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Depuis New York, Esther Kingambo brise le tabou de la menstruation au Congo

Tabou de la menstruationTabou de la menstruation
Esther Kingambo - Maquillage : Studio Pacha Makeup
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Publié le 3 mars 2022, mis à jour le 4 mars 2022

Pour la 4e édition du Mois de la Femme présenté par notre édition, de nombreuses femmes francophones des États-Unis seront mises à l’honneur dans nos colonnes, tout au long de ce mois de mars, avec le soutien du cabinet d’expertise comptable Orbiss, cofondé par une femme, Laurence Ruiz.

 

Esther Kingambo a vécu sur trois continents, l’Afrique où elle est née, l’Europe où elle a épousé son mari et l’Amérique du Nord où elle vit désormais avec sa famille. Elle vient de créer Ngonda Foundation avec l’ambition de rendre les filles de son pays autonomes dans la fabrication de serviettes hygiéniques durables et celle de briser le tabou des règles dans son pays. En d’autres termes, Esther Kingambo vole au secours des jeunes filles et femmes congolaises qui vivent la période de menstruation comme une véritable honte. Le 31 mars 2022, sa fondation organise un gala. Lors de cette soirée, une levée de fonds sera organisée et l’argent récolté profitera à ces jeunes filles qui pensent qu’avoir ses règles est quelque chose de sale et d’honteux. Portrait.

 

Esther Kingambo

Esther Kingambo (c) Shawn Punch Fashion Photography

 

Briser le tabou de la menstruation

Tout et rien à la fois ne prédestinaient Esther Kingambo à créer Ngonda Foundation. Rien parce qu’elle n’imaginait jamais vivre un jour sur le continent américain où lever des fonds pour une cause est presque naturel. Tout parce qu’elle a grandi, comme toutes les jeunes filles avec une honte indescriptible d’avoir ses règles chaque mois. Quelques jours pendant lesquels les jeunes filles, jeunes femmes, femmes restent cloîtrées chez elles. Quelques jours pendant lesquels, les jeunes filles pensent qu’elles peuvent tomber enceinte pour seulement avoir joué dans la cours d’école avec un garçon. Une croyance persistante qui tient presque de la légende. « Durant ces quelques jours, les filles ne peuvent rien faire, elles restent cloîtrées chez elle, elles ne peuvent pas aller à l’école, à l’église, elles ne peuvent pas préparer le repas ou participer à la vie familiale » explique Esther Kingambo. C’est une sensation de profonde saleté qui leur colle au corps. Un sentiment transmis de génération en génération. « Avoir ses règles, c’est sale, c’est un secret », c’est presque un tort. Mais c’est pourtant la nature…

Jeune fille, Esther Kingambo a subi les moqueries, comme toutes les gamines de son village. Il faut dire que l’accès aux protections périodiques n’est pas, en Afrique, une possibilité offerte à toutes. Alors les femmes se débrouillent. Elles utilisent des bandes de tissus, dont elles héritent parfois de leur mère. Un précieux tissu transmis en même temps que des croyances archaïques, mais qui sont malheureusement légion. « Je faisais sécher les morceaux de tissus sous mon matelas, » explique la jeune femme, « avoir ses régles procure un tel sentiment de honte qu’on ne peut pas faire sécher les pagnes dehors, à la vue de tout le monde ». Quelques jours cachés, par honte, mais par peur aussi. Peur que les autres sachent, peur d’une tâche, peur d’être brimée… La réalité des jeunes Congolaises noyées sous des croyances cachant en réalité une incapacité sociétale à parler de sexualité.

À travers Ngonda Foundation, l’argent récolté servira à financer un atelier de protections hygiéniques durables et réutilisables dans une ville proche du village où Esther Kingambo a grandi « ainsi, avec une production sur la place, la distribution sera plus facile dans les écoles » explique la mère de deux fillettes. Acheter les machines, importer les tissus nécessaires à la confection des protections est aussi au programme. Si la fondation a une vocation à produire et distribuer ce qui est nécessaire aux jeunes filles durant leur menstruation, elle a aussi une vocation d’enseignement, d’ouverture d’esprit et de prise en charge. « Ce sont les femmes qui fabriqueront les bandes hygiéniques dans les ateliers » explique Esther. Ces moments de socialisation seront prompts à l’échange, à la discussion autour de la menstruation. Esther  a en effet une autre ambition « la fondation apportera soutien et conseils aux femmes et normalisera les menstruations aux yeux de la société. Nous aurons accès aux ressources nécessaires pour fournir des connaissances, des services et des produits à la nouvelle génération grâce à la coopération avec des artisans locaux. En même temps, des personnes seront formées pour travailler sur le développement de la communauté. Ngonda Foundation s'engage à former des enseignants pour aider les jeunes étudiants à poursuivre leurs études et à obtenir une formation professionnelle dans le développement de tissus biologiques, de produits d'hygiène menstruelle et à offrir leurs services. »

 

Tabou menstruation

 

Lever des fonds

Pour lever les fonds nécessaires à l’ambition de la fondation, Esther Gingambo organise le 31 mars 2022 un gala qui aura lieu dans le New York Times Building. Avec un ticket d’entrée suggéré à $150, une vente aux enchères et une tombola, Esther Kingambo compte sur la générosité des New-Yorkais et de la communauté francophone de New York pour l’accompagner dans son combat de briser le tabou de la menstruation dans le pays où elle est née et a grandi. Là où les jeunes filles, jeunes femmes et femmes continuent d’éprouver un sentiment de honte et de saleté quelques jours par mois.

 

Article rédigé par Rachel Brunet

 

Pour en savoir plus sur Ngonda Foundation

Pour faire un don, cliquez ici

Pour participer au gala de Ngonda Foundation

 

Le « Mois de la Femme » 2022 est soutenu par le cabinet d’expertise comptable Orbiss

Orbiss