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S’expatrier aux États-Unis grâce aux visas d’entrepreneurs avec Sylvain Perret

Sylvain PerretSylvain Perret
Sylvain Perret
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 22 février 2022, mis à jour le 15 mars 2022

Sylvain Perret est le fondateur d’Objectif USA, une agence spécialisée dans la revente d'entreprise (business brokerage) et dans l'accompagnement d'entreprises pour leur implantation aux États-Unis. Il est l’auteur de « S’expatrier aux États-Unis grâce aux visas d’entrepreneurs ». Dans cet ouvrage, Sylvain Perret donne aux lecteurs, et candidats à l’expatriation sous visa Investisseur, une multitude d’informations, de conseils tant pratiques que juridiques. Il donne aussi la parole à des investisseurs. Notre édition est partie à la rencontre de ce professionnel de l’implantation aux États-Unis.

 

Visas entrepreneurs USA

 

S’expatrier aux États-Unis grâce aux visas d’entrepreneurs

Rachel Brunet pour le Petit Journal Miami : Pourquoi avez-vous eu envie d’écrire cet ouvrage ?

Sylvain Perret : COVID a été le déclencheur. D'habitude, tous les ans, nous faisions des conférences sur l'expatriation aux USA via la création ou la reprise d'entreprise dans 5 villes de France. Lors de ces conférences, je disais toujours « Nous ne pourrons pas tous vous accompagner, nous sommes une petite structure, mais si cette conférence vous évite de faire les plus grosses erreurs, alors nous n'aurons pas perdu notre journée ». L'idée de ce livre, c'est de donner aux personnes qui veulent s'expatrier aux USA, via un visa E2 par exemple, le niveau d'information suffisant pour réussir et pour éviter les plus gros pièges, les chausse-trappes.

 

Cet ouvrage est très pratique, c’est une volonté pour accompagner au mieux les candidats au visa E, pour les baigner dans du très concret ?

C'est du 100 % pratique et souvent du 100 % vécu, soit par nous directement, soit lors de nos accompagnements de clients, soit des personnes qui nous ont appelés à l'aide. 12 ans aux USA dans l'accompagnement de Français nous ont fait nous confronter à tous types de situations, ont aussi généré des dizaines d'anecdotes.

 

Cet ouvrage, de par sa technicité, ses témoignages, ses conseils pratiques et juridiques rappelle à avoir les pieds sur terre et rappelle que le rêve américain est plus littérature que réalité. Chez Objectif USA, est-ce que vous constatez que les prétendants à l’American dream sont nombreux ? D’où le besoin d’être très clair sur le sujet.

À mon avis, le rêve américain existe encore. Les États-Unis sont un pays dur, on n'y fait pas de cadeau. Mais pour quelqu'un de travailleur, de volontaire, d'ingénieux, de persévérant, la réussite est possible même en partant du bas de l'échelle sociale. Quand je pense au rêve américain, je pense au couple Obama par exemple, ou plus récemment au nouveau maire de New York, rien ne leur promettait un tel destin ! Concernant les immigrants, 45 % des entreprises de la liste Fortune 500 ont été fondées par des immigrants ou leurs enfants. Eric Yuan, le fondateur de ZOOM (fortune personnelle de 7 milliards), a eu son visa refusé 8 fois dans les années 90....

Pour autant, l'American Dream peut tourner au cauchemar rapidement, surtout si on se dit que c'est « comme en France ». Il faut se préparer, se protéger.

 

Être entrepreneur aux États-Unis, c’est aussi se prémunir d’un danger potentiel, que ce soit sur le rachat d’une entreprise existante, d’une franchise ou d’une création. C’est très important de prévenir les candidats à l’expatriation de possibles arnaques. Vous en constatez beaucoup ? C’est aussi sûrement une partie de votre mission que de vous assurez de la viabilité d’un projet, d’une franchise, d’une reprise ?

J'en constate trop. Certains vont essayer de profiter de la méconnaissance des Français qui arrivent. Beaucoup arrivent ici avec des étoiles dans les yeux et se laissent aveugler par leur rêve américain. Ils écoutent le premier beau parleur qui leur garantit que tout va bien se passer. Ce qui est encore plus gênant, c'est quand ces arnaques proviennent de compatriotes. Le fait que quelqu'un parle ta langue n'en fait pas ton ami, n'en fait pas quelqu'un d'honnête. Le dépaysement fait que certains oublient leur bon sens en Europe et font ici ce qu'ils n'auraient jamais fait chez eux. Il faut douter, vérifier, recouper, demander d'autres avis. Il ne faut pas rester en vase clos et ne s'adresser qu'aux personnes qui vous ont été indiquées. Énormément d'information est publique aux USA, se renseigner sur le pedigree de certains peut vous faire faire de sérieuses économies.

Effectivement, c'est une grosse partie de notre travail que de valider le réalisme d'un projet, le business modèle, l'adéquation des moyens avec les ambitions. Je ramène parfois les gens sur terre. Tout le monde peut rêver de révolutionner les goûts des Américains par exemple, mais il faut en avoir les moyens. « It takes money to make money ». Il m'arrive de conseiller à des personnes de différer leurs projets, voire de retourner à l'école pour passer un CAP (les écoles de pâtisserie en France doivent finir par me connaître...). J'ai refusé plusieurs fois d'intervenir sur des dossiers, car je n'y croyais pas du tout. Il m'arrive aussi de me tromper, je ne prétends pas détenir de « vérité absolue ».

