Alexandre Vulic, nouveau Consul général à Munich, évoque son parcours, son attachement à la Bavière et ses projets pour promouvoir les relations franco-allemandes et européennes.
Diplomate de carrière, Alexandre Vulic a passé plus de 27 ans dans la fonction publique avec un focus sur les questions européennes et notamment la reconstruction après la chute du bloc de l’Est. Depuis son enfance, il a un attachement particulier pour la Bavière et c’est donc à bras le corps qu’il a pris ses fonctions de Consul général de France en septembre dernier.
Lepetitjournal.com Emma Granier : Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel et ce qui vous a mené à ce poste à Munich ?
Alexandre Vulic : Je suis un diplomate de carrière depuis maintenant plus de 27 ans. J’ai pu travailler sur les questions multilatérales, de défense, sur l’Union Européenne et l’Europe post-communiste, ainsi que dans le commerce extérieur. J’ai été longtemps en poste à Bruxelles à l’OTAN puis à l’Union européenne. Puis ma carrière m’a mené au Canada et plus récemment à Vienne pour l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Après quelques années à Paris pour les affaires européennes et le commerce extérieur, je suis maintenant à Munich depuis le mois de septembre 2024.
C’est un peu le destin finalement qui m’a conduit jusqu’ici. Depuis toujours, je voulais absolument faire le métier de diplomate. C’était la fin de la guerre froide et j’étais passionné par l’Europe centrale, la question de la réunification de l’Europe, au-delà de celle de l’Allemagne.
L’histoire des relations franco-bavaroises est très riche. J’aime l’Europe centrale dans laquelle j’inclus la Bavière sans hésiter et je voulais travailler dans le franco-allemand. Autre élément important, j’ai beaucoup travaillé avec François Delattre et c’est un plaisir de continuer cette collaboration aujourd’hui.
J’ai un goût pour l’Europe centrale et je suis souvent passé par le Sud de l’Allemagne. Je venais très souvent en Bavière avec mes parents pendant mon enfance et j’ai encore des amis Munichois. J’ai toujours ressenti en Bavière que j’étais dans un environnement familier.
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années à la tête du consulat ?
Le premier objectif est de continuer à offrir un service de qualité à la communauté française. Les attentes de la communauté sont là et il faut continuer à augmenter les services.
Un deuxième point est l’importance de l’attractivité et de l’influence de la France en Bavière. C’est à la fois une responsabilité et une nécessité. Une responsabilité car la France et la Bavière ont une relation ancienne de plusieurs siècles, et c’est un devoir d’être à la hauteur de cette relation. Et une nécessité car la Bavière est un peu la Silicon Valley allemande. Nous avons un fort intérêt à mettre en relation nos écosystèmes notamment dans les domaines de l’innovation. C'est un objectif commun et nous avons chacun nos avantages : la Bavière est excellente dans l’application des sciences à l’industrie. Et la France est assez agile sur le financement des start-ups. Derrière le franco-allemand, il y a l’Europe. Donc le troisième point est de travailler en gardant à l’esprit ce soutien à l’Europe.
Dernier point, la densité de la relation entre la Bavière et la France. Il y a plus de 400 jumelages entre des communes bavaroises et la France. Cela représente le quart de tous les jumelages entre nos deux pays. Sans parler des accords et partenariats entre les universités bavaroises et françaises. J’aimerais faire connaître des jumelages plus discrets comme une petite commune normande, Damville et Kiefersfelden en Haute-Bavière.
Enfin l’année prochaine nous célébrerons les 80 ans de la fin de la Première Guerre mondiale et de la libération des camps. Nous travaillons à des propositions pour bien marquer cet anniversaire en restant toujours au service du franco-allemand et de l’Europe. il y aura notamment un hommage aux victimes françaises de Dachau. Cela fait partie des sujets plus immédiats mais très importants.
Quels sont, selon vous, les grands axes de coopération entre la France et l’Allemagne en Bavière et comment percevez-vous leur évolution ?
