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Dans les startups américaines, « networker » est un état d’esprit

Startup américaineStartup américaine
Écrit par Mathilde Guimard
Publié le 17 janvier 2022, mis à jour le 18 janvier 2022

À travers la plume et l’analyse de Mathilde Guimard, notre édition part, durant ce premier semestre 2022 à la rencontre d'entrepreneurs et d’ investisseurs entre Los Angeles et San Francisco. L’ objectif ? Décrire l'adn californien dans l'écosystème startup et tech en partenariat avec Inovexus, fonds d'accélération cross-border.

 

L’une des premières étapes de l’entreprenariat consiste à se constituer un réseau. La mentalité des Californiens est une source d’inspiration en la matière ! Je savais qu’il était beaucoup plus simple de networker en Californie, mais je pensais que cela était grandement dû à un environnement très axé sur le business et la technologie. Ma présence en Californie m'a fait réaliser qu’en fait, créer des connexions, c’est avant tout un état d'esprit : une manière d'envisager et de rechercher des opportunités.

Personnellement, après le travail, je ne suis pas très enthousiaste à l'idée d'aller à un événement Tech. Pour trois raisons. Tout d’abord, je considère que le temps libre est fait pour des loisirs non-professionnels. Par ailleurs, je ne sais pas comment aborder les gens. Enfin, je ne suis pas certaine de leur intention de m’aider.

Pour les Californiens, et les Américains, plus globalement, la construction de son réseau est une mission quotidienne. L'attitude du « go-for-it » est fondamentale, le « Give back. Pay it forward. » est un mantra. Aussi, ma première réponse à la question : « Qu’est-ce que l'adn californien lorsque l’on lance une startup ? » est donc la suivante : Une culture du network.

 

Networker,  le quotidien des Américains

L’une des raisons principales pour lesquelles participer à des événements professionnels fait partie du quotidien en Californie est qu’ils sont avant tout une occasion de socialiser et de se faire des amis. Rencontrer des partenaires commerciaux est secondaire. Parler business est la base des relations sociales à San Francisco, même dans les conversations amicales. Par amicales, j'entends non-professionnelles – et faire cette distinction va à l'encontre de l'état d'esprit des San-Franciscains. En plus d’être un espace social, la seconde raison est que les personnes ne se considèrent pas ici comme des simples employés mais comme faisant partie de projets. Ils croient fermement à la vision du CEO, se soucient du développement de la startup et s'investissent à 100% dans celle-ci. Ils sont passionnés par leur travail. Enfin, certains profitent de ces occasions pour échanger des idées et partager leur vision du futur.

Ainsi, le jeudi soir à San Francisco, une activité ordinaire est d’aller à un Start-Up Meetup pour y rencontrer des Tech Guys et des CEOs tout en pratiquant ses activités préférées.

Les escaladeuses se rendent à un “Indoor Rock Climbing For Women Engineers”. Désireux de discuter des questions sociales tout en rencontrant des employés de Tesla et d'Amazon ? L’événement "Queer Latinxs in Tech" sur Mission St est fait pour ça ! Pour ceux à qui la Suisse (et le bon fromage) manquent, la "Swiss Pitch Night" à Embarcadero à San Francisco est une bonne option.

Grâce à ces événements décontractés, créer des connexions après 18 heures fait vraiment partie de la vie de tous les jours des Californiens. C'est ainsi que j'ai rencontré des entrepreneurs dans le secteur des NFTs, de la cyber-sécurité, des cryptos et des marketplace lorsque j'étais à Los Angeles.

Certes, la culture américaine du business permet de rencontrer plus facilement les bonnes personnes. Mais les opportunités ne se trouvent pas seulement aux États-Unis. Lorsque j'étais en France, je considérais les événements de networking comme facultatifs. Ici, ils sont essentiels. Ce que j'ai appris, c'est que tout est une question d'état d'esprit, de minsdet. La bonne nouvelle, c’est qu’adopter un état d'esprit peut se faire à distance : réserver des vols pour venir à San Francisco n'est peut-être pas nécessaire !

