Depuis le lundi 30 mars, l’état d’urgence sanitaire a été déclaré au Mexique afin de lutter contre la pandémie de coronavirus. Des mesures qui se sont faites attendre et qui sont jugées tardives, même si les habitants n’ont pas attendu l’annonce pour se confiner chez eux.
Cela fait plus de quinze jours que les rues se vident et que le trafic ralentit. Quand on connaît la ville de Mexico, son rythme et sa population -25 millions d’habitants-, impossible de ne pas voir la différence. Et les Mexicains n’ont pas attendu l’annonce des mesures par le gouvernement pour rester chez eux, alors qu'aucune restriction de déplacement n'avait été imposée.
Des mesures tardives
La menace du virus a longtemps été prise à la légère par le gouvernement, et en particulier par son président. Celui-ci a, durant tout le mois de mars, continué à multiplier bains de foule et abrazos en brandissant aux journalistes des amulettes et que des trèfles à six feuilles, ses seules armes contre le virus. Il a longtemps incité la population à supporter l’économie locale en continuant de sortir et de fréquenter les restaurants. Les répercussions économiques pouvant être, selon lui, plus dévastatrices que celles de la pandémie.
Avec plus de 50% de la population active mexicaine dépendant du travail de la rue, un confinement total et obligatoire pourrait avoir des conséquences dramatiques sur un grand nombre de foyers.
Fortement critiqué au niveau national et international, le gouvernement a opéré cette semaine un tournant dans sa politique. Après le lancement le 23 mars dernier d’une campagne nationale de distanciation sociale, l’état d’urgence sanitaire a été déclaré dans le pays lundi 30 mars.
Il aura donc fallu attendre que le pays passe le cap des 1 000 cas (dimanche 29 mars) pour que le président AMLO appelle au confinement volontaire et massif de la population.
Cependant, il a précisé qu'il ne serait pas question d'utiliser la force pour garantir que les gens restent chez eux : « Rien par la force, tout par la raison et la loi. Nous devons convaincre, nous devons persuader, et heureusement nous avons le soutien des gens, ils nous écoutent ».
Les mesures prises au Mexique contre le coronavirus
Lors de la conférence de presse du 30 mars, Hugo López-Gatell (sous-secrétaire d'Etat à la Santé) a présenté les sept mesures adoptées par le Conseil Général de la Santé afin de protéger la population du coronavirus.
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Suspension immédiate des activités non essentielles dans le secteur public, privé et social du 30 mars au 30 avril 2020
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Extension du programme national de distanciation sociale jusqu'au 30 avril 2020 avec interdiction des regroupements de plus de 50 personnes
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Incitation à rester à la maison, pour les nationaux comme pour les étrangers sans activité considérée comme essentielle
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Les personnes de plus de 60 ans, diabétiques, enceintes ou avec de l'hypertension ne doivent pas aller travailler, même si elles exercent une activité considérée comme essentielle
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A partir du 30 avril, le retour aux activités sera échelonné régionalement par les secrétariats de la Santé et du Travail
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Suspension des enquêtes et recensements nécessitant un contact physique
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Toutes ces mesures seront prises dans le plein respect des droits de l'Homme
Aujourd'hui, on dénombre dans le pays 1 378 cas et 37 morts.