Il y a trois grands axes. D’abord la relation diplomatique et politique depuis le 17ème siècle entre la Bavière et la France. C'est une relation ancienne, qui a évolué. Mais la Bavière ayant la place qu’elle occupe en Allemagne, cette relation est importante pour mesurer et prendre conscience de l’évolution politique de l’Allemagne. Lors des élections fédérales allemandes en février 2025, la CSU bavaroise aura certainement un rôle clé et ce sera intéressant à observer.
Dans le contexte global, l’Allemagne a une responsabilité comme moteur économique de l’Europe, aussi en matière de défense et de sécurité (domaines qui ont déjà beaucoup évolué depuis les années 90). Et la Bavière contribue à cet effort national.
Enfin la connexion avec l’Europe centrale et orientale est importante. Le franco-allemand a rempli un rôle historique et aujourd’hui, une nouvelle phase s’ouvre. Si nos deux pays avancent ensemble sur les grandes questions comme les investissements du futur, cela conduira à une Europe souveraine. Et comme la Bavière est au cœur de beaucoup de ces sujets clés pour l’avenir, c’est un élément phare de cette coopération.
Enfin, le renforcement des relations scientifiques, universitaires mais aussi culturelles. L'écosystème franco-bavarois avec BayFrance est vraiment unique. Il y a un vrai capital sympathie pour la France, la culture et la langue française en Bavière. Même s’il y a un recul de l’apprentissage du français en Allemagne, nous faisons notre part pour entretenir et promouvoir cet enseignement. La rencontre avec les professeurs de français à Ratisbonne cette semaine en est la preuve.
Avec le renouvellement des générations, nous avons le défi de donner aux plus jeunes le goût et l’énergie de travailler avec la France. Il y a plus de 800 entreprises françaises en Bavière et elles créent plus de 100 000 emplois et plus de 350 entreprises bavaroises en France.
Combien de Français sont enregistrés au consulat de Munich, et comment cette communauté a-t-elle évolué ces dernières années ? Avez-vous des projets ou initiatives spécifiques pour renforcer les liens avec la communauté française locale ?
Il y a plus de 21 000 Français inscrits sur les listes consulaires en Bavière, et 16 000 à Munich. Mais ces chiffres sont en dessous de la réalité. Et on estime qu’il y aurait plutôt 30 000 Français en Bavière. Il est intéressant de voir que cette communauté continue de croître car beaucoup de Français restent sur le long terme. Il y a eu plusieurs vagues d’arrivées. Je rencontre des personnes qui sont là depuis 40-50 ans, d'autres depuis 20-30, puis d’autres depuis 10-12 ans. Il y a beaucoup de couples franco-allemands et l’attachement à cette région est palpable. Beaucoup des messages que j’ai reçus à mon arrivée me souhaitent la bienvenue “dans notre belle Bavière”. Je trouve ça très révélateur.
Le tissu associatif et bénévole est remarquable dans beaucoup de domaines. Le forum des associations françaises et francophones a eu lieu il y a peu. Nous avons environ 35 associations francophones à Munich ! Ce sont des interlocuteurs importants qui se font le relais envers la communauté. Cela fait aussi partie de notre travail de confirmer et d’étendre la coopération avec ces acteurs. Nous essayons au maximum d’être présents et de participer aux événements. C’est le tissu vivant de la relation franco-bavaroise.
De même que je n’envisage pas mon travail depuis un bureau : c’est un travail de projection, en permanence sur le terrain. De même, j’estime que je ne suis pas seul, tous les Français ont un rôle et j’aimerais bien que nous travaillions ensemble. J’en profite pour rendre hommage à l’équipe du Consulat ainsi qu’à mes prédécesseurs et prédécesseurs au rôle de consul général.
Quel message souhaitez-vous adresser aux Français vivant à Munich et en Bavière ?
Comme je le disais à l'instant : Travaillons ensemble ! Notre communauté est forte et dynamique et notre force d’innovation est excellente.
Mon deuxième message est très terre à terre : il est temps de faire vos démarches administratives au consulat. Il y a des créneaux disponibles d’ici la fin de l’année !
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