Touristes de passage ou expatriés, cinq Français racontent leurs expériences face à la crise du coronavirus aux Philippines.
Pedro Gomez, 25 ans, originaire de Levallois-Perret
“Je suis arrivé aux Philippines le 1er mars et j’en suis reparti le 17 mars. Au moment de l’annonce du confinement de Manille, j'étais à Palawan. J’ai tout fait pour quitter El Nido et rejoindre la capitale dès le lendemain, le 13 mars, puisque ça serait impossible à partir du 15 mars. J’ai réservé un vol qui n’était pas prévu et évidemment je n’ai eu aucun remboursement de la part de la compagnie avec laquelle je devais voyager après le 15 mars vers Manille. Jusqu’au jour du départ, ça a été difficile puisque les taxis n’étaient plus autorisés à circuler dans Manille. Il y a eu de l’entraide via le groupe Facebook des Français aux Philippines, certains se sont proposés de transporter des touristes jusqu'a l'aéroport. Jusqu'au dernier moment, on n’était pas sûrs de pouvoir monter dans l’avion. De retour à Paris, je suis content d’être auprès de ma famille, chez moi. Je continue à suivre la situation aux Philippines et cela semble être de plus en plus compliqué pour les touristes toujours bloqués sur place."
Céline, 38 ans, maman de deux enfants
“Je suis partie en famille pour 6 mois sabbatiques avec mon conjoint et mes deux enfants de 7 et 4 ans. Je suis à Bohol depuis le 24 février. Mon conjoint est parti le 9 mars pour le travail en Allemagne, juste avant les mesures de confinement. Depuis, tous les jours, je me pose des questions. Tous les jours, je consulte le site de l'ambassade. Je ne me sens pas bloquée comme certains touristes car je n’ai pas de vol retour annulé, pas de boulot qui m'attend en France. Mais je m'inquiète pour la suite. Si dans un mois la situation est pire ? Si je veux rentrer, est-ce que ce sera toujours possible ? Est-ce que mon conjoint pourra me rejoindre mi-mai comme initialement prévu ? En attendant, j'occupe mes enfants. On est parti de France avec des cours à distance pour Corto qui est en CP donc tous les matins c’est le moment des devoirs. En activités manuelles, c'est assez réduit car on n'a pas beaucoup de matériel. Par contre, on a la chance d'avoir une piscine dans la résidence où nous sommes et elle est toujours ouverte à ce jour. Néanmoins plus ça va et plus je prends conscience de la gravité de la situation donc je ne prends vraiment pas de risques, très peu de contacts avec d'autres personnes, sauf pour aller faire les courses. Je me sens très seule. Je n'ai jamais obtenu de réponse à mon mail adressé à l'ambassade pour savoir si le gouvernement nous autorisait à rester ou nous demandait de partir. Ma situation est ni celle d'un touriste court séjour ni celle d'un expat, c'est pour ça que je ne sais pas trop quel conseil suivre : rester ou partir... Tous les jours je me pose la question…”
David Blum, 35 ans, vit à Manille avec sa femme et son fils
"Tout est fermé sauf les premières nécessités. On ne sort plus mais on continue à vivre en s'occupant comme on le peut. Je n'ai aucune intention de rentrer en France. Les gens ici sont beaucoup plus disciplinés. Ici, quand on dit qu'on ne sort pas, on ne sort pas sauf en cas de nécessité. Il nous faut d'ailleurs un pass spécial (ID Pass) pour sortir sinon nous pouvons être emprisonnés. Pour mon travail, je suis inquiet, mais uniquement car ils nous forcent à aller au bureau en open-space. Nous voulons faire du télétravail, mais le client le refuse catégoriquement. Le plus difficile est de rester enfermé lorsque l'on a l'habitude d'être toujours dehors. Ayant vécu à Davao City sur l'île de Mindanao auparavant, je suis habitué à ce que les rues soient désertes et silencieuses hormis des militaires ou des policiers. Personnellement, cela ne me pose pas de problème majeur. Il faut juste s'adapter pour un temps, mais comme on dit ici, Better safe than sorry."
Chloé Gruin, 34 ans, originaire des Yvelines
“Je devais rester quatre mois aux Philippines. J'étais sur l’ile de Cebu dans une famille quand les mesures de confinement ont été annoncées. Jai décidé de rentrer via l’avion mis en place par l'ambassade de France le 24 mars. J’ai décidé de rentrer pour être auprès de mon père qui est tout seul durant le confinement. Il ne me reste que lui et les compagnies aériennes ont annulé en cascade leurs vols vers la France. Je ne voulais pas être bloquée six mois ici et ne pas pouvoir rentrer s'il lui arrivait quelque chose.”
Steve Lulin, 26 ans, originaire de Bretagne
“Je suis arrivé dans la région de Nueva Ecija le 11 décembre pour mon mariage qui a été reporté plusieurs fois (raison administrative puis à cause du coronavirus). Notre mariage a finalement eu lieu avec le prêtre dans notre appartement avec moins d'invités que prévu. Je suis maintenant coincé à Nueva Ecija, il n’y a pas de transports et la ville est fermée. Mon vol pour rentrer en France a été annulé et ne m’a pas encore été remboursé. Je n’ai pas les moyens d’acheter un des rares et coûteux billets pour rentrer en France. J'ai essayé de contacter l'ambassade par téléphone mais pas de réponse. Je suis le déroulement de la situation sur les groupes Facebook. Contrairement à beaucoup de touristes, je peux loger chez ma belle-famille quelques temps mais si la situation s'éternise ce sera plus compliqué. Je suis intérimaire et je vis ici sur mon épargne.”