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ELECTIONS GENERALES - Qui va s'allier avec qui... Et en quoi la situation catalane peut-elle modifier la donne ?

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 janvier 2016

Depuis le 20 décembre dernier, l'Espagne est entrée dans une nouvelle ère de sa vie électorale, mais n'a toujours pas de nouveau chef du gouvernement. Les deux partis historiques, le PP et le PSOE, n'obtiennent plus la majorité absolue nécessaire pour gouverner seuls. Cette fin du bipartisme est une nouveauté pour les politiques espagnols qui n'arrivent pas à se mettre d'accord pour former les alliances nécessaires afin de constituer un nouveau gouvernement. Les fêtes de fin d'année ont-elle aidé les représentants politiques à se décider ?

Trois semaines après les élections générales, le nouveau gouvernement espagnol n'est pas encore prêt d'être établi. Il faudra d'abord attendre le 13 janvier pour constituer le parlement. Ce jour-là, les différents groupes politiques se lanceront dans de grandes et longues négociations afin de désigner le président de la Chambre, les vice-présidents et les différents groupes parlementaires. Seulement après cela, le roi Felipe VI réalisera les consultations auprès des députés afin de proposer un chef du gouvernement. Si Mariano Rajoy, représentant du parti le plus voté aux élections, est proposé, il y a de grandes chances qu'il obtienne un "non" lors du premier vote, ainsi qu'au second (48 heures plus tard). Si les parlementaires n'arrivent pas à s'entendre, la période d'incertitude politique continuera alors jusqu'à ce qu'un accord se dessine entre partis, ou il faudra alors envisager de convoquer de nouvelles élections.

Mariano Rajoy cherche le soutien du PSOE
L'actuel président du gouvernement sait qu'il n'obtiendra pas la majorité nécessaire auprès du parlement pour pouvoir constituer son gouvernement. Dos au mur, Rajoy affirme que la réalisation d'une grande coalition avec la seconde force historique du pays, le PSOE, est le seul moyen de maintenir la gouvernabilité et l'unité de l'Espagne. La semaine dernière lors d'une interview accordée à Carlos Herrera sur la radio Cope, Mariano Rajoy a réitéré son appel au PSOE afin de former un grand pacte avec le Partido Popular et Cuidadanos, des partis qui défendent comme lui l'unité de l'Espagne. De cette manière, de grandes réformes pourraient être réalisées selon lui, parce qu'ils pourront "compter sur l'appui conséquent de plus de 200 députés". Le chef de file du PP se dit prêt à ouvrir toute les discussions et négociations nécessaires avec ces partis, notamment sur une modification de la Constitution. Cependant, la présidence du gouvernement reste un sujet non négociable. Dans son schéma, le PP gouvernera et Rajoy lui-même présidera le gouvernement. Lançant ses dernières cartes en attendant la décision de son homologue Pedro Sánchez au PSOE, Mariano Rajoy a rappelé que des gouvernements de coalition existent actuellement dans plusieurs pays européens.
Pour Rajoy l'objectif est clair : tenter de convaincre à tout prix le PSOE qu'il vaut mieux accepter de constituer un gouvernement en minorité à son côté plutôt que de provoquer de nouvelles élections alors que Podemos est au plus haut de sa popularité. Mais celui qui est encore le chef du gouvernement n'a pas le pouvoir de décision et doit s'en remettre à celle de Sánchez

La Catalogne offre une opportunité de dernière minute pour Rajoy
La nomination de Carles Puigdemont, grand indépendantiste, à la présidence de la Catalogne est venue offrir au PP une dernière chance de rebondir sur l'actualité pour monter son gouvernement. En effet, l'avancée soudaine des séparatistes en Catalogne, alors que tout semblait indiquer l'organisation de nouvelles élections, peut faire peur à de nombreux électeurs en Espagne. Le maintien de la feuille de route indépendantiste avec l'élection du nouveau président régional est une opportunité que le PP compte bien saisir. Depuis ce week-end, de nombreux représentants du parti de Rajoy ont redoublé leur pression sur le PSOE et Ciudadanos afin de former un bloc pour faire face "au chantage indépendantiste". Le parti ne cesse de communiquer sur le "radicalisme indépendantiste" du nouveau président de Catalogne, dont le seul objectif est de "rompre avec l'Espagne, fracturer la Catalogne et en finir avec l'égalité des Espagnols". Un évènement qui selon le PP, ne peut être solutionné qu'avec la formation d'un gouvernement stable formé partisans de l'application stricte de la Constitution.

Le PSOE tourne le dos au PP et privilégie une alliance à gauche
De leur côté, les Socialistes repoussent jusqu'à présent la proposition du PP. Plusieurs dirigeants du parti ont adressé une lettre ouverte à leur candidat Pedro Sánchez dans laquelle ils lui demanderaient de réaliser un pacte avec les autres partis de gauche afin de pouvoir mettre en place "les politiques de reconstruction sociale dont le pays a besoin". Dans cette lettre, les partisans expliquent à Sánchez qu'il lui faut "profiter de toute opportunité de négociation avec Podemos et les autres partis politiques de gauche". Pedro Sánchez a choisi le Portugal pour réaliser son premier rendez-vous international de l'année 2016. Un choix qui n'a pas été laissé au hasard en cette période de revendications politiques. Le premier ministre portugais Antonio Costa, également socialiste, a perdu les élections en octobre dernier, comme Pedro Sánchez. Il a néanmoins réussi à accéder à la tête du gouvernement grâce au soutien des autres partis de gauche, une première au Portugal. Cette visite médiatisée était une manière pour Sánchez de démontrer qu'un gouvernement de gauche peut être formé (ici, par les socialistes) après une victoire de la Droite.
Hier, le leader socialiste a rejeté encore une fois les propositions du PP, et appelé Ciudadanos et Podemos à s'unir avec lui pour former un gouvernement dont il serait le président. Le PSOE a également