 

L'attitude « go-for-it »

« La mentalité aux États-Unis n’a rien à voir avec la nôtre ! ». Cette phrase, je l’ai entendue à de nombreuses reprises de la part des mentors d'Inovexus, ayant tous vécu dix ou vingt ans aux États-Unis. Maintenant, je suis à même de confirmer : l’attitude entrepreneuriale, basée sur la détermination et l'ambition, facilite énormément la prise de contact. Les Californiens voient les choses en grand, notamment leurs ambitions. Ils participent activement à la construction de l'avenir : chacun ici a une vision de ce que sera le monde de demain et de la manière dont la technologie les aidera à bâtir de nouveaux projets.

 J'ai eu l’occasion de déjeuner avec Meryll Dindin, un jeune entrepreneur français bien imprégné de la mentalité américaine. Ses objectifs de vie ? Créer sa propre académie, construire une ville d’un million d'habitants, vivre mille ans. Les miens ? Courir un marathon, déjà. Pas vraiment la même ambition. Plus sérieusement, son dernier objectif est selon moi irréaliste, et son deuxième, vraiment ambitieux. Pour lui, « sky is the limit ». Tout est possible à San Francisco : pas de barrière mentale ni d'autocensure. Il faut foncer : Go-for-it !

Ces entrepreneurs ambitieux désirent apprendre de n'importe qui et sont très intéressés par la vision d’autrui sur le futur. Ils n'hésitent pas à engager des conversations avec des inconnus. Cette mentalité est rafraîchissante pour moi qui ai souvent eu l'impression, lors d’événements à Paris, que rejoindre un groupe de personnes et me présenter était intimidant. Ici, c'est l'objectif de l’événement, pas le problème !

 

« Give back. Pay it forward »  

Au moment même où j'écris cet article, je reçois un message de Jeremy High, CEO de FreshPortal : « Je ne serais nulle part si on ne m’avait pas présenté à des gens comme vous deux. » Ce message dépeint très bien le troisième aspect de la mentalité américaine que je souhaite mettre en avant : les entrepreneurs réussissent parce qu'ils ont été aidés. Ils sont maintenant à transmettre, à leur tour, leur savoir et cela facilite grandement la mise en relation.

Sur une présentation Powerpoint destinée à des Business Angels que j’ai reçue d’un investisseur à San Francisco, on pouvait lire : « Il arrive qu'un fondateur ait besoin de conseils - tant mieux, aidez-le ! » «  Les fondateurs se souviennent de tout ce que vous faites pour eux. » «  Cette réunion de 30 minutes peut être la plus importante de la vie d'un founder. » « Quand le founder vaudra des milliards, il se souviendra de tout ce que vous avez fait pour lui pendant son ascension. Même les choses que vous avez oubliées ! » Avant d’arriver ici, je considérais qu’il valait mieux garder pour soi les meilleurs conseils que l'on avait reçus afin de réussir. Ces quatre points prennent le contre-pied de cette idée. Pour « Pay it forward », il faut « Give Back », sans quoi les connexions, la collaboration et l’innovation sont ralenties.

Voilà une bonne leçon : quand on est entrepreneur, on ne marche pas seul. Les gens ici ne vous voient pas comme leur concurrent, mais comme leur allié, leur futur partenaire !

 

Prochaine étapes

Adoptez la mentalité du « Go-for-it !» : foncez dans vos projets ! Le réseau est clé pour faire évoluer une start-up rapidement. C'est un travail du quotidien et les Californiens l'ont non seulement bien compris mais organisent aussi leur vie autour de la recherche continue d’opportunités. Ma règle ici, pour mener à bien cette mission que de m’immerger dans l’écosystème Tech et Start-up, est de garder les yeux et l'esprit. Tous ont quelque chose à m'apprendre et les opportunités se trouvent en face de moi : de mon voisin de bus aux serial-entrepreneurs.

Dans les semaines qui suivent, je continue à explorer l'écosystème des startups avec mon sac à dos. Il me reste trois semaines à San Francisco avant de rentrer à Los Angeles. Ma deuxième réponse à la question « Qu’est-ce que l'ADN californien lorsque l’on lance une startup ? » arrive très vite.