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L'aigle impérial ibérique, une espèce endémique de la péninsule

Aigle imperial iberiqueAigle imperial iberique
L'aigle impérial ibérique est le seul rapace endémique de la péninsule ibérique / MITECO
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 23 mai 2023, mis à jour le 23 février 2024

Les efforts de conservation pour préserver cette espèce endémique de la région méditerranéenne, en danger d'extinction, commencent à donner leurs fruits. On n'en comptait plus que 39 en 1974. 


 

Les derniers résultats sur l'aigle impérial ibérique, réalisé par un groupe de travail composé de représentants des administrations de l'environnement de l'Espagne et du Portugal, sont particulièrement positifs. 

De 325 à 841 couples nicheurs en dix ans

Entre 2021 et 2022, un minimum de 841 couples d'aigles impériaux ibériques ont été recensés, dont 821 en Espagne et une vingtaine au Portugal. Ces données représentent une augmentation de 53% de la population depuis 2017, lorsque le recensement au niveau ibérique proposait alors 536 couples.

 

L'aigle impérial ibérique est l'une des espèces emblématiques de la faune espagnole, et le seul rapace endémique de la péninsule ibérique. L'espèce est actuellement répartie dans cinq communautés autonomes espagnoles et 396 territoires, ce qui représente 47% du total en Espagne. 

Où trouver les aigles impériaux ibériques?

Castilla-La Mancha est la communauté autonome qui accueille le plus grand nombre de couples nicheurs. Les grandes zones de cette région avec des habitats très favorables pour l'espèce, principalement associées à la vallée du Tage, aux environs de la Sierra Morena et à la région de Campo de Montiel, ont permis une augmentation significative du nombre de couples. Tolède est la province de prédilection pour cette espèce.

 

le taureau espagnol et des éoliennes
Les éoliennes font des ravages auprès des oiseaux et ce, malgré les systèmes d'arrêt anticollision

 

L'Andalousie a également connu une augmentation significative du nombre de couples, passant de 70 en 2011 à 136 en 2022, qui ont atteint ces dernières années les Sierras Subbéticas et la province de Grenade. Castilla y León compte pour sa part 131 couples, avec une nette tendance à l'expansion, principalement vers le nord de la région. La Communauté de Madrid abrite également une forte densité d'aigles impériaux, atteignant 83 couples en 2022 (30 en 2008). En Estrémadure, la population d'aigles impériaux augmente également, bien qu'à un rythme plus lent, pour atteindre un total de 75 couples en 2022. Pour sa part, le Portugal signale un minimum de 17 couples sur son territoire, estimant la présence possible de 20 couples, principalement répartis dans la région de l'Alentejo et dans les zones limitrophes de l'Estrémadure.

Il ne restait que 39 couples en 1974

Le premier recensement national de l'espèce, réalisé en 1974, n'avait dénombré que 39 couples. Quatorze ans après ce premier recensement, il y avait déjà plus de cent (104) et la population a continué à croître, à un taux moyen de 6% par an, pour atteindre 841 en 2022. Un nouveau recensement complet est prévu en 2023, qui confirmera la tendance à la croissance de l'espèce.

L'électrocution, l'empoisonnement, la chasse et les éoliennes

Le travail réalisé par les administrations publiques, les propriétaires privés, les organisations de conservation et les chercheurs a contribué au rétablissement de l'une des espèces les plus représentatives de la faune ibérique. Le travail d'adaptation des caractéristiques techniques des supports des lignes électriques dangereuses a été fondamental pour améliorer la survie de l'espèce, car l'électrocution sur ces structures a été - et continue d'être - le principal facteur de mortalité non naturelle de l'aigle impérial ibérique. 

 

Evolution du nombre de couples d'aigles impériaux ibériques depuis 1974
Évolution du nombre de couples d'aigles impériaux ibériques depuis 1974 - MITECO

 

 

Un autre facteur important de mortalité non naturelle est l'empoisonnement par des appâts toxiques placés illégalement dans la nature. Entre 1992 et 2017, 195 spécimens ont été détectés morts pour cette raison. D'autres menaces continuent d'affecter l'espèce : parmi elles, la persécution directe avec des méthodes illégales (tir, par exemple), l'empoisonnement par ingestion de proies avec des niveaux élevés de métaux lourds (principalement le plomb) et le développement d'infrastructures, telles que les éoliennes, qui peuvent affecter négativement ce rétablissement.

 

Par conséquent, malgré ces résultats positifs et l'exemple réussi du travail de conservation effectué avec l'aigle impérial ibérique, qui a considérablement réduit son risque d'extinction, il est toujours nécessaire de poursuivre les efforts de surveillance et de recherche, les investissements dans la réparation des lignes électriques, la protection des zones critiques face aux transformations de l'habitat dues à la mise en œuvre de développements énergétiques et la réconciliation des pratiques dans l'environnement rural. Comme il s'agit d'une espèce endémique, l'Espagne et le Portugal ont la plus grande responsabilité globale pour assurer la conservation de cette espèce, qui est considérée comme une priorité dans l'ensemble des normes et conventions internationales sur la conservation de la biodiversité.

L'aigle Bonifacio, élevé en France, dernière victime d'une éolienne

Une éolienne du parc de San Francisco de Borja, à Saragosse, a tué un aigle de Bonelli d'Alava, un rapace menacé et prioritaire en Europe. Bonifacio, comme on l'appelait, était un spécimen mâle du programme européen "Aquila a Life", issu du programme de reproduction en captivité en France, mis en œuvre par la Diputación Foral de Álava pour réintroduire cette espèce menacée sur le territoire. Un nom propre qui symbolise aujourd'hui les ravages des éoliennes sur l'avifaune. L'éolienne qui a tué Bonifacio était pourtant équipée d'un système d'arrêt anticollision.
 

Armelle Pape van dyck
Publié le 23 mai 2023, mis à jour le 23 février 2024