La venue à New York d’Éléonore Caroit, si elle fut brève, du 12 au 14 novembre, n’est cependant pas passée inaperçue, tant elle a laissé une forte impression et a été riche de nombreuses rencontres, entretiens et évènements marquants. Rencontre new-yorkaise avec la ministre déléguée chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger. "La diversité est pour moi une valeur forte que j’entends porter au sein de la francophonie", nous explique-t-elle.


Le profil de la ministre ne pouvait que séduire les Français de New York qu’elle a pu rencontrer tout au long de son séjour, tant son parcours de carrière, son dynamisme et son engagement très actif sur un large domaine de compétences font sens auprès de toutes celles et ceux qui vivent et travaillent dans Big Apple.
Âgée de 40 ans, Éléonore Caroit, récemment nommée au Gouvernement après avoir députée des Français établis hors de France de la 2ème circonscription, durant près de 3 ans, est une juriste de formation, diplômée de Columbia University, de l’Institut d’Études Politiques de Paris et de l’Université Panthéon Sorbonne.
Avocate inscrite aux Barreaux de Paris et New York et à l’Ordre des avocats de Genève, son parcours est très international, puisque bien que née à Paris, elle est la fille du journaliste français Jean-Michel Caroit, qui vit en République dominicaine et d’une juriste dominicaine. Ayant fait ses études secondaires au lycée français de Saint Domingue, elle possède les nationalités française, suisse et dominicaine. Elle connaît parfaitement New York, puisqu’outre ses études supérieures à Columbia, elle a aussi été un temps stagiaire à la FiaF, aujourd'hui l'Alliance New York, du temps où Marie-Monique Steckel la présidait.
lepetitjournal.com a interviewé la ministre lors de cette visite et pris acte de sa volonté de promouvoir la francophonie, la diplomatie féministe, les droits des français de l’étranger, l’identité culturelle de la France et son développement économique de ce côté de l’Atlantique, sachant qu’au global elle est la porte parole des 3,5 millions de Français qui vivent à l’étranger à travers le monde.
Un projet de double diplôme entre Columbia et la Sorbonne est en cours d’étude
Quels partenariats privilégiés souhaitez-vous poursuivre ou initier avec les institutions culturelles new-yorkaises?
Un des aspects les plus importants est le renforcement de la coopération académique, scientifique et culturelle, surtout tournée vers les universités et les partenariats académiques. Je suis notamment allée à la School of International and Public Affairs (SIPA) de Columbia pour y rencontrer des étudiants et pour promouvoir les programmes que la France y porte, notamment les bourses Lafayette, qui permettent à des étudiants américains de venir étudier en France, et le programme Chateaubriand destinés aux doctorants PhD. Ces programmes ont un succès incroyable.
Un projet de double diplôme entre Columbia et la Sorbonne est en cours d’étude. Le Président de la République est par ailleurs très attentif aux programmes scientifiques liés aux changements climatiques et à l’intelligence artificielle.
Aux États-Unis, les établissements scolaires sont des partenaires qui ont beaucoup de liberté dans la fixation de leurs droits de scolarité
Vous avez visité le lycée français de New York pour son 90e anniversaire mais aussi The Ecole. D’une façon plus générale, comment voyez-vous le soutien de la France au réseau des écoles francophones de New York et quelle réponse pouvez-vous apporter à la question du coût de ces études pour les familles?
Sur ce dernier point notre politique globale de soutien aux familles qui sont éligibles va se poursuivre au travers de nos programmes de bourses d’études. Aux États-Unis, les établissements scolaires sont des partenaires qui ont beaucoup de liberté dans la fixation de leurs droits de scolarité, mais restent rattachés au système AEFE, à travers l’homologation, par les programmes et leurs débouchés. J’ai aussi suivi l’initiative privée de The Ecole, sous l’impulsion de familles françaises dynamiques, et qui offre un modèle de bourses et de mixité intéressant.
Ces sujets me tiennent d’autant plus à coeur que je n’aurais pas pu avoir mon parcours professionnel si je n’avais pas eu la chance d’être scolarisée dans un lycée français à Saint-Domingue. C’est le réseau de l'AEFE, qui m’a permis de parler français et de faire une partie de mes études en France. Et c’est ce modèle que je défendrai dans le cadre de la réforme de l’AEFE, à laquelle je suis très attachée.
