’entrelacent souvent. En réponse à l’œuvre magistrale de Toguo, celle du tandem Bachelot & Caron, des céramiques de fleurs, encore et toujours des fleurs, heureuses et souriantes, le cœur scintillant de la vie d’un jardin, le symbole de la continuité et de la renaissance (« Blooming » expose aussi l’abeille de Jean-François Fourtou).

 

Comme l’écrit Paul-François Vranken, « Il y a quelque chose de sensible et de poétique dans nos jardins. Moins fantasque que le jardin à l’anglaise, nos jardins traversent les siècles en ne cessant de nous rappeler ce pourquoi ils étaient faits. La joie de flâner en beauté, en un temps léger et heureux où seule la beauté compte ».

 

Et la gourmandise aussi. Avant de repartir pour New York, je m’arrête un instant dans le tout nouveau restaurant Le Réfectoire, installé au cœur même du domaine Pommery, juste à côté du Cellier Pompadour. Vous savez déjà ce que je commanderai pour célébrer la fin de ce rêve d’été.

 

Il ne me reste à poser que deux questions : Et si je faisais d’une partie de ce rêve une réalité ? Viendriez-vous avec moi ?

 

Blooming : jusqu’au 15 Novembre

Pour réserver une visite au Domaine Pommery et à La Villa Demoiselle : https://www.vrankenpommery.com/visites/

Pour réserver une table au Réfectoire : https://www.thefork.fr/restaurant/le-refectoire-r689827

 

Air France, American Airlines et Delta Airlines assurent des liaisons au départ de JFK vers Paris CDG. French Bee et La Compagnie volent au départ de Newark vers Orly et United vers CDG. La Compagnie et Delta Airlines volent certains jours de la semaine vers Nice au départ respectivement de Newark et JFK.

 

 

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