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À Munich, Michael Schischke redessine le rôle de l’Institut français

Après 15 ans au Centre Pompidou et au Palais de Tokyo, Michael Schischke, incarne le renouveau de l’Institut français de Munich. Rencontre avec un passionné de culture et d’échanges internationaux.

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© Emma Granier - LPJ Allemagne
Écrit par Emma Granier
Publié le 28 novembre 2024

Nous avons rencontré Michael Schischke, nouveau directeur de l’Institut français de Munich. Il nous reçoit dans son bureau qui donne sur le magnifique parc du Palais de Seyssel d’Aix, le bel écrin de l’Institut français de Munich.

 

Un parcours entre la France et l’Allemagne

Né près de Stuttgart, Michael Schischke est franco-allemand. Il a passé une partie de son enfance à Munich où il était élève de l’Ecole européenne entre ses 12 et 18 ans. Il a ensuite fait ses études à Paris où il a également débuté sa carrière. "Je revenais quand même régulièrement en Allemagne, c’est un pays limitrophe et j’ai de la famille et des amis ici. J’ai toujours trouvé Munich particulièrement agréable et c’est entre autres pour cette raison que j’ai décidé de postuler.

Incroyable, c’est le mot qu’il emploie pour décrire la qualité de la vie dans la capitale bavaroise ainsi que son offre culturelle. De formation historien de l’art avec focus sur la muséologie et l’architecture contemporaine, il se spécialise dans l’art contemporain dès la fin de ses études. Il a son premier poste au Centre Pompidou, plus précisément au Musée national d’art moderne dans la section “Création de maintenant”. Une expérience formatrice puisqu’il reste huit ans à ce poste avant de devenir délégué aux relations internationales, rattaché à la direction générale du Centre Pompidou. 

"A cette période, je me suis occupé des projets internationaux, notamment l’ouverture des premiers Centres Pompidou provisoires à l’international, à Malaga, Bruxelles ou Shanghai. C’était une très chouette période où j’ai pu organiser des expositions itinérantes en partenariat avec une vingtaine de pays différents. Cela reliait ce qui m’intéresse dans la vie, c’est-à-dire, l’art et la culture, et l’international."

Mais toutes bonnes choses ont une fin et il était temps d’ouvrir un nouveau chapitre. Le 1er mars 2020, il commence un poste de directeur des relations extérieures et chef de cabinet auprès du président du Palais de Tokyo. Cela lui permet de garder un lien avec la programmation artistique, mais c’est le développement diplomatique et institutionnel qui l’occupe plus particulièrement. Il y reste quatre ans et demi avant que cette opportunité à Munich ne se présente.

 

L’Institut français de Munich est un pur bijou !

"Ce n’était pas dans mon plan de carrière de devenir directeur d’un institut culturel français à l’étranger. Mais la ville et le bâtiment m’ont vraiment convaincu. Et en arrivant ici, j’ai eu l’agréable surprise d’être accueilli avec énormément de bienveillance par cette super équipe." Adolescent, il n’avait pourtant jamais mis les pieds à l’Institut. "J’étais peut-être trop âgé pour la médiathèque et je n’avais pas identifié l’Institut comme un lieu pour mes pratiques culturelles à l’époque. Et je me rends compte aujourd’hui qu’il y a deux profils : il y a des Français qui viennent et fréquentent régulièrement l’Institut, et d’autres qui, en effet, savent que ça existe mais n’y viennent presque jamais."

 

 

 

Renforcer les liens culturels franco-allemands

Le rôle de l’Institut français est de faire rayonner la culture et la langue française dans une ville et dans une région, nous rappelle-t-il. "Notre public principal n’est pas censé être la communauté française ou francophone. D'ailleurs, la majorité des personnes fréquentant l’Institut vient pour les cours de langue."

"Je prends ce rôle très au sérieux dans une époque où l’amitié franco-allemande doit être cultivée. Dans l’époque que traverse l’Europe, le renforcement des liens culturels et les échanges sont importants. L’Allemagne et la France partent sur une très bonne base puisque depuis plus de 60 ans, on construit cette amitié dont il existe des fruits tangibles et efficaces. Mais il faut continuer à les développer."

En ce sens, son souhait pour la programmation culturelle de l’Institut est de mettre en place des partenariats et des projets qui reflètent ce qui anime la société et la pensée en France actuellement. Il faut ensuite savoir jouer avec les moyens de l’Institution et le bâtiment qui, si magnifique soit-il, n’est pas un lieu d’exposition. 

 

J’ai pour ambition, une programmation culturelle qui puisse avoir valeur de miroir de ce qu’il se passe en France d’un point de vue culturel et sociétal actuellement, avec les moyens financiers dont nous disposons.

Il n’est donc pas question ici de grandes expositions comme il a pu en organiser au Centre Pompidou. Mais cela ne veut pas dire que l’Institut français de Munich ne va pas pour autant se positionner dans le paysage culturel munichois et y établir des partenariats. "Le réseau culturel munichois est mature et très bien développé et il n’a pas besoin de nous pour montrer ce que l’on connaît déjà de la France. Des expositions actuelles mettent la France à l’honneur comme “Aber hier leben, Nein Dank” à la Lenbachhaus où l’écrasante majorité des œuvres représentées proviennent de collections françaises. En décembre, une monographie du plus important artiste plasticien français vivant, Philippe Parreno, ouvrira à la Haus der Kunst, et qui, je pense, va être incroyable."

"Il faut que nous nous positionnions comme partenaire de ces institutions munichoises pour ces grandes expositions, mais notre rôle est différent. Je pense que nous devons montrer ce qui est moins facilement accessible au public munichois. Des choses plus sensibles et avant-garde - en enlevant toute la condescendance que ce terme peut contenir. Je ne prétends pas être un programmateur hors-pair, je crois seulement très fort au rôle que l’art et la culture peuvent apporter à la société. J’essaie de m'abreuver de ça quand je suis en France."

 

70 ans d’histoire pour l’Institut français de Munich

"C’est une chance pour la France d’avoir un outil tel que l’Institut français de Munich. Je n’étais pas conscient de la sincère francophilie qui existe ici avant de revenir. Les liens historiques sont forts. Beaucoup de travail est fait par la chancellerie d’Etat. Il y a un séminaire annuel pour des hauts fonctionnaires bavarois où l’on ne parle que français [le Séminaire de Fischbachau]. C’est unique au monde. Donc oui, l’amitié franco-allemande existe. Et quand on voit que l’Institut français de Munich a célébré ses 70 ans cette année, on peut en être fier !"

 

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Emma Granier
Publié le 27 novembre 2024, mis à jour le 28 novembre 2024

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