Devant une salle comble au Club Soda, le Festival BD de Montréal a lancé le 22 mai sa 14e édition en récompensant six œuvres marquantes dans le cadre des 26e prix Bédélys. Jusqu’au 25 mai, plus de 320 bédéistes se déploient le long de la rue Saint-Denis pour faire vivre la passion de la bande dessinée au cœur de la métropole. Retour sur une soirée où la créativité s’est conjuguée à l’émotion.
Une ouverture haute en couleurs
C’est sous les applaudissements d’un public venu en nombre que le FBDM 2025 a donné le coup d’envoi de sa 14e édition. Installé en plein cœur du Plateau-Mont-Royal, sur un parcours piétonnier de 1,2 km, le Festival transforme la rue Saint-Denis en un village du 9e art, entre chapiteaux d’éditeurs, séances de dédicaces et animations pour petits et grands. « On sent une ferveur grandissante autour de la BD à Montréal, et ce Festival en est la preuve vivante », a confié une festivalière, visiblement ravie de retrouver ses auteur·es préférés.
L’événement s’est ouvert après deux journées consacrées aux professionnel·les du secteur, avec des rencontres sur les enjeux de l’édition, la place des artistes autoédités ou encore la diffusion à l’international. Une manière de souligner que derrière la magie des planches se cache aussi tout un écosystème à faire vivre.
Les prix Bédélys, miroir d’une diversité créative
Point d’orgue de la soirée : la remise des 26e prix Bédélys, qui récompensent chaque année les bandes dessinées les plus remarquables publiées au Québec ou à l’étranger. Présentée par la journaliste Marilyse Hamelin, la cérémonie a couronné six œuvres, choisies parmi 873 titres par un jury de 89 lecteur·rices passionné·es. Chaque prix est accompagné d’un trophée unique, confectionné par l’artiste Karl Dupéré-Richer.
La bande dessinée Momm de Catherin, publiée chez Pow Pow, a remporté le prix Bédélys Québec. « C’est une œuvre qui transforme le deuil et la maladie en poésie graphique, un univers bouleversant et lumineux », a salué le jury.
Lucile Bernard, lauréate du prix Bédélys indépendant francophone, a pour sa part bouleversé avec Je ne suis pas un accident, un récit introspectif sur les origines et les secrets de famille.
La jeunesse à l’honneur dans deux catégories
Deux prix ont souligné la vitalité de la bande dessinée jeunesse. Côté québécois, La bibliothèque enchantée T.1 : Le livre aspirateur, de Jocelyn Boisvert et Enzo, a été salué pour sa fantaisie inventive : « Une ode à la lecture où l’imaginaire déborde de chaque page », selon le jury.
Du côté international, Quand la nuit tombe - Lisou (Delcourt), signé Marion Achard et Toni Galmés, a ému par la justesse de son dessin et la puissance de son récit sur fond de Seconde Guerre mondiale.
La diversité linguistique du Festival s’est également exprimée à travers le prix Bédélys indépendant anglophone, décerné à I, THE PEOPLE de Natacha Novem, une dystopie aussi politique que poétique.
Enfin, le prix Bédélys étranger est allé à Impénétrable d’Alix Garin (Le Lombard), une œuvre intime qui aborde le désir et les tabous avec une grande finesse.
Une reconnaissance pour les créateurs et pour le public
En plus des bourses totalisant 5 000 dollars, plusieurs lauréat·es bénéficieront d’une visibilité accrue, notamment grâce à des espaces offerts au prochain Festival ou la réalisation de capsules vidéo. Pour les organisateurs, ces prix sont un levier important : « Les Bédélys permettent non seulement de faire découvrir des œuvres fortes, mais aussi de soutenir concrètement la création, y compris indépendante », souligne un membre du comité du FBDM.
Cette reconnaissance se conjugue à l’enthousiasme du public : plus de 95 000 visiteurs ont arpenté le Festival en 2024, et tout indique que l’édition 2025 est bien partie pour battre de nouveaux records, avec ses 320 artistes présents et ses 177 exposants.
Une BD vivante, populaire et audacieuse
Alors que les rues de Montréal vibrent au rythme des bulles, des traits et des histoires, le Festival BD de Montréal prouve que la bande dessinée est plus que jamais un art vivant, populaire et engagé. Entre tradition et innovation, humour et gravité, les œuvres primées cette année montrent toute la richesse d’un médium qui ose tout.
Le FBDM se poursuit jusqu’au 25 mai sur la rue Saint-Denis, dans une ambiance conviviale et créative. Et vous, quelle page de ce Festival allez-vous écrire ?
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