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Ces Français des États-Unis qui ont voté, ou soutiennent, Donald Trump

Français votent TrumpFrançais votent Trump
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 4 novembre 2020

Qui sont ces Français installés aux États-Unis qui votent ou soutiennent Donald Trump ? Qu’est-ce qui les motive dans ce choix politique et électoral ? Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les Français à exprimer leur soutien au président sortant. Ils acceptent toutefois plus difficilement d’exprimer leur point de vue dans les médias. Notre édition est partie à la rencontre de Français installés dans le New Jersey, Chicago ou en Floride qui ont accepté de témoigner et de rendre compte de leurs motivations et croyances dans leur soutien à l’administration Trump. Voici ce qu’ils pensent.

 

Christian*, ancien-militaire installé à Chicago depuis 2013, marié à une Américaine démocrate

« Je voterais Trump pour la reprise de l’économie au plus vite et pour la sécurité, » explique cet ancien militaire de carrière, installé à Chicago qui sera naturaliser Américain le lendemain de l’élection présidentielle américaine. Très courtoisement et calmement, il livre son analyse de la situation de son soutien à Donald Trump.

Le traitement du COVID-19 par les États démocrates entraîne la fermeture des commerces, des buildings, etc. Le confinement devait servir à organiser les hôpitaux et protéger les gens « à risque ». Ils ont fait cela à Chicago, d’ailleurs l’espace - Mac Cormic - qu’ils ont créé pour recevoir les nombreux cas a fermé, cet espace a été utilisé à un infime pourcentage.

Employé dans la sécurité, je prends un exemple dans mon milieu : quand un security officer perd son travail, il perd son assurance santé par la même occasion. S’il tombe malade, sans assurance santé, il attendra le dernier moment pour consulter et ce sera trop tard. Voilà pourquoi je suis pour une reprise rapide de l’économie, pour que les gens puissent travailler et bénéficier d’une assurance santé.

Je n’aime pas Trump, l’homme, mais l’acharnement médiatique dont il a été victime durant quatre ans a été démesuré.  Joe Biden, selon moi,  c’est Obama sans charisme ni éloquence. Le jeu de la complaisance démocrate et la victimisation constante des minorités accentue le communautarisme. C’est l’ordre et l’éducation qui apprennent la tolérance, le oui et le non. C’est pour cela que j’aurais voté Trump, par défaut.

Cet ancien militaire, fervent défenseur de l’ordre et de l’éducation, valeurs essentielles, selon lui au bon fonctionnement d’une démocratie, explique avoir voté Marine Le Pen en 2017, non pas pour donner sa voix au parti d’extrême-droite auquel il n’adhère pas, mais comme un « non » à Emmanuel Macron. « Tout le monde n’ a pas le même rapport à la démocratie selon le pays où il est né et a grandi, selon son histoire. » Ce qui explique, selon lui, que toutes les migrations ne sont pas possibles.

 

Chris Arnel, installée aux Etats-Unis depuis 1994, infirmière dans le New Jersey

« Je suis installée aux USA depuis 1994 et c’est la seconde fois que je vote. À mon arrivée, je n’étais pas très sensible aux différents partis américains, très différents de la représentation politique de la France. Je n’étais pas très intéressée par la politique américaine ». Et puis avec le temps, les choses changent. En 2008, son ex-mari soutient Obama, et elle aussi. En 2012, avec la perspective de l’Obamacare, elle convainc son ex-mari, qui travaille dans l’assurance santé, de voter pour Mitt Romney. Ce qu’il fait. « En 2016, nous avons eu cet espèce de choix entre Hillary Clinton - je déteste les Clinton et ils ne représentent pas mes valeurs - et Donald Trump. Je ne connaissais pas le personnage, juste son show à la noix à la télé. »

Alors, cette mère de famille découvre le candidat Trump « j’ai trouvé qu’il s’adressait au peuple, qu’il savait parler à l’Américain de base ». Autre point qui la séduit, selon elle, Trump n’a pas un discours libéral qui ne s’adresse finalement qu’à une élite. Pour elle, quand on est riche et aisé, « comme la population de l’Upper East Side ou Upper West Side de Manhattan » on peut facilement tenir un discours d’ouverture, mais en payant des écoles privées très onéreuses pour l’éducation des enfants. Pour elle, « ceux qui tiennent  des discours d’ouverture ne mélangent pourtant pas leurs enfants avec des minorités ». En 2016, elle décide de voter pour Trump, une semaine avant le scrutin. « Je ne voulais pas qu’Hillary soit élue, j’avais décidé de voter blanc, jusqu’à ce que je décide d’assumer mon choix et de voter Trump ». Le personnage ? « Il dit beaucoup de conneries, il est sans filtre, il est très étrange, mais je n’ai jamais été choquée par ses propos ». Et de rajouter « on peut ne pas aimer Trump et voter pour lui ! »

La Française se dit attachée aux valeurs traditionnelles telles que la famille, le travail et la responsabilité individuelle. Favorable à l’avortement « mais dans la limite du raisonnable », elle se dit aussi sensible aux préoccupations environnementales, « même si ce n’est pas une priorité ».

