Édition internationale

L’audace d’Olympe de Gouges saluée par Mujeres Avenir lors d’un hommage à Madrid

C’est dans les élégants locaux du cabinet d’avocats Pérez-Llorca, au numéro 50 du paseo de la Castellana, qu’a eu lieu hier la présentation du livre Olympe de Gouges, signé par Julia Sevilla Merino, professeure honoraire de droit constitutionnel et de science politique à l’Université de Valence. Un ouvrage dense, engagé et profondément actuel.

 Julia Sevilla Merino et les autres intervenantes pour la recontre sur olympe de gouges organisée par Mujeres Avenir à Madrid Julia Sevilla Merino et les autres intervenantes pour la recontre sur olympe de gouges organisée par Mujeres Avenir à Madrid
Mujeres Avenir
Écrit par Pablo Barrios
Publié le 28 mai 2025, mis à jour le 4 juin 2025

Sa vie et sa lutte pour l’égalité sont un phare qui continue d’éclairer le chemin des femmes aujourd’hui. Il est essentiel de rappeler et de transmettre son héritage pour avancer vers une société plus juste et égalitaire.

— Julia Sevilla Merino, autrice du livre "Olympe de Gouges"

 

La rencontre, organisée par la fondation Mujeres Avenir, fut introduite par sa présidente, María Luisa de Contes, qui a souligné d’emblée que ce livre dépasse les frontières du simple essai : il s’agit d’un hommage intellectuel et militant à une femme qui, à la fin du XVIIIᵉ siècle, osait penser l’impensable — l’égalité des sexes, l’abolition de l’esclavage et la démocratie inclusive.

La modération, assurée par Adriana de Buerba, du département pénal du même cabinet, a permis un dialogue vivant avec l’autrice, dans une atmosphère à la fois rigoureuse et empreinte de spontanéité — une touche d’humanité bienvenue dans un échange aussi exigeant.

 

les conférencieres lors de la présentation du livre de Julia Sevilla Merino,
Mujeres Avenir. 

 

 

 

Olympe de Gouges, l’éclat d’une voix féministe au XVIIIᵉ siècle

Mais qui était Olympe de Gouges ? Née Marie Gouze en 1748 à Montauban, cette femme de lettres et de théâtre choisit son pseudonyme pour écrire en toute liberté. Veuve très jeune et farouchement opposée au remariage — qu’elle percevait comme une prison sociale pour les femmes —, elle s’installe à Paris et s’engage dans les cercles intellectuels de la Révolution.

 

 

la professeure Julia Sevilla Merino en train de présenter son livre à coté de la modératrice
Mujeres Avenir. 

 

Sa pièce L'Esclavage des Noirs, jouée en 1789, provoque un scandale. Deux ans plus tard, elle publie sa célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, réponse audacieuse à celle de 1789, réservée aux hommes. Elle y proclame, entre autres, que « la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune ».

L’événement s’est tenu en présence de nombreuses personnalités du monde politique, juridique et diplomatique, parmi lesquelles Carmen Calvo, présidente du Conseil d’État ; María Luisa Balaguer Callejón, magistrate du Tribunal constitutionnel ; Yolanda Gómez Sánchez, conseillère du Conseil d’État ; ou encore Ana de Miguel, philosophe et figure du féminisme espagnol. Les représentantes diplomatiques de l’Andorre, du Brésil et de l’Équateur étaient également présentes.

 


 

Un héritage féministe brûlant d’actualité en Espagne et en France

La présidente du Conseil d’État, Carmen Calvo, présente à l’événement, a rappelé avec force que les clubs féminins et les salons de l’époque — lieux de débat et de revendication — étaient essentiels à la vie politique pré-républicaine. Et qu’ils doivent aujourd’hui renaître sous de nouvelles formes pour faire avancer les combats inachevés.

 

 

discours de la presidente de Mujeres avenir avant la conference devant un public nombreux
Mujeres Avenir. 

 

Julia Sevilla Merino a souligné combien Olympe de Gouges incarne l’audace intellectuelle face à la répression : « Elle savait relier des idées contradictoires, ce qui lui permettait de produire une pensée originale dans un cadre politique en mutation. Elle comprenait la loi comme un outil d’émancipation, pas comme une simple contrainte. »

Arrêtée en 1793 pour avoir défendu la démocratie contre les dérives autoritaires de la Terreur, Olympe de Gouges fut guillotinée à Paris à l’âge de 45 ans. Son dernier texte — Une femme a le droit de monter à l’échafaud — résonne aujourd’hui encore comme un cri de résistance et d’espoir.

La professeure Julia Sevilla Merino a exprimé sa gratitude pour l’accueil réservé à son ouvrage et pour la qualité des échanges. Elle a insisté sur l’importance de redonner une place centrale aux femmes comme Olympe de Gouges dans les récits historiques : « Trop souvent, l’histoire officielle a effacé des femmes extraordinaires. Olympe a démontré que la citoyenneté ne pouvait être réservée à un seul sexe. Sa pensée reste une boussole pour toutes celles et ceux qui œuvrent pour l’égalité. »

À travers l’ouvrage de Julia Sevilla Merino, ce cri traverse les siècles. Il nous rappelle qu’en plein cœur de la Révolution française, une femme osa penser l’égalité non comme un rêve, mais comme un droit.

 

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