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ANECDOT’HIC – Miguel Malvar, le plus fidèle des patriotes

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Miguel Malvar
Écrit par Lila BUNOAN
Publié le 24 octobre 2017, mis à jour le 24 octobre 2017

Miguel Malvar a été le dernier des généraux de le première république philippine à se rendre aux Américains. Ce véritable héros national, le plus intransigeant des indépendantistes, sans doute l’un des plus courageux, reste pourtant encore aujourd’hui largement méconnu.

Premiers pas en politique

Né en 1865 à Santo Tomas, dans la province de Batangas, Miguel Malvar a vécu son enfance dans le milieu modeste des cultivateurs de riz et de canne à sucre. En 1880, il est pourtant élu gouverneur de sa ville et développe son influence en osant dénoncé le contrôle de la religion sur les Philippins.

Engagement patriote et militaire : la première révolution philippine

La guerre d’indépendance bat son plein. A Manille, guidée par Andres Bonifacio, elle semble déjà dans l’impasse. Emilio Aguinaldo a pourtant enregistré des victoires significatives à Cavite et a réussi à traverser la frontière de Batangas à la fin de septembre 1896. Pour Miguel Malvar, c'est le moment de s’engager. Une nouvelle carrière commence : la carrière militaire. Il travaille ainsi à l’unification des forces armées révolutionnaires en consolidant l'alliance entre les trois provinces de Laguna, Batangas et Tayabas.

Premier témoignage de son intransigeance et de son courage, il s’oppose aux négociations de paix avec les Espagnols alors même que vient d’être signé l’armistice mettant fin à la république de Biak-na-Bato, le gouvernement militaire indépendantiste d’Emilio Aguinaldo, aussi appelé première république philippine.

Miguel Malvar

En décembre 1897, Emilio Aguinaldo, mettant en œuvre, contre une forte rétribution, les termes de l’accord conclu avec les forces espagnoles, s’exile à Hong-Kong, dénonce la révolution, exhorte les combattants à déposer les armes et déclare illégales toutes suites données au combat.

Miguel Malvar poursuit la lutte. La première république n’est pas morte !

Un chef militaire exemplaire : la guerre américano-philippine

Dans le même temps, Espagnols et Américains se disputent leur influence sur l’archipel philippin : c’est la guerre hispano-américaine. Peu après la défaite mémorable de l'armada espagnole dans la baie de Manille le 1er mai 1898 et la victoire des Américains, les combats indépendantistes recommencent. La proclamation d’indépendance des Philippines du 12 juin 1898 ne sera reconnue ni par les Etats Unis ni par les Espagnols et le traité de Paris, en décembre de la même année, scelle l’accord commercial de session des Philippines de l’ancien colonisateur au nouveau protectorat.

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Soldats américains durant la guerre américano-philippine

Dès avant le début officiel de la guerre américano-philippine, en février 1899 à Manille, Miguel Malvar, retourne, en mai et juin 1898, dans sa province de Batangas et parvient à y structurer les forces indépendantistes. En mai 1899, la brigade de Malvar rejoint les troupes indépendantistes à Muntinlupa en préparation d'un assaut contre les Américains.

Si les combats, dans la province de Batangas, ne s’avèrent pas, dans un premier temps, particulièrement meurtriers, le commandement américain, par ses manœuvres de pacification, contraint néanmoins Malvar à se replier à Calamba pour y superviser la défense de la province. Il organise notamment un système de défense avec des tranchées autour de Santo Tomas (Batangas) et Tulo (Laguna).

Deux années de guérilla sans relâche

L’attaque américaine du mois de janvier 1900 contre les troupes de Malvar, progressivement épuisées par la durée des combats et leurs conditions de vie, conduit Malvar à se réfugier dans les montagnes de Makiling. Il y mènera pendant deux ans une guérilla sans relâche.

En avril 1902, la majorité des officiers de Malvar ont tourné à l’ennemi : ils sont désormais volontaires pour la force américaine. Dans le même temps, Aguinaldo a été capturé et son successeur, le général Mariano Trias s'est rendu.

Le 13 avril 1902, Miguel Malvar et sa famille, épuisés et acculés, n’ont d’autre choix que de se rendre.

La fin exemplaire d’un révolutionnaire jusq’au-boutiste

Il refuse en effet toute négociation avec les Etats Unis, qui restent la puissance ennemie. Aucune confiance ne pourra jamais, selon lui, être établie avec le colon sanguinaire. Il rejette donc les propositions de postes et les rémunérations du protectorat américain et mène une vie de petit paysan.

Il meurt de maladie en 1911, pauvre, mais fidèle, révolutionnaire jusqu’au dernier instant.

On peut aujourd’hui trouver un sanctuaire en sa mémoire dans la salle municipale de Santo Tomas. Mais ce révolutionnaire exemplaire, véritable héros national, reste néanmoins encore largement méconnu des Philippins eux-mêmes.

Lila BUNOAN
Publié le 24 octobre 2017, mis à jour le 24 octobre 2017

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