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IMPRESSIONS DE MANILLE – Into the mall…

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 26 janvier 2017, mis à jour le 26 janvier 2017

Notre chronique poétique s'ouvre pour la première fois aux travaux des élèves du Lycée français de Manille. Partons avec eux, chaque vendredi, à la découverte du mall SM Bicutan et déplaçons avec eux notre regard sur cette réalité que nous croyons connaître. Première contribution : une approche à la fois sensible et critique, tour à tour empathique et ironique.

Note préablable : L'ensemble des textes ici publiés ont été écrits dans le cadre d'ateliers d'écriture menés, in situ, avec les élèves de l'option "Littérature et société", qui ont travaillé, durant un trimestre, à l'exploration et à la redéfinition de la réalité du mall aux Philippines.

 

LE MALL

 

J'inspire ce qu'il expire

L'odeur nouvelle, son air artificiel

 

Pieds sales traînent à sa surface

 

Il les observe à travers sa glace

Faces fondues

Mots perdus

 

Gémissements de son escalator

"Bip !" de ses récepteurs

 

Sa structure industrielle

Avale au pluriel

Une foule qui le consomme

Monotone

 

*

 

CHERI

 

Je te tiens contre ma poitrine

Tu es lourd mon chéri

Je t'aime et jamais je ne te laisserai

Essaye de dormir mon enfant

Paupières lourdes

Ne t'inquiète pas,

Je suis là et je resterai avec toi

Dors.

Ne t'occupe pas des personnes qui courent

Des bruits qui nous entourent

Des lumières qui t'aveuglent

Ne regarde que moi

Et laisse ma voix te bercer

Jusqu'au monde des anges

 

*

 

 

LA FEMME EN ROUGE

 

Mais où es-tu ?

Je te dis que je sors du supermarché !

Je t'avais dit de rester là? Super !

Oui, je porte un pantalon rouge

Avec mon sac Longchamp de la même couleur?

Je descends de l'escalator, je suis là,

A l'entrée.

J'attends.

Écoute-moi bien !

Je vais au parking : rejoins moi là-bas?

Oui, la porte de derrière !

Quel clown celui-là !

 

*

 

UN JOUR

 

La dame d'âge mûr reprend sa marche,

Un gros sac plastique de ravitaillement dans une main ridée,

Jambes tordues et pas irréguliers, elle traîne.

Tout son corps grimace, courbé sur le côté malgré l'aide de son parapluie.

"Department Store" ; elle entre.

C'est par là, la sortie. La routine.

Dans l'autre main, elle tient au bout d'un ruban deux galettes.

Elle rentre chez elle, rapporte à ses enfants ces morceaux de bonheur.

Elle traverse le magasin.

Ses yeux se jettent en tous lieux.

Se précipite sur elle une abondance de produits.

Menaçant son périple.

S'exhibent sous ses yeux parfums, accessoires et montres.

C'est une de ces montres que les étrangers ont au poignet,

Celles qui brillent lorsqu'une raie de lumière s'y reflète,

Celles qui plaisent et éblouissent les enfants qu'elle aime tant ;

Mais elle n'a pas les moyens.

Peut-être qu'un jour, elle arrivera à leur offrir tout ce qu'ils veulent,

Peut-être qu'un jour, elle leur offrira cette promesse, cet espoir, ce futur.

Le magasin l'abandonne comme un maître abandonne son chien ;

Le bidonville de midi la retrouve,

Et ses enfants.

 

*

 

EMOTIONS

 

L'encre de Prusse absorbe le ciel

Le soleil se dissout

Peu importe mon âge

Peu importe mon visage

Ici, nul ne me connait

Et ne me connaitra

Je suis qui je désire être

Grandit en moi

Une aisance

Une délivrance

Je me sens libre.

 

Maya MASSELIN (2de ? LFM) (www.lepetitjournal.com/manille) vendredi 27 janvier 2017

Illustration : dessins à l'encre de Maya MASSELIN

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Publié le 26 janvier 2017, mis à jour le 26 janvier 2017

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