Quitter la France à 19 ans pour tenter l’aventure américaine : Héloïse Pieaud l’a fait. Neuf ans plus tard, la pianiste dirige à Manhattan une école de musique pensée comme une maison, où petits et grands trouvent leur mélodie. « Chaque jour, j’ai besoin d’une heure pour rêver », confie-t-elle. Une philosophie qui guide aussi bien sa vie que son école.


Il suffit de pousser la porte de l’école d’Héloïse Pieaud pour comprendre : ici, la musique se vit comme un rêve éveillé. Derrière ce lieu singulier, une Française expatriée, qui, depuis l’âge de six ans, a choisi le piano comme passeport vers le rêve américain. Ce chemin, Héloïse Pieaud ne l’a pas pris par hasard. Le déclic ? Une rencontre avec un professeur américain lors d’une masterclass à Tignes. « C’était une approche totalement différente de l’enseignement que j’avais connu en France, qui manquait parfois de bienveillance. Je me sentais beaucoup plus en confiance », confie-t-elle.
« Chaque jour, j’ai besoin d’une heure pour rêver. »
Rêver les pieds sur terre
Depuis son arrivée à Manhattan, la pianiste revendique cette philosophie : « Chaque jour, j’ai besoin d’une heure pour rêver, confie-t-elle, pas pour m’évader, mais pour me plonger dans mon imagination ».
Si Héloïse Pieaud parle de rêve, ce n’est jamais au sens d’illusion. « Rêver, ce n’est pas flotter au hasard. Il faut toujours garder les pieds sur terre », dit-elle. Installée depuis neuf ans à New York, elle garde une lucidité sur la dureté de la ville : « L’amitié est timée, tout est transactionnel. Il faut savoir pourquoi on vient, sinon on se fait manger », dit-elle.
« À New York, il faut mettre son ego de côté »
Car s’installer à Manhattan n’a pas été sans difficultés pour la Toulousaine. Frais de scolarité exorbitants, précarité du statut d’artiste, visa… Autant de défis à surmonter. Héloïse Pieaud n’a néanmoins jamais reculé devant les petits boulots : « J’ai promené des chiens, été assistante, donné des cours privés, fait des concerts. À New York, il faut mettre son ego de côté ».
La Maison School of Music : l’école de ses rêves
C’est en donnant des cours particuliers qu’Héloïse Pieaud découvre sa vocation : transmettre. Pour transformer cette passion en projet, elle s’offre une parenthèse d’études en France, à l’école polytechnique X-HEC Paris.
Soutenue par des investisseurs, elle fonde en avril 2024 La Maison School of Music, une école de musique unique installée au cœur de Manhattan. « L’endroit a été pensé comme une maison, avec des tapis, une cuisine et même des serviettes chaudes pour les mains. Je voulais que les élèves s’y sentent bien, comme chez eux. »

Dans la salle des enfants, une fresque réalisée par l’illustratrice française Sonia Cavallini accueille les plus jeunes : « Je voulais que ce soit un univers magique. Les animaux dessinés sur les murs se retrouvent ensuite dans leurs livres d’exercices. C’est leur monde, leur rêve à eux ». Un monde que la professeure décrit comme « affectif et plein d’humour », où chaque personnage devient un compagnon de jeu et d’apprentissage.

Son programme s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes, avec une approche innovante : « Je ne voulais pas que les cours soient ennuyeux. Toutes les dix minutes, on change d’activité : lecture de notes, histoire de la musique, jeux… L’idée, c’est que personne ne dorme ». Et pour les adultes, elle a créé un programme qui porte bien son nom, Never Too Late : « Trop d'adultes se sont éloignés à regret du piano. Ils ont le droit de reprendre avec confiance et plaisir. La Maison est aussi pour eux ».
Et à en croire son énergie, la jeune professeure n’en a pas fini de rêver. Après New York, elle envisage déjà une deuxième école, une application éducative et des recherches en neurosciences. Et pourquoi pas, un jour, une Maison School of Music à Paris.
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