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Anne-Sophie Plume, l’artiste qui peint le clivage entre les riches et les pauvres

L’artiste Anne-Sophie Plume devant une de ses oeuvres L’artiste Anne-Sophie Plume devant une de ses oeuvres
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 12 novembre 2021, mis à jour le 15 novembre 2021

Anne-Sophie Plume est une artiste française installée aux États-Unis et diplômée de la New York Studio School. Elle expose jusqu’au 29 novembre, à Established Gallery à Brooklyn, « Home•bound »,  une série de nouvelles peintures créées au cours de la pandémie, à New York. À ce moment-là, loin de ses proches, elle produit une série d’œuvres qui capturent les angoisses d'un monde en crise, filtrées à travers ses propres luttes.

 

Anne-Sophie Plume

 

 

Rachel Brunet : Parlez-nous de votre démarche artistique ?

Anne-Sophie Plume : Je peins de perception, pratiquement toujours de ce que je vois, soit de modèles qui posent dans mon studio ou de natures mortes que je construis. Il m'arrive aussi de peindre de mémoire. Mon médium est la peinture à l'huile. Les toiles sont en général de grand format, que je balance de plus en plus avec de petits formats. La peinture est épaisse et les marques assez urgentes. Je pense beaucoup aux couleurs les unes à côté des autres. J'ai appris à peindre à la New York Studio School et ça m'a permis de m'accoutumer aux grands maîtres de l'histoire de l'art tout en trouvant ma propre voie. 

 

Cette nouvelle exposition est votre première depuis le covid, un soulagement sinon un véritable retour à la vie et à l'art ?

J'ai eu mon diplôme de graduation de mon Master of Fine Arts durant le covid, ainsi que mon premier solo show à New York en même temps en novembre - décembre 2020, mais ce nouveau show signe vraiment un retour à la vie, plus de monde a pu faire le déplacement, et la galerie était pleine le jour du vernissage.

J'ai peint pendant toute la pandémie, malgré environ sept déménagements. C'est ce qui m'a permis de garder la tête hors de l'eau, loin de ma famille. 

 

Parlez-nous de votre exposition plus en détail, quelle est cette série que vous exposez ? Parlez-vous de votre message ?

Ce nouveau corps de travail est constitué de deux éléments particuliers : un caddie, qui représente le combat entre la surconsommation et la fragilité du logement et de la vie ici aux États-Unis. Le clivage entre les très riches et très pauvres. Et la facilité avec laquelle on peut traverser la limite entre les deux. J'ai fait poser plusieurs personnes dans ce caddie et les ai peintes. 

Le deuxième composant est les boîtes de médicaments. Elle représente l'industrie pharmaceutique face aux maladies mentales telles que la dépression. La facilité avec laquelle on est mis sous traitement et le suivi presque inexistant. N'ayant pas accès à une assurance maladie ici, j'ai traversé des mois de sevrages - non voulu - car mes traitements étaient bloqués à la douane, et hors de prix ici.

 

Anne-Sophie Plume

(c) Anne-Sophie Plume

 

L'art, vous êtes tombée dedans quand vous étiez petite ?

Pas du tout, je viens d'une famille très scientifique, j'ai fait un an de médecine, puis un BTS compta, puis un master en Innovations Technologiques et Financements Européens. J'ai commencé à peindre lorsque j'ai quitté mon travail dans une boîte pharmaceutique en Suisse, suite à un diagnostic et traitement de la maladie de Lyme après 7 ans d'errance médicale. 

J'ai choisi de prendre un ou deux ans de rétablissement, pendant lesquels, mon petit ami m'a offert des tubes de peinture, ne sachant plus quoi faire pour m'aider à sortir de la dépression. Ça a marché, j'ai commencé dans notre salon et je n'ai pas arrêté depuis.

 

Comment naît une oeuvre signée Anne-Sophie Plume ?

En général, très spontanément. Soit parce que j'ai quelqu'un qui veut bien poser pour moi, et que je trouve une mise intéressante, soit parce que je peins ce qui m'entoure. Les boîtes de pilules ont commencé parce que j'ai dû vider mon sac à main pour trouver mes clés, et que j'avais cinq boîtes dans mon sac. Mais je pense beaucoup à la dépression et aux gens qui la vivent, ainsi que d'autres maladies mentales, donc c'est un sujet omniprésent. 

Quand j'habitais en Californie, je m'arrêtais en voiture dès que je trouvais un endroit intéressant à peindre, j'avais ma peinture et mon chevalet dans le coffre. 

 

Vous avez toute une série de portraits, qui sont les personnages qui vous inspirent ?

La plupart sont des gens, soit proches soit que je rencontre, et en qui je vois quelque chose de spécial que j'ai envie de capturer. 

Peindre un portrait est pour moi l'occasion de montrer quelque chose qui ne se voit pas. C'est donner la parole à l'invisible. 

Un des portraits dans le show est accompagné d'un fichier audio de quinze minutes qui est le dialogue que j'ai eu avec la personne que je peignais, et interviewais en même temps. Elle raconte son histoire depuis qu'elle a été diagnostiquée bipolaire et sa prise en charge très agressive dans le Texas. 

 

 

Pour en savoir davantage sur l’artiste Anne-Sophie Plume

Pour visiter l’exposition d’AnnSophie Plume :

Anne-Sophie Plume

 

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