La « Via Crucis » de Botero à la Permanente de Milan
Le Musée de la Permanente accueille la première exposition posthume dédiée à Fernando Botero. Une occasion d’approfondir un des aspects moins connus du peintre colombien contemporain : son rapport à la religion. A voir du 23 novembre 2023 au 4 février 2024.
Deux mois après la mort de Fernando Botero, quelque 60 œuvres du peintre colombien arrivent à Milan pour l’exposition Botero – Via Crucis. Tel un testament spirituel, la rétrospective illustre le rapport de l’artiste contemporain avec la religion.
Les œuvres de Botero exposées à Milan
Botero est un artiste qui pense à travers la peinture. Son travail s'inscrit dans la grande tradition picturale occidentale, à travers des hommages, des réinventions, des citations mais aussi dans une approche formelle et des thématiques. Parmi les références que Botero interprète de manière amplificatrice - jamais simplement imitative - figurent les œuvres de Paolo Uccello, Peter Paul Rubens, Diego Velázquez, Paul Cézanne et Pablo Picasso. Il existe plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation de son œuvre. Et cet aspect de son travail s’illustre dans la série Via Crucis : 60 œuvres comprenant 27 peintures huiles et 33 dessins préparatoires qui mettent à nu et révèlent l'un des aspects les plus intimes et privés du Maître : sa relation avec l'éternel et la religion.
La religion est un thème qui était proche du maître depuis sa petite enfance passée en Colombie, si riche en images de dévotion et en pratiques religieuses profondément enracinées dans la culture et l'iconographie. Botero n’était pourtant pas croyant. La foi ne le touchait pas, même s'il venait d'un milieu fortement imprégné de catholicisme. L’artiste a néanmoins voulu aborder le sujet, dans une perspective que l’on pourrait qualifier de laïque.
D’où le choix de l’artiste de situer sa "Via Crucis" dans des contextes qui semblent actuels (villages pauvres, villes remplies d'immeubles) et la présence de personnages habillés comme aujourd'hui, avec chemises et pantalons, montres et alliances. Les personnages bibliques n'ont pas d'auréole, la torture représentée semble concrète et « réelle ».
Les couleurs et les formes douces typiques de l'œuvre de Botero sont ici traversées par un bouleversement où se mélangent douleur et tragédie, renforçant le langage figuratif qui caractérise l'artiste colombien.
Ces œuvres, où le drame fait son incursion, constituent une évolution et un enrichissement du travail de Botero. Le ton ironique qui imprègne habituellement ses œuvres est ici remplacé par celui de la pietas pour amener le visiteur à réfléchir sur la poésie et la puissance représentés dans la Passion du Christ.
Cette exposition est arrivée au cœur de Medellín, la ville natale de Botero, pendant la semaine de Pâques 2012, à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de l'artiste. A cette occasion, le peintre a décidé de faire don de la série au Musée d'Antioquia qui la présente aujourd'hui pour la première fois à titre posthume après la récente mort du peintre, enterré à Pietrasanta (Toscane). L'Italie était « sa seconde maison », a rappelé Tommaso Sacchi, adjoint à la Culture de la ville de Milan.
Informations pratiques23nov.4févr.
Du 23 nov. à 10:00
Jusqu'au 4 févr. à 20:00
Adresse
via Turati 34
MI
Milan
Horaires
Tous les jours : - Du lundi au vendredi de 10h à 18h - Samedi de 10h à 20h - Dimanche de 10h à 18h