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FREDERIC BEREYZIAT -"L´Espagne est un partenaire naturel pour Unifrance Films"

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 21 avril 2016, mis à jour le 22 avril 2016

Arrivé à Unifrance Films en juillet dernier, Frédéric Bereyziat est le nouveau Directeur général adjoint de l´organisme de promotion du cinéma français à l´étranger. Ancien élève de l´ENA, il a intégré le Conseil d´Etat, a été détaché au ministère des Affaires étrangères et européennes et, en 2009, a pris la direction des affaires européennes et internationales au CNC (Centre National du Cinéma et de l´image animée). A l´occasion du dernier "Rendez-vous avec le cinéma français", Frédéric Bereyziat est venu à Madrid où il a expliqué ses projets chez Unifrance et sa vision sur cette troisième "cita" de cinéma français.

(Photo Nacho López) Lepetitjournal.com : Quelles vont être vos priorités et vos axes de travail ?
Frédéric Bereyziat : On essaye de plus en plus d´utiliser les nouvelles technologies numériques pour toucher le public, qu'il est de plus en plus difficile de faire venir dans les salles. C´est ça notre priorité. On va essayer d´utiliser les opportunités des nouvelles technologies pour rajeunir notre public dans le monde entier. Le festival du film français en ligne ("My FrenchFilm Festival") en est l'illustration, à laquelle nous croyons beaucoup. C´est un festival, à ma connaissance, qui n´a pas d´équivalent dans le monde. On a 10 courts, 10 long-métrages, tous en compétition pendant un mois. Cette année, le festival a été repris sur 37 plateformes partenaires. Il a permis de toucher des internautes dans plus de 200 pays. On a eu 6,5 millions de visionnages en un mois ! On arrive à toucher des gens qui sont loin des salles de cinéma ou qui ne vont pas spontanément voir du film français. C´est très important. Les pays qui ont consommé, par exemple, c´est la Russie, le Brésil? Ce sont des pays complexes, un peu loin aussi de la France. C´est typiquement le genre d´actions auxquelles on croit, pour le renouvellement du public aussi : c´est fondamental de s´adresser aux jeunes générations pour qui la Nouvelle Vague, Delon, Deneuve ne veulent pas forcément dire grande chose. Et d´une certaine manière c´est une chance, parce que ça ne correspond pas exactement à ce qu´est le cinéma français actuellement. Notre but c´est d´arriver à faire passer le témoin pour que la production contemporaine française soit connue et appréciée du public. Là, on a un rôle très important à jouer à Unifrance. Des stars qui le sont chez nous mais qui ne le sont pas à l´étranger peuvent le devenir. Elles n'en sont pas forcément conscientes tant qu´elles n´ont pas voyagé. Une fois qu´elles y vont, qu´elles peuvent s´exprimer dans la presse, en général, elles comprennent l´intérêt d´aller défendre leur film à l´étranger. C´est ce travail, aussi, qu´on fait vis-à-vis des artistes.

Pourtant, si la présence de réalisateurs lors des "Rendez-vous" à Madrid est très importante, celle des acteurs est assez réduite.
Vous avez parfaitement raison. Là aussi, c´est quelque chose qui nous tient beaucoup à c?ur. Unifrance investit beaucoup d´efforts pour faire voyager les acteurs. Il y en a certains qui sont convaincus que c´est important pour eux et pour le film français, d´autres qui ont besoin d´être convaincus et voilà, il faut qu´on arrive à faire le premier pas. En général, quand ils ont essayé une fois, ils en redemandent. Mais, ils ont des plannings complétement fous, ils sont en tournage, ils font du cinéma, du théâtre en même temps? Aussi, parce que pour eux, le film correspond à un moment de leur carrière mais il est moins déterminant que pour un réalisateur qui veut accompagner son film depuis le début (il l´a conçu). Pour un acteur, cela peut être plus fugace. Le film, il l´a peut-être fait il y a un an, deux ans, et il est passé à un autre film. Arriver à se replonger mentalement dans cet univers-là, c´est pas facile et certains, quelque fois, n´ont pas envie. Et, le dernier élément, c´est, sans doute, qu´à la différence de ce qui se passe avec les studios américains où le travail de promotion fait l´objet de clauses contractuelles dès avant la réalisation du film, ce n´est pas le cas en France. C´est toute une pratique qu´il faut changer en mettant dans la boucle des producteurs, des agents, des artistes pour qu´eux aussi trouvent leur compte.

Qu´est-ce que vous attendez de ce 3e "Rendez-vous" de cinéma français ?
Là encore entretenir le goût du public pour le film français. C´est très important, pour nous, d´être dans des salles commerciales fréquentées par des jeunes qui vont voir aussi des productions espagnoles et américaines. Nous voulons montrer que le cinéma français n´est pas un cinéma de niche pour une élite, pour des gens qui sont passés par le Lycée Français ou qui savent parfaitement parler la langue. Nous, on est persuadés que le cinéma est universel et que le cinéma français, le cinéma espagnol ou l´américain sont tous importants. Et, surtout, qu´on peut s´adresser à tout le monde. C´est ça notre message.

Avec 70 films français importés en Espagne en 2015, dans quelle place situez-vous le marché espagnol par rapport aux actions d´Unifrance ?
Pour nous, c´est un partenaire naturel. L´Espagne est un pays ami, un pays frère et on sait qu´il y a certaines productions françaises qui vont marcher en Espagne. Les Espagnols sont friands des comédies françaises qui peuvent très bien marcher. Par exemple, "Qu´est-ce qu´on a fait au bon Dieu ?" (plus d´un million d´entrées). Ça fait 65 ans qu´on suit le cinéma français à l´étranger et on sait quel genre de cinéma s´exporte mieux dans tel ou tel territoire. Pour l´Espagne, on a une idée assez précise du goût du public. Nous, ce qui nous intéresse, c´est modifier un petit peu ce goût-là, de l´élargir, de faire découvrir d´autres choses que le public voudra voir spontanément et d´arriver à être représentatifs de la diversité du cinéma français, et à faire bouger les lignes petit à petit. Donc, on sait que les comédies marchent, mais on va aussi vouloir montrer des films documentaires, par exemple, comme le très beau film "Demain" ("Mañana") de Cyril Dion qui passe dans le cadre du festival. On se dit que ce n´est pas le film que le public irait voir spontanément mais là, on peut lui donner le goût d´aller le voir et je suis sûr qu´il y a quelque chose de très universel dans ce message qui va intéresser le public espagnol.

Carmen PINEDA (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 20 avril 2016Membre-électeur de l´Académie Francophone du Cinema (Association des trophées francophones du cinema) qui décerne chaque année dix prix dédiés au cinema des pays de la francophonie. Collaboratrice comme critique de cinéma dans plusieurs magazines : "Estrenos", "Interfilms" et "Cinerama". Envoyée spéciale à des festivals de cinéma en France pour les journaux "Diario 16" et "El Mundo". Jury du Prix du CEC (Círculo de Escritores Cinematográficos) au Festival international de Cinéma de Madrid (1997). Actuellement membre du CEC et critique dans cinecritic.biz et lepetitjournal.com

 

 

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Publié le 21 avril 2016, mis à jour le 22 avril 2016