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Coronavirus : des États américains en profitent pour suspendre les IVG

IVG aux États-UnisIVG aux États-Unis
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 25 mars 2020, mis à jour le 25 mars 2020

Alors que plusieurs États ont tenté, ces derniers mois, de prendre des mesures afin de limiter le droit et l’accès à l’avortement, deux États américains viennent d’annoncer la suspension des avortements au nom de la pandémie de nouveau coronavirus.

 

Le Texas et l’Ohio

Ce sont les femmes qui trinquent, encore une fois ! Face à l’accélération dramatique du nombre de cas confirmés au covid-19, le Texas et l’Ohio, deux États américains conservateurs, viennent d’annoncer la suspension des avortements qu’ils estiment être des actes chirurgicaux non essentiels et non urgents.

Le gouverneur du Texas Greg Abbott a ordonné samedi le report « des interventions qui ne sont pas immédiatement nécessaires sur un plan médical », afin d’assurer la disponibilité des lits pour les malades du Covid-19 et des équipements de protection pour les personnels chargés de les soigner. Cet ordre s’applique aux interruptions volontaires de grossesse (IVG) sauf en cas de danger pour la vie de la mère, a précisé lundi le procureur général de cet Etat conservateur du sud des Etats-Unis, Ken Paxton.

« Ceux qui enfreignent l’ordre du gouverneur seront sanctionnés avec toute la force de la loi », a-t-il ajouté dans un communiqué, en mentionnant des peines pouvant aller jusqu’à 180 jours de prison et 1.000 dollars d’amende.

Face à cette mesure à effet immédiat, les associations de défense des droits des femmes sont montées au créneau en dénonçant une manœuvre  idéologique  et rappelant que les avortements ne pouvaient pas attendre.

L’Ohio a emboîté le pas au Texas. Et après une décision des autorités sanitaires de suspendre les opérations non urgentes, le procureur général a adressé des courriers à trois cliniques pratiquant des IVG pour leur ordonner de s’y plier. « Ce n’est pas une question d’avortement, une lettre a également été adressée à un groupe d’urologie », a déclaré Bethany McCorkle, la porte-parole du procureur. Deux des cliniques concernées, gérées par l’organisation Planned Parenthood, ont assuré se plier aux consignes et avoir suspendu les interventions non urgentes. Mais, ont-elles ajouté dans un communiqué, « les avortements sont des procédures médicales essentielles et urgentes ».

 

Les conservateurs au créneau

La Cour suprême des Etats-unis a reconnu en 1973 le droit de tous les Américains à avorter, mais autorise les Etats à légiférer pour encadrer la pratique, ce qui a créé de fortes disparités régionales. Depuis un an, une véritable bataille est lancée dans les États les plus conservateurs du pays contre le droit à l’avortement. Soutenus par Donald Trump, ils multiplient les actions pour abolir ce droit qu’on les femmes américaines de disposer de leur corps.

En janvier dernier, plus de 200 membres du congrès américain ont adressé à la Cour suprême une lettre lui demandant d’étudier une annulation de la décision « Roe v Wade » de 1973 qui avait légalisé l’ avortement. Sur les 207 signataires, seuls deux sont démocrates. Une quarantaine d’entre eux sont sénateurs tandis que les autres siègent à la Chambre des représentants. Les élus exprimaient alors leur soutien à une loi de l’État de Louisiane de 2014 qui limite l’accès à l’avortement.

Manifestement, au pays de l’oncle Sam et avec un regard conservateur, un avortement n’est pas considéré comme une procédure médicale essentielle et urgente.