Concernant les rachats d'entreprises, je suis parfois (souvent) atterré par les couleuvres qu'on veut faire avaler à mes clients. Une période de due diligence très sérieuse est indispensable.

 

La première année d’expatriation est la plus délicate, constatez-vous des échecs liés à l’impréparation qu’elle soit culturelle, émotionnelle, linguistique, au-delà d’un aspect purement professionnel ou financier ?

Il existe un phénomène appelé « le syndrome de Paris ». On trouve des touristes hébétés dans Paris, car la réalité se heurte frontalement à l'idéalisation qu'ils avaient de Paris. On a la même chose ici. Les USA ne sont en rien parfaits et l'adaptation est parfois compliquée. Oui, nous avons eu quelques cas de personnes qui sont reparties au bout de deux ans, car ils se sont rendu compte que les USA ne leur correspondaient pas. Généralement, le problème vient des adultes, rarement des enfants. Un point primordial, il faut que tout le monde soit à 100 % volontaire pour ce projet. Dans un couple, si l'un d’eux vient à reculons, ça risque de coincer rapidement.

 

En novembre 2019, le Visa E2 a été lourdement rabaissé dans sa durée de validité. Il est passé de 5 ans à 24 mois. Vous êtes lanceur d’alerte sur le sujet et vous abordez dans votre livre l’aspect politique du Visa E2. Est-ce que cette baisse drastique est un frein à la viabilité des projets pour les Français expatriés ?

J'aime la référence à « lanceur d'alerte », car c'est exactement ce que j'essaye de faire. On a oublié les demandeurs de visa E2 et les réponses qui sont faites par les politiques ne sont pas satisfaisantes. Tout tourne autour de la notion de réciprocité. Les USA estiment que nous traitons mal leurs investisseurs avec des délais courts et en contrepartie, ont réduit la durée des visas E2 pour les Français. Nous sommes parmi les durées les plus faibles d'Europe (44 mois en moyenne pour les pays ayant un traité). Les réponses qu'on entend (les mêmes depuis 2 ans) sont :

-   Nos systèmes ne sont pas comparables : justement ! Il faudrait les rendre comparables, c'est le principe même de la réciprocité.

-   Ils n'ont pas compris notre système : a-t-on essayé de réexpliquer depuis 2 ans, a-t-on tenté des recours ? Si oui, ce serait bien de communiquer dessus.

-   L'ambassade des USA à Paris va faciliter les renouvellements : quand ? Comment ? J'ai de forts doutes sur ce point et, comme toujours, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.

J'ai des mots un peu durs, mais je suis déçu, très déçu sur ce point. Je multiplie les contacts en ce moment, les interpellations des personnes en charge de ce dossier sur les réseaux sociaux, sur LinkedIn entre autres, et tant pis si ça agace, j'assume.

Oui, la durée à 25 mois affaiblit les dossiers des Français, les rend plus risqués. J'ai encore entendu récemment qu'on a gagné 10 mois (de 15 mois en août 2019 à 25 mois en décembre 2019), la réalité des faits, c'est qu'on a perdu 35 mois.

Les élections législatives arrivent : il faut que ce sujet soit au cœur de la campagne aux USA.

 

Dans votre ouvrage, chaque section se termine par une interview de Français sous visa investisseur. Qu’est-ce qui vous a motivé dans cette volonté de donner la parole à des expatriés ?

La réalité du terrain vient d'eux. Ce qu'ils décrivent est leur expérience, leur quotidien, leurs joies, mais aussi leurs doutes. La légitimité que j'ai à m'exprimer sur ce sujet vient d'eux et je les remercie d'avoir accepté de le faire. Certains l'ont fait la gorge serrée, car ils ne sont malheureusement plus aux USA et que les témoignages ont été recueillis en plein confinement en France, période très dure pour eux. Heureusement, ça va mieux aujourd'hui.

Je profite aussi pour remercier ici les relecteurs : famille, amis, avocats, comptables... Ainsi que celle sans qui ce livre n'existerait pas tant elle m'a poussé quotidiennement à écrire, mon associée dans l'aventure Objectif USA, ma femme Daphnée.

 

Votre ouvrage est une mine d’or pour les candidats au visa investisseur. Si à brûle-pourpoint vous deviez donner 3 conseils à des Français qui souhaitent investir aux États-Unis, quels seraient-ils ?

Mes 3 conseils seraient :

- Préparez votre projet en amont, formez-vous en France si besoin (langue, métier..)

- Consultez, comparez, questionnez, remettez en question, ne croyez personne sur parole, Américain ou Français. Au final, le principal responsable de votre réussite ou de votre échec, ce sera vous : « You have to do your homework ». Lire mon livre est un bon début.

- Ayez un plan B, C, D... Z. Soyez prêts à pivoter si vous constatez que ça ne fonctionne pas comme vous le pensiez. Il y a toujours des surprises, parfois bonnes, parfois moins bonnes.

 

Dernière question très pratique, où peut-on acheter votre ouvrage ?

Un peu partout en fait. Pour les USA, il est disponible sur Amazon.com, en France, il est disponible à la FNAC, Cultura, Amazon aussi bien sûr. Dans certains pays, la version papier est chère (Canada par exemple), mais la version liseuse est disponible partout au même prix.
À noter que les bénéfices de la vente livre seront reversés à une association caritative, je suis en train de régler le fonctionnement pratique avec l'éditeur, vraisemblablement au profit de la jeunesse sans-abris, un sujet qui nous tient à cœur.

 

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