Réussir aux Etats-Unis, nombreux sont les Français qui ont eu ou ont aujourd’hui ce projet. Un doux songe que l’on surnomme toujours le rêve américain, mais à raison ? Forte de 15 années d’expérience à accompagner des entrepreneurs francophones aux Etats-Unis, Vanina Joulin-Batejat publie ses conseils dans Réussir aux USA : « Il faut bien se préparer, valider les différences culturelles, avoir le budget et le projet adéquates et se faire accompagner ».
Comment êtes-vous arrivée aux Etats-Unis ?
Je suis arrivée aux Etats-Unis avec mon mari et mon premier enfant de deux mois le 17 avril 2007. Nous envisagions de venir en visa investisseur lorsque nous avons gagné la carte verte à la loterie annuelle. Une chance sur 7.5 millions de personne cette année-là et seulement 350 Français ont été sélectionnés sur le total : « it was meant to be ». Mon mari avait déjà une « sales company » en Caroline du Nord et nous nous sommes d’abord installés là-bas, dans ce que l’on peut appeler l’Amérique profonde du Sud. Une belle expérience tout de même mais un choc culturel. Mon mari a créé une entité jumelle de celle qu’il avait en France et a commencé à fabriquer les mêmes produits aux Etats-Unis. Je lançais dans la foulée ReussirUSA en 2008, une société pour assister les Francophones à s’implanter aux USA avec succès. Ma fille naissait alors en 2009 et nous devenions tous citoyens américains en plus de rester français le 18 avril 2013, six ans après, presque jour pour jour. Nous avons ensuite déménagé en Californie a San Diego en 2015.
Est-ce que les Etats-Unis sont toujours une terre promise pour ceux qui veulent entreprendre ?
Absolument, à condition d’avoir l’esprit entrepreneur et ne pas avoir peur de prendre des risques et d’être extrêmement bien préparé, ce qui veut dire :
- Avoir un projet crédible : il est possible de se lancer dans une nouvelle activité mais il faut valider que l’on a les compétences pour le faire,
- Faire un business plan,
- Valider son lieu d’implantation en fonction de son business mais aussi des opportunités familiales si vous venez en famille (valider le système scolaire et les opportunités d’emploi pour le conjoint.e, comprendre les différences culturelles locales),
- Avoir un budget pour le business, avec une réserve d’un an de salaire si possible et un budget pour sa famille, ceci dans le cas où vous vous lancez avec votre famille. Le cas du manager envoyé par la filiale est un peu différent car il bénéficiera d’un soutien financier pour l’implantation de sa famille, la scolarisation des enfants, les assurances santé…
- Se faire entourer par une équipe franco-américaine, biculturelle, qui comprendra vos problématiques et embaucher des Américains surtout dans la vente car ils seront meilleurs que vous et connaitront le marché américain.
Quelles sont pour vous les principales erreurs que commettent ceux qui se lancent aux Etats-Unis ?
Ne pas faire de business plan et surtout de projections financières et avoir le budget nécessaire pour se lancer sur ce marché qui est probablement le plus prometteur mais également le plus demandé. Ne pas faire ses « due diligences » c’est-à-dire faire vos recherches et études préalables. Si vous lancez un nouveau produit, faites une étude de marché avec des prestataires locaux, visitez les salons, comprenez le marché, interrogez vos partenaires qui ont une expérience sur le marché américain. Ne pas croire que parce qu’un produit n’est pas présent sur le marché américain, que le marché existe. Ils n’en veulent peut-être pas.
Ne pas valider son lieu d’implantation. Il faut venir dans votre lieu d’implantation, comprendre les possibilités (rencontrer éventuellement les chambres de commerce locales et/ou EDC (Economic Development) local et bien entendu il faut comprendre les différences culturelles.
Il faut venir explorer et faire une étude préliminaire
Quels Etats sont pour vous les plus propices à l'entrepreneuriat ?
Tout dépend de ce que vous projetez de faire. Si vous reprenez une entreprise, tous les États sont ouverts. Il faut simplement valider le business lui-même et travailler avec un broker qui pourra vous aider et également un expert-comptable franco-américain qui pourra valider les aspects financiers que vous ne verrez probablement pas toujours.
Certains Etats ont une main d’œuvre moins chère mais moins qualifiée comme la Caroline du Nord (en dehors de villes de Raleigh et du triangle).
Certains états proposent des avantages pour des grands projets (locaux, avantages fiscaux, formation de la main d’œuvre…) : ce fut le cas notamment de l’Alabama pour Airbus.
Vous trouverez d’excellents ingénieurs dans les biotechnologies à San Diego et la Silicon Valley reste un pôle phare pour tout ce qui relève de l’IA. Ce ne sont que quelques exemples. Il faut venir explorer.
Tout dépend vraiment de la nature de votre projet. Si vous devez avoir des relations régulières avec la France pour votre business, il vaut mieux vous installer à l’Est, A New York, dans le New Jersey, en Floride avec des ports à proximité et un décalage horaire moindre. La réponse ne peut qu’être nuancée et spécifique à votre business, d’où l’importance de venir explorer et faire une étude préliminaire.
Les Etats-Unis sont toujours un merveilleux pays d’accueil
Quels sont vos conseils essentiels pour réussir aux Etats-Unis ?
Il faut bien se préparer, valider les différences culturelles, avoir le budget et le projet adéquates et se faire accompagner de préférence par une équipe franco-américaine et embaucher des Américains et les former. Le rêve américain existe toujours. Les Etats-Unis sont toujours un merveilleux pays d’accueil, avec ses différences, mais qui apportent beaucoup à condition également de vouloir donner.
Pour finir, il faut penser que pour travailler aux Etats-Unis, il faut un visa. Consultez un avocat de préférence franco-américain qui pourra vous expliquer les différences en fonction de vos besoins. Pour certains, le visa l-1 peut être une porte d’entrée mais bien souvent on vous dirigera vers les visas E-2 investisseur. Il y a des visas de travail comme le H-1B extrêmement difficiles à obtenir et soumis à quotas. Encore une fois, il faudra vous faire accompagner mais sans visa, pas de rêve américain.