Comment devient-on sénateur des Français de l’étranger ? Quelle est la portée de ce mandat unique ? Rencontre avec Yan Chantrel, un élu engagé qui a su faire de son expérience d’expatrié un atout pour mieux défendre les Français établis hors de France. Nous l'avons rencontré lors de son passage à Montréal.
« Être sénateur des Français de l’étranger, c’est comprendre une diversité culturelle immense tout en restant proche des réalités locales. » - Yan Chantrel
Au Sénat, ils sont 12 à représenter les Français de l’étranger. Ils occupent une place singulière dans le paysage parlementaire français. Élus par un collège de grands électeurs composé de conseillers et délégués des Français de l’étranger, ainsi que de parlementaires sortants, ces sénateurs représentent une circonscription mondiale. « Nous n’avons pas de territoire géographique fixe. Notre mandat couvre le monde entier, ce qui impose une compréhension des réalités locales et globales », nous explique l'un d'eux, le sénateur Yan Chantrel lorsque nous le rencontrons lors de son séjour à Montréal.
Ces élus ont une double mission : représenter leurs compatriotes expatriés et participer à la production législative nationale. Chantrel souligne l’importance de cet équilibre : « Être sénateur des Français de l’étranger, c’est comprendre une diversité culturelle immense tout en restant proche des réalités locales. » Leur rôle va bien au-delà du Parlement, intégrant des consultations régulières avec les communautés françaises à l’étranger.
Un parcours marqué par l’expatriation et l’engagement
Ayant vécu au Québec pendant plus de dix ans, Yan Chantrel incarne parfaitement la réalité des Français de l’étranger. Parti avec un visa temporaire, il a gravi les échelons dans divers secteurs, notamment en travaillant sur des politiques de réhabilitation sociale au Québec. Cette expérience lui a permis de mieux comprendre les défis rencontrés par les expatriés, qu’il défend aujourd’hui avec ardeur au Sénat.
Avant d’être élu au Sénat en 2021, Chantrel a été conseiller des Français de l’étranger, ici à Montréal. Un mandat local qui l’a préparé à son rôle national. Profondément attaché à la Francophonie et à l’éducation, il milite pour des projets comme la création d'un Erasmus francophone. « L’éducation et la culture sont les clés pour faire vivre la Francophonie à l’international », insiste-t-il.
Des actions concrètes pour les Français expatriés
En tant que sénateur, Yan Chantrel s’est engagé sur plusieurs fronts. Il travaille notamment à améliorer l’accès aux services consulaires, une problématique récurrente pour les expatriés, et défend un budget consulaire renforcé pour répondre aux besoins croissants des Français à l’étranger. « Nous devons garantir que chaque Français, où qu’il soit, puisse exercer pleinement sa citoyenneté », rappelle-t-il.
Chantrel s’attaque également à des dossiers liés à la mobilité internationale et aux inégalités fiscales. Il milite pour la suppression de la CSG-CRDS sur les revenus locatifs des expatriés hors UE et propose des solutions pour réduire les disparités entre les Français vivant en Europe et ailleurs.
Un pont entre la France et le monde
Lors de sa visite à Montréal, Yan Chantrel a rencontré un bon nombre d’expatriés notamment lors de la réunion participative publique qui a eu lieu à l’Union Française de Montréal. Il a également plaidé pour une meilleure coopération entre la France et le Québec, notamment sur les enjeux liés à l’immigration et à la reconnaissance des diplômes. « Ces échanges sont cruciaux pour renforcer les liens entre nos deux nations et offrir des perspectives aux jeunes », a-t-il déclaré.
Sa vision dépasse le simple cadre franco-québécois. Chantrel s’efforce d’élargir les programmes éducatifs et culturels à l’ensemble de la Francophonie, en s’inspirant des succès franco-québécois pour développer des initiatives à l’échelle internationale.
Un avenir à construire ensemble
Alors que les défis pour les Français de l’étranger ne cessent d’évoluer, le sénateur Yan Chantrel insiste sur la nécessité d’une meilleure représentation et d’un dialogue renforcé entre les communautés expatriées et les institutions françaises. Il appelle à des initiatives concrètes pour renforcer le sentiment d’appartenance des expatriés tout en facilitant leur participation active à la vie politique et sociale de la nation. « Nous devons aller au-delà de la simple représentation symbolique et construire un véritable pont entre la France et ses citoyens du monde », affirme-t-il.
Dans un contexte de mondialisation accélérée et de défis globaux tels que le changement climatique ou les migrations internationales, la place des expatriés dans les décisions politiques devient cruciale. Comment les institutions françaises peuvent-elles mieux intégrer ces citoyens dans une réflexion collective sur l’avenir du pays ? À l’image de Yan Chantrel, cette question reste ouverte et mérite toute l’attention d’un Parlement qui veut rester connecté à ses citoyens, où qu’ils soient.