« Le rêve américain est encore possible, mais il faut travailler pour réussir, c’est un pays pionnier, ça serait dommage que les États-Unis deviennent comme l’Europe » explique-t-elle.

Concernant la politique française, la mère de famille se considère aujourd’hui de droite. Proche de l’UFE New York au niveau local, elle a voté pour François Mitterand en 1981 et 1988. En 2002, elle vote contre le Front National.

En 2020, elle redonne sa voix à Trump « je trouve qu’il a fait un bon boulot ».

 

Tony*, entrepreneur, installé à Miami depuis 6 ans

Je ne vote pas, je suis sous visa. Mais je soutiens la politique de Trump et j’espère qu’il va être réélu. Je suis venu m’installer à Miami en tant qu’entrepreneur. Ici, tout est beaucoup plus simple qu’en France. Je crois qu’ici tout est possible tant que l’on y croit et que l’on se bat pour y arriver. Je déteste le côté assistanat en France, on assiste trop et tout le monde. Ce que j’aime en Trump, c’est qu’il représente la réussite, le self-made man. Il a monté un empire et il a rendu le pays plus fort. Je suis partisan de sa politique anti-immigration, même si j’ai été choqué qu’il sépare des enfants de leurs parents. Mais en faisant cela, il a envoyé un signal fort aux migrants. Les États-Unis ne sont pas une terre d’accueil pour ceux qui viennent y chercher refuge, ils sont une terre d’accueil pour ceux qui veulent travailler et investir. Biden est un gauchiste qui veut ouvrir les frontières comme Hollande ou Macron l’ont fait et le font en France. Ils ont saccagé la France, ce que Mitterand avait commencé à faire. Il ne faut pas que les États-Unis connaissent le même sort. Ici, c’est marche ou crève, law and order ! Trump a redynamisé le pays après huit ans d’administration Obama. Il est un peu cru, mais cela fait partie du personnage. Ce n’est pas le méchant personnage que les médias de gauche cherchent à faire croire. C’est un homme de droite, avec des valeurs. Il sait se faire respecter et n’est le caniche d’aucun politique. Je n’ai qu’une chose à dire : Trump 2020 ! Il faudrait un homme ou une femme de cette trempe pour relever la France ! Peut-être Marine...

 

Anna Alexis Michel, artiste installée en Floride

Je suis artiste, établie en Floride, je ne vote pas encore, mais mon entourage direct oui. Je connais bien la société américaine dans toutes ses composantes. Voici quelques éléments qui permettent d'expliquer, sans diaboliser, pourquoi Trump a encore de grandes chances de gagner ces élections.

Le rêve américain : les Américains adorent le mythe du héros qui gagne en dépit de l'adversité. La victoire d'Obama et celle de Trump, les deux outsiders, procèdent du même scénario. Le vote "raisonnable" à l'Européenne ne fait pas rêver. Il est probable que le Trump bashing incessant a créé un renforcement.

Biden-Harris n'est pas un tandem qui mobilise les démocrates. Les primaires ont montré un parti extrêmement divisé du centre à l'extrême gauche, il n'y aura donc pas de vote d'enthousiasme mais un vote de raison, et a donné lieu à un accord sur un tandem comprenant un Biden qui rêve depuis toujours d'être président et pour qui, c'est la dernière chance, et une Harris qui remplit toutes les cases de la diversité, asiatique, noire, mariée à un Juif, mais dans laquelle l'électorat populaire démocrate ne se reconnaît pas, ultra diplômée, fille de deux professeurs d'universités prestigieuses, sans enfants. Son score minuscule aux primaires en est la preuve. L'accord du tandem est vraisemblablement une passation de pouvoir entre eux à mi-mandat, or beaucoup craignent Kamala.

La démocratie indirecte : par le mécanisme des grands électeurs qui pondèrent le poids des États dans le scrutin et le principe du winner takes it all, le scrutin n'est pas emporté par le nombre de votes exprimés mais par l'endroit où ils s'expriment; les swing states, dont la Floride, jouent donc un rôle majeur.

