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Justin Trudeau : un départ pour calmer le Parlement et relancer le Canada

Ce lundi matin, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé qu'il quittera ses fonctions dès qu'un nouveau leader du Parti libéral sera désigné. Une décision prise après de longues réflexions et motivée par une volonté de stabiliser un Parlement paralysé.

PM Justin TrudeauPM Justin Trudeau
Lundi 6 janvier 2025, Justin Trudeau annonce son intention de se retirer - Illustration YouTube - CPAC
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 6 janvier 2025, mis à jour le 7 janvier 2025

 

 

« Le Parlement a besoin d’un reset, de se calmer les pompons, pour se remettre au travail » - Justin Trudeau 



 

Devant sa résidence officielle, Justin Trudeau a fait une déclaration marquante, à la fois personnelle et politique : « Ce pays mérite un véritable choix pour les prochaines élections. Si je dois me concentrer sur des luttes internes, je ne peux pas être la meilleure option pour les Canadiens. » Le Premier ministre, visiblement ému, a partagé avoir discuté avec ses enfants la veille de cette décision cruciale.

Trudeau a également justifié cette démission par les tensions persistantes au sein de son parti et une polarisation accrue de la scène politique canadienne, rendant selon lui nécessaire un « reset » du Parlement.

 

 

Visionnez ici l’intégralité de la déclaration du Premier Ministre ainsi que la période de questions-réponses qui a suivi. Comme il est habituel, le PM s’exprime dans les deux langues officielles.

 

 

Les grandes lignes de son bilan

 

Durant son discours, Trudeau a défendu les réalisations de ses mandats : soutien renforcé à la classe moyenne, progrès en réconciliation avec les peuples autochtones, et actions en faveur du climat. Toutefois, il a reconnu un regret : « J’aurais voulu réformer notre système électoral pour favoriser le consensus plutôt que la division. »

Malgré ces succès, des scandales comme l’affaire SNC-Lavalin ou la gestion controversée des manifestations en 2022 ont terni son image, et sa position s’est fragilisée face à l’opposition et aux luttes internes.

 

Prorogation du Parlement : un choix stratégique

 

Trudeau a annoncé avoir demandé à la Gouverneure générale de proroger le Parlement jusqu’au 24 mars 2025. Cette suspension des travaux parlementaires vise à réduire les tensions politiques et à permettre au Parti libéral de mener un processus de transition ordonné pour élire un nouveau chef. Cette décision empêche également l’opposition de forcer un vote de confiance immédiat, ce qui aurait pu précipiter des élections anticipées.

 

Proroger le Parlement signifie suspendre les travaux parlementaires jusqu’à une date ultérieure fixée par le chef de l’État ou le représentant du souverain, sur recommandation du Premier ministre. Pendant cette période :
Arrêt des activités parlementaires :
Tous les projets de loi en cours sont interrompus, les comités cessent de siéger et les débats à la Chambre des communes ou au Sénat sont suspendus.
Maintien du gouvernement :
Le gouvernement en place (ministres, Premier ministre) continue de fonctionner, mais aucune nouvelle législation ou action parlementaire ne peut être entreprise tant que le Parlement n’a pas repris ses travaux.
Reprise des travaux :
Lorsque le Parlement reprend, souvent après un discours du Trône, les travaux reprennent, mais les projets de loi non adoptés avant la prorogation doivent généralement être réintroduits.

Dans le cas de Justin Trudeau, la prorogation jusqu’au 24 mars a pour objectif de permettre une transition de leadership et de réduire les tensions au Parlement.



 

Les défis pour les prochains mois

 

La période de transition s’annonce complexe. Le Parti libéral devra désigner un nouveau leader à travers un processus qu'il veut « rigoureux et compétitif ». Cependant, ce futur leader n’aura que peu de temps pour se préparer avant la reprise des travaux parlementaires, où l’opposition compte bien forcer des élections anticipées.

Sur le plan international, le Canada fait face à des défis majeurs, notamment la menace de tarifs douaniers de Donald Trump. Trudeau a assuré que, malgré la transition, son gouvernement restera concentré sur la protection des intérêts canadiens.

 

Un passage de témoin sous pression

 

En prorogeant le Parlement, Trudeau a offert à son parti un répit pour organiser une transition en douceur. Mais cette décision a aussi renforcé l'incertitude politique. L’opposition, en position de force, cherche à capitaliser sur le mécontentement public. Le futur leader libéral devra rapidement s’affirmer pour défendre le bilan du gouvernement tout en proposant une vision renouvelée.

Le départ de Trudeau marque une étape décisive pour le Canada. Alors que les divisions politiques sont profondes, le pays devra relever des défis économiques et diplomatiques cruciaux dans un contexte mondial de plus en plus incertain. La question demeure : cette transition permettra-t-elle de rétablir la confiance, ou renforcera-t-elle la polarisation politique ?

 

Bertrand de Petigny
Publié le 6 janvier 2025, mis à jour le 7 janvier 2025

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