

Depuis les débuts de la crise de 2008, les tarifs de l'électricité ont augmenté de 43% en Espagne. Pour beaucoup d'Espagnols, la facture d'électricité fait mal au portefeuille, au point même de parler de ?pauvreté énergétique?. En cause : le ?déficit tarifaire? du système électrique espagnol et par conséquent, le prix du kilowattheure qui ne cesse de grimper. Face à son ascension, le gouvernement Rajoy s'est vu contraint de bloquer les prix et d'entamer une nouvelle réforme sur l'énergie. Pourquoi l'électricité espagnole coûte si chère ? Que font les autorités pour remédier à ce problème qui pèse sur les ménages ibériques ? Quels sont les trucs et astuces à connaître pour baisser (un peu) sa facture ?
(Photo CC Emmanuel Huybrechts)
Le déficit tarifaire du système électrique espagnol -conséquence directe de choix politiques fais dans les années 2000- atteint actuellement plus de 26 milliards d'euros. L'écart grandissant entre le coût réel de production et le prix payé par les consommateurs -à l'origine du déficit tarifaire- rattrape l'Espagne. Le prix du kilowattheure espagnol en est le premier témoin. Son augmentation exponentielle fait de l'Espagne le troisième pays de l'Union européenne où l'électricité est la plus chère, derrière Chypre et l'Irlande. Quant aux Espagnols, ils en paient le prix. Le prix fort. Selon Arte, près d'un demi-million d'entre eux se trouveraient en situation de ?pauvreté énergétique?, privés d'électricité, plongés dans le noir.
France vs Espagne
De l'autre côté des Pyrénées, la réalité est toute autre. Si la France connait des hausses sensibles du prix de son kilowattheure, rien de comparable avec son voisin espagnol. Contrairement à la France, l'Espagne ne peut compter sur son parc nucléaire. D'autant plus que le système de fixation des prix de l'énergie différent en tout point entre les deux pays. En Espagne, si certains pointent du doigt le système spéculatif qui se cache derrière l'établissement des tarifs de l'électricité, d'autres mettent en cause les primes dédiées au développement des énergies renouvelables (EnR). Pour le secrétaire d'État à l'Énergie Alberto Nadal, ce coût élevé est dû à une introduction ?'inconséquente? des énergies renouvelables par le précédent gouvernement socialiste, ?très rapide et subventionnée alors que les technologies étaient très chères?, rapporte La Tribune de Genève. En France, ces primes sont moindres, loin derrière les 50 milliards d'euros que l'Espagne a accordé aux EnR entre 1998 et 2013.
En chiffres, la différence est palpable, en Espagne le kWh atteint les 23,11 centimes d'euro. En France, il est 10 centimes moins cher, soit 13,12 centimes d'euros environs. Selon le quotidien Atlantico, la facture annuelle d'électricité d'un Français n'est quant à elle pas comparable avec celle d'un Espagnol, pour la simple et bonne raison que les deux pays ne dépendent pas de la même zone climatique. Ainsi, malgré le différentiel tarifaire, la facture énergétique française atteint en 2012, 1.403? par ménage et par an selon l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEM) contre 844? pour l'Espagne en 2013.
Réformes gouvernementales contre la hausse des prix de l'électricité
Après plusieurs réformes du marché national de l'énergie, en vain, l'Espagne a pris la décision de limiter la hausse des prix de l'électricité par décret, rapportait fin décembre l'agence de Presse Reuters. Pour ne pas dégrader le pouvoir d'achat de sa population, le gouvernement a fixé à 2,3% la hausse au premier trimestre 2014. Son objectif : limiter un trop fort bond des tarifs tout en travaillant à la définition d'un mécanisme de fixation des prix plus adéquat. Jusqu'à présent, la base tarifaire de l'électricité était déterminée à partir des résultats des appels d'offres. Il suffisait aux compagnies nationales d'électricité de se mettre d'accord sur un tarif en fonction de l'offre et de la demande. Le nouveau système devrait s'appuyer, à partir du deuxième semestre (au 1er avril 2014), sur les cours à terme de l'électricité, fixés à l'avance donc et par le marché. Ce qui devrait modifier la facture des particuliers, basée à 40% sur les tarifs de base, limitant ainsi les effets de fluctuation.
D'après le quotidien espagnol ABC, le nouveau système voulu par le ministère de l'Industrie de l'Energie et du Tourisme espagnol, prévoit également la fin du tarif unique et universel. Une première en Espagne. Désormais, le tarif payé par chacun sera distinct, et fonction de sa consommation personnelle. Dans ce cadre est prévu notamment l'introduction d'ici fin décembre 2018 de ?compteurs électrique intelligents? dans toutes les habitations. Ces derniers détaillent la consommation en temps réel. Il devrait permettre à ses utilisateurs un meilleur contrôle de leur facture énergétique.
Trucs et astuces : le coin des idées lumineuses pour faire des économies
La situation est telle, que pour la première fois dans le pays, une association de consommateurs a décidé de s'unir pour faire des achats groupés en électricité et payer moins cher. L'idée, née sur la toile à partir du site ?Quiero pagar menos luz? (je veux payer mon électricité moins cher) réuni plus d'un demi million d'utilisateurs. Parmi lesquels 22.000 consommateurs, initiés au projet ?Holaluz.com?, se sont regroupés autour du premier achat groupé d'électricité. Bilan : une réduction de leur facture d'électricité de 49? en moyenne pour l'année 2013 et une énergie ?100% verte? selon l'Organisation espagnole de Consommateurs et d'Usagers (OCU).
Selon le quotidien espagnol El País, il existe d'autres astuces encore pour diminuer le coût de sa facture énergétique. En voici quelques-unes. La campagne ?bajate la potencia? (fais baisser la puissance), mise en place par une vingtaine d'organisations propose quelques outils pour valoriser au mieux sa consommation d'électricité. Pour ce faire elle met à la disposition du consommateur les données nécessaires au calcul de sa consommation individuelle en fonction de l'électroménager dont il dispose tout en lui offrant un mode d'emploi pour le guider dans ses démarches. L'objectif étant de ne pas dépenser plus que ce qu'on ne consomme réellement.
Adopter une utilisation énergétique intelligente reste une solution des plus simples. Le nouveau système de tarification ne change en rien la possibilité de contracter un tarif nocturne différenciant les heures pleines des heures creuses. Ainsi en consommant davantage entre 22H et 12H en hiver et entre 23H et 13H en été, il est possible de réduire considérablement sa facture d'électricité? jusqu'à 40%. Le comportement inverse correspond quant à lui à une augmentation de 20% de sa facture, toujours selon l'OCU. Aussi il est recommandé d'utiliser de l'électroménager de basse consommation, parfois plus cher à l'achat mais qui peut s'avérer, au long terme, être une véritable source d'économie. Eteindre l'ordinateur, débrancher télévision, radio et autres batteries sont également autant de petits gestes quotidiens, qui selon Rocío Carneros et Jorge Planelló, auteurs de ?Trucs pour économiser 5.000??, se révèlent tout aussi efficaces.
Laura LAVENNE (www.lepetitjournal.com/madrid) mardi 25 février 2014
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