Black Lives Matter : leurs excès, ajoutés au soutien aveugle des maires démocrates, ont détourné une partie de l'électorat noir et latino du vote démocrate. Le parti républicain a, de son côté, fait un travail didactique rappelant que la fin de l'esclavage et ensuite de la ségrégation sont le fait du parti républicain - c'est un fait historique -  et que les racistes sont les démocrates qui ont fondé le ku klux klan, c'est vrai, et ont récupéré l'électorat noir en le tenant en état de suggestion par clientélisme. Biden a fait pas mal de gaffes là-dessus « poor kids are just as smart as white kids, sous-entendant que les Noirs et les pauvres sont similaires.

Le vote évangélique et chrétien en général : en déplaçant son ambassade à Jérusalem, Trump remplit la vision prophétique biblique permettant le retour du Christ sur terre, il est donc suivi par tous les évangélistes ; en s'affichant pro-life, il s'ajoute tous les autres chrétiens dont les catholiques latinos. Là aussi, un travail "didactique" a été fait en démontrant que planned parenthood , le planning familial, ne fait pas de l'aide à la parentalité mais uniquement de l'avortement - pas de suivi de grossesse proposé dans plus de 90 % des centres - et qu'en avortant en majorité des Africaines-americaines, on crée une sous-représentation de cette minorité, un déficit de population estimé à deux millions. Ainsi le message est clair, les démocrates veulent vous contenir dans vos poches de pauvreté et contenir votre nombre, au lieu de vous aider à réussir.

La politique étrangère : aucune guerre déclarée, les États-Unis ne sont plus le gendarme du monde, le conflit avec la Corée du nord est dépassé, ce qui se passe ailleurs n'est pas leur problème. Au contraire, Trump a négocié trois accords de paix entre Israël et des pays Arabes. Il a remplacé les bombardements par des traités. D'autant plus facilement que les États-Unis ont atteint l'autonomie énergétique avec le fracking, plus besoin d'aller faire la guerre ailleurs pour contrôler les ressources. Notez que le fracking n'est plus ce qui fait la différence entre Trump et Biden, puisque Biden a finalement changé d'avis et dit qu'il ne l'interdirait pas, perdant une grande partie de l'électorat de gauche. Ne plus avoir de GI tué à l'étranger est important pour les familles américaines.

Quant à la Floride, c'est un swing state essentiellement parce que c'est un État où coexistent deux populations très différentes : des blancs riches de New York ou d'ailleurs qui votent démocrates à l'Européenne, par principe philosophique même si ce n'est pas leur intérêt, et des latinos et haïtiens. Les latinos sont pour beaucoup cubains et ne voteront pas pour la gauche qu'ils ont fuie. Les Haïtiens sont majoritairement très croyants. Ces deux communautés dépendent de programmes d'aides, mais la plupart d'entre eux ont fui leurs pays en proie au marasme économique et n'en veulent pas ici, donc beaucoup voteront Trump.

Enfin, la COVID. L'alternative est simple, avec les démocrates tout sera fermé jusque 2022. Avec les républicains, tout sera ouvert avec des précautions d'usage évidemment. Le choix pour les petits commerçants est vite fait.

 

Paula*, entrepreneure dans le commerce et Caroline*, coach de vie, installées à Fort Lauderale.

Française installée en Floride, Paula a voté pour la première fois ce 3 novembre 2020. Sa meilleure amie Caroline est installée ici depuis 25 ans. Toutes les deux ont voté pour Donald Trump, le seul candidat a pouvoir protéger la démocratie, selon les deux amies. « Les gens qui votent Trump, sauf ceux qui sont en amour du personnage - ce qui n’est pas mon cas - votent contre le projet démocrate » explique Paula. Et de rajouter «  les Américains et les franco-Américains ont chacun leur motivation, mais le pont commun est de faire rempart au projet progressiste porté par la gauche ». Augmentation des impôts, création d’aides sociales, régularisation massive des étrangers, ouvertures des frontières sont autant d’éléments qui ont conduit l’Europe à la situation sociale et dramatique dans laquelle le vieux continent se trouve aujourd’hui selon Paula et Caroline. Et autant de mesures qui aboutiraient à enterrer l’American Spirit. Des électeurs de Trump, les deux amies distinguent la base dure, ces personnages virulents, que les médias montrent du doigt, selon elles. Et puis, il y a des couches, c’est là qu’elles situent leur vote. Elle s’accordent sur un autre point, le personnage Trump. « C’est un homme qui n’est ni élégant, ni raffiné, ni cultivé » explique Caroline.  « Mais il est le seul à pouvoir faire rempart aux démocrates » rajoute son amie. Parce que l’objet du vote Trump est bien là. Voter contre un Parti démocrate jugé de gauche.

