Édition internationale

Avec BioWraptor, Maëva Coste révolutionne la biotech à New York

Installée à New York, la chercheuse française Maëva Coste a fondé BioWraptor, une start-up bio-inspirée qui entend protéger les molécules sensibles et révolutionner leur conservation.

Maëva Coste, fondatrice de BioWraptorMaëva Coste, fondatrice de BioWraptor
Écrit par Sherilyn Soekatma
Publié le 1 septembre 2025, mis à jour le 22 octobre 2025

 

« Mon grand-père était chercheur en chimie. Moi, je voulais être médecin, mais finalement j’ai suivi son chemin », confie Maëva Coste, docteure en ingénierie biomoléculaire à New York. Très tôt, elle choisit de mettre la science au service de la santé et de l’environnement.

 

 « La nature est le plus grand laboratoire qui existe. »

 

La chimie des possibles

Après une thèse en chimie et ingénierie biomoléculaire à l’Institut des Biomolécules Max Mousseron à Montpellier, Maëva Coste traverse l’Atlantique pour un post-doctorat à l’Advanced Science Research Center, un institut de recherche rattaché à la City University of New York. Là-bas, elle développe des nanotechnologies bio-inspirées en s’appuyant sur l’auto-assemblage de briques élémentaires naturelles : les peptides et se spécialise dans le biomimétisme, une approche scientifique qui « part du principe que la nature est le plus grand laboratoire qui existe ».

 

 

À son arrivée aux États-Unis en janvier 2022, la jeune docteure hésite encore entre académie et industrie. Les opportunités offertes par New York l’amènent à multiplier les expériences et les rencontres : « J’ai commencé par faire du networking, puis consulting et j’ai travaillé pour plusieurs start-ups », raconte Maëva Coste. « New York investit massivement dans la biotech, et cela m’a donné envie de tenter ma chance ».

De fil en aiguille, la docteure co-développe une technologie brevetée et intègre le prestigieux programme Activate en 2025, qui lui apporte financement non-dilutif, locaux, réseau, mentorat de haut niveau, et formation de CEO. « Nous sommes 39 sélectionnés sur plus de 1 000 candidatures, et je suis payée pendant deux ans pour développer ma start-up », confie-t-elle. « Au-delà du financement, l’un des aspects essentiels de ce programme est l’accès à une communauté : des personnes très expérimentées qui nous conseillent et nous guident, mais aussi d’autres entrepreneurs qui traversent les mêmes étapes et vivent les mêmes défis que nous. »

 

 

BioWraptor, un bouclier bio-inspiré

Avec BioWraptor, la start-up qu’elle a fondée en janvier 2024, Maëva Coste veut relever un défi colossal : protéger les molécules fragiles qui composent nos médicaments, vaccins, diagnostics, cosmétiques, biocapteurs ou produits agricoles.

« Nous avons créé une capsule bio-inspirée qui protège les ingrédients actifs de la chaleur, de la lumière, de l’oxydation ou de l’humidité. L’idée est d’éliminer la chaîne du froid et de réduire les pertes, tout en limitant les émissions carbone et augmentant l'accessibilité », explique la docteure.

Son innovation se présente comme une sorte de « bio-wrapper », un enrobage dynamique capable de préserver la stabilité des molécules les plus sensibles. Un progrès majeur « quand on sait que 70% des produits de santé dépendent de la chaîne du froid, et que 35 milliards de dollars sont perdus chaque année à cause de sa fragilité ».

 

Maëva Coste, fondatrice de BioWraptor
Crédit : Jack Trees

 

Les perspectives de BioWraptor sont immenses : santé, agriculture, défense, cosmétique… « Notre solution pourrait changer la donne, en rendant les traitements plus accessibles, en réduisant les coûts et en allégeant l’empreinte carbone de l’industrie. »

 

« Seul, on n’est rien. Le secret, c’est la communauté. »

 

« Seul, on n’est rien »

Derrière l’enthousiasme et la réussite, elle parle sans filtre de son « syndrôme de l’imposteur » et de ses doutes en tant que femme scientifique : « Certaines conférences rassemblent presque uniquement des hommes plus âgés et très expérimentés. Dans ces moments-là, ce n’est pas évident de se sentir légitime quand on est une jeune femme scientifique », confie-t-elle.

Pourtant, elle avance, poussée par une communauté solide : « Seul, on n’est rien. Le secret, c’est la communauté. Aux États-Unis, j’ai trouvé un accompagnement incroyable, avec des réseaux et des mentors prêts à soutenir les jeunes chercheurs. C’est ce qui me porte ».

Si elle a trouvé à New York une effervescence scientifique et entrepreneuriale, Maëva Coste reste attachée à son pays : « Je garde toujours un lien fort avec la France. Idéalement, j’aimerais ouvrir une antenne de ma start-up dans le sud ». Mais avant cela, elle se donne deux ans pour faire ses preuves, et, si tout réussit, « s’accorder enfin un voyage de six mois en Asie, pour souffler un peu ».

 

Maëva Coste tient à remercier le Professeur Rein Ulijn, également co-fondateur de BioWraptor, son mentor industriel, Tavis Ezell, directeur du développement commercial à l'ASRC Center for Advanced Technology – CAT, Andrew Chang, Natasha Feshbach et Hailey Faust, qui forment l’équipe dirigeante d’Activate New York, Jill Fuss, directrice générale d’Activate Berkeley, Roxana Piotrowska, Yuki X. Chen, Tasnim Jackson, Cira Cardaci et Ariella Trotsenko au NYC Innovation Hot Spot, Stéphanie Liot et Paul Cousin à la Maison de l’Occitanie à New York, Ranulfo (Randy) Allen, PhD, Christian Theriault et Melissa Fensterstock chez Material Impact, Sherry Bermeo à Columbia Technology Ventures, Marion Siboni à La Crème de la STEM™, Maïlys Colloca chez EVOLV'HER, Rajesh Naik, Jean-Christian (JC) Jung, Eric Trinquet, Yasmeen Ahmed Pattie, Rich Allan et Celia Belline.

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