

Ils devaient venir en vacances à New York durant les vacances de printemps, les ponts de mai ou les vacances d’été. Pandémie oblige et fermeture des frontières de rigueur, les avions restent au sol alors que de nombreuses familles de l’Hexagone, confinées, sont privées d’un voyage tant attendu à New York. Pour égayer ce scénario, Caroline et Charlotte, deux new-yorkaises de 12 ans, font la conversation chaque samedi à 9H30 avec des enfants et adolescents restés de l’autre côté de l’Atlantique. Ils ne se connaissent pas, mais qu’importe !
Leur maman est française, leur papa canadien. Elles sont nées à New York et sont bilingues. Du haut de leurs 12 ans, les jumelles Charlotte et Caroline ont décidé de donner un peu de leur ville à d’autres enfants qui ne pourront la découvrir cette année. Chaque samedi depuis mars, elles se connectent sur Zoom à 9h30 et, tour à tour, conversent avec des enfants dont la plus jeune à 6 ans. Eux, habitent aux quatre coins de la France, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. « As-tu un animal de compagnie ? As-tu des frères et sœurs ? » sont des petites questions simples qui permettent d’engager la conversation dans la langue de Shakespeare, généralement mal ou pas maîtrisée par les gamins de l’autre côté de l’écran, de l’autre coté de l’océan. Mais qu’importe ! Les parents sont là pour aider, traduire, participer à l’apprentissage et surtout, permettre à leurs enfants, grâce au dieu technologique Zoom tant béni depuis le début de la pandémie, de profiter d’une heure new-yorkaise chaque samedi. Ils sont une cinquantaine à répondre présent au rendez-vous.

Charlotte et sa maman, Brigitte Saint Ouen
Discussion simples, chansons très new-yorkaises occupent les enfants. Sinatra souffle sur la conversation. Les parents eux, sont intrigués par la vue derrière les fenêtres. Caroline et Charlotte discutent depuis le 15e étage du building où elles habitent. Les parents questionnent. Où est-ce dans New York ? Brigitte Saint Ouen, la maman des jumelles, et aussi fondatrice du summer camp Bleu Blanc Rouge, les aiguille dans la ville qui ne dormait jamais. Les parents regardent leur écran : une évasion. Ils sont à Gramercy.
S’ils regardent la carte de New York qu’ils ne déplieront pas dans la ville cet été, ils situent Charlotte et Caroline entre la 14ème rue, la première avenue, la 30e rue et Broadway. Ils ne le savent sûrement pas, mais Gramercy vient du nom d'un ruisseau qui coulait dans le quartier, et qui avait la forme d'un « petit couteau tordu », ce qui se disait Crom Messie en hollandais. Comme la ville était à cette époque de son histoire occupée par les Hollandais, c'est ce nom qui a été donné à ce quartier de Manhattan. Ce n’est pas cet été qu’ils viendront toucher les grilles de Gramercy Park. De toutes façons, ils n’auraient pas eu le droit d’y entrer. Ce petit parc est accessible de quelques privilégiés, les habitants de résidences situées à proximité. S’ils viennent à Noël, alors peut-être pourront-ils aller saluer la statue de l'un des plus célèbres résidents de Gramercy, Edwin Booth, grand acteur shakespearien au 19e siècle, le parc étant ouvert au public uniquement une heure dans l’année, le 24 décembre. Peut-être qu’en décembre, il y aura des avions dans le ciel et dans touristes dans la ville...
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que Caroline et Charlotte ont la clé de Gramercy Park. Leur havre de paix. En bas de leurs fenêtres. De l’autre côté de l’écran. De l’autre côté de l’océan.
Pour suivre les conversations avec Caroline et Charlotte, contacter leur maman
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