Paula est une maman de trois grands enfants, elle quitte Paris en 2006 après l’assassinat d’Ilan Halimi, sauvagement assassiné par le gang des barbares en raison de sa confession. « Mon fils s’est fait jeter d’une soirée organisée par un de ses copains bourgeois parce qu’il était juif ». Choquée, et par crainte de représailles dans une France qu’elle juge antisémite, elle quitte l’Hexagone pour les États-Unis. « Je refuse de payer des impôts qui servent à entretenir des gens qui égorgent les Français dans les rues » s’exclame-t-elle.

« Mon ami est démocrate, diplômé de Berkeley, le progressiste bien-pensant qui croit tout savoir et croit avoir raison sur tout ». Elle confirme, chez elle, c’est animé. Autre reproche qu’elle fait aux électeurs démocrates, leur outrecuidance. « J’ai véçu à San Francisco, la ville est passée de quelques noirs à plus de noirs du tout. Les riches blancs ont fait un ghetto d’hommes blancs, riches diplômés et gay ». Une forme de racisme insupportable pour elle. De la Californie, un État riche où de familles très argentées vivent, elle poursuit son accusation : « les démocrates, sous leurs airs bien-pensant, exploitent les Mexicains, les gens de l’Est, ils les exploitent sans limites en leur versant les salaires les plus bas possibles », référence faite à l’endroit des gens de maisons. Et de conclure : « À Hollywood, les résidences ont les murs les plus hauts que l’on puisse construire, et les propriétaires de ces luxueuses demeures sont démocrates », référence faite au mur que Donald Trump a voulu construire à la frontière mexicaine, argument de sa campagne 2016 qui avait choqué une partie de l’opinion publique.

Dans les années 80, en France, Paula était socialiste, fan de Touche pas à mon pote, c’était une décennie d’insouciance, sans problèmes économiques d’envergure, selon elle. En 2020, aux États-Unis, Paula et Caroline sont « la majorité silencieuse ». Elles assument leur vote, mais craignent les représailles. Dans son couple, l’ami de Paula ignore qu’elle a voté aujourd’hui pour Donald Trump. Sa fille, une jeune adulte vote pour Biden. « Certainnes personnes ne disent pas qu’ils votent Trump à leurs enfants sous peine de ne plus avoir le droit de voir leurs petits-enfants ». Voter Trump aux États-Unis, ce n’est pas forcément être un supporter violent coiffé d’une casquette MAGA. C’est aussi être diplomé, être non-raciste et croire en un rêve américain calqué sur une valeur : le travail. Paula et Caroline font partie des électeurs de Trump, seul, selon elles, capable d’empêcher le pays de finir sous cloche socialiste.

Cette couche de l’électorat Trumpiste refuse aides sociales et immigration à outrance. Quand elles regardent le bilan de Trump, qu’elles défendent sans forcément aimer le personnage, elles voient un président qui tente de protéger le pays d’un laxisme démocrate. « Dans les villes démocrates, il y a plus de violence, plus de racisme, plus de crimes » explique Paula. Hors de question pour elle que le pays ressemble à une grande ville dirigée par un maire démocrate. « Quand les démocrates auront détruit les grandes villes, la démocratie sera morte » affirme Paula.

Elles voient aussi un président qui a augmenté les plus bas salaires, ceux des immigrés pauvres.

Elles n’aiment guère les médias, trop orientés et toujours anti-Trump, à leur goût. Des médias qui oublient, selon les deux amies, de rappeler que les cages dans lesquelles les enfants de migrants ont été enfermés, n’ont pas été mises en place par l’administration Trump, mais par l’administration Obama. Des enfants séparés de leurs parents, elles pensent que les médias omettent de dire que nombre d’entre eux ont été amenés aux États-Unis par des passeurs. Des médias qui oublient, toujours selon les deux amies, de rappeler que le Mouvement Black Lives Matter est profondément et originellement antisémite.

« Culturellement, je préfère les Démocrates, » explique Caroline « mais nous sommes hypnotisés par un programme débile. « Calamity » Harris va régner, si les Démocrtaes passent, Biden s’essouffle très vite, il l’a montré lors des deux débats télévisés. Elle règnera alors avec Obama, Warren et les autres débiles ». Mort annoncée de la démocratie américaine, selon les deux amies. Paula et Caroline, pas des farouches défendeures de Donald Trump, mais deux amies franco-américaines, rancunières d’un système européen qu’elle ne veulent surtout pas voir arriver aux États-Unis.

« Pour moi, populiste, cela signifie respecter le peuple », conclut Paula.

 

* les prénoms ont été changés à la demande des personnes qui ont livré leur témoignage.

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