J’ai dans mon portefeuille l’important sujet de la réforme de l’AEFE
Comment la francophonie peut-elle se développer aux Etats-Unis ?
La chanteuse Angèle qui a reçu le prix de l’Alliance française est un parfait exemple de comment la francophonie s’incarne et se transmet, notamment auprès des jeunes auprès desquels elle est très populaire. J’ai donc été très honorée de lui remettre ce prix. L’acteur Bradley Cooper, qui parle excellemment français est un autre exemple très symbolique. J’ai dans mon portefeuille l’important sujet de la réforme de l’AEFE, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, notamment destinée à assurer sa viabilité financière et sa pérennité. Aujourd’hui, nous célébrons le 90ème anniversaire du Lycée français de New York, et c’est l’un des temps forts de mon déplacement, qui me tient d’autant plus à coeur que je suis une ancienne élève d’un lycée français à l’étranger, parente d’élève et membre de conseil d’établissement à l’étranger.
Plus globalement, il y a une politique très claire de la part du Gouvernement français de soutenir le développement du réseau d’éducation française à l’étranger. C’est un outil formidable d’influence et d’attractivité.
La diversité est pour moi une valeur forte que j’entends porter au sein de la francophonie.
Que pouvez-vous nous dire de vos échanges avec vos correspondants à l’ONU pour consolider l’engagement de la France en matière de protection des droits des femmes?
J’ai pu rencontrer Mme Amina Mohammed, Vice-secrétaire de l’ONU, très engagée dans l’accès à l’éducation et aux droits sociaux. Au cours de cette mission, j’ai présidé un échange réunissant toutes les agences onusiennes qui portent ce combat de la défense du droit des femmes, et avec les représentants permanents des pays engagés avec nous, comme la Colombie. L’un des sujets était d’avoir plus de femmes dans les processus de négociation et de paix. La voix de la France est très entendue et attendue aussi sur ce sujet.
Nous avons mis en place une politique de diplomatie féministe depuis 2019, portée par l’ensemble de nos représentations diplomatiques, et qui se traduit notamment par le fait qu’aujourd’hui 40% de nos ambassades sont dirigées par des femmes. Il ne vous échappe d’ailleurs pas que je suis moi-même une ministre femme. La diversité est pour moi une valeur forte que j’entends porter au sein de la francophonie.
Comment comptez-vous impulser le soutien financier privé des principales fondations et philanthropes américains?
L’un des buts importants de ma visite à New York était aussi de soutenir l’action de l’Alliance New York (ex Fiaf), qui organisait son évènement annuel de levées de fonds. Cela me tient d’autant plus à coeur que je m’occupais de la programmation culturelle de cette institution lorsque j’y étais jeune stagiaire de Sciences Po à l’époque. Je crois beaucoup dans les partenariats publics/privés. J’ai d’ailleurs pu réunir les principales fondations américaines avec lesquelles on travaille, par exemple les fondations Rockfeller, Clinton, Moore, pour les inciter à financer le développement de leurs actions avec la France.
Comment souhaitez-vous promouvoir l’action de la France, dans votre domaine de compétences, auprès de la nouvelle majorité élue à la municipalité de New York ?
Nous étions ouverts à les rencontrer. Cela ne s’est pas fait dans des délais aussi courts, mais ce pourra être un sujet pour un prochain déplacement. Nos premiers contacts sont positifs.
C’est une communauté qui va très vite, qui innove, qui investit dans tous les secteurs
Que retiendrez-vous de vos rencontres avec la communauté française de New York ?
Elle est toujours aussi dynamique et vibrante et c’est un bonheur de la retrouver ici. C’est une communauté qui va très vite, qui innove, qui investit dans tous les secteurs, qui est très bien intégrée dans l’écosystème américain, mais qui est très attachée à son identité française. Je suis très fière de la représenter. Il y a bien sûr des préjugés ou des clichés pas toujours positifs qui circulent sur elle, notamment au sein de l’Assemblée Nationale, mais je suis bien déterminée à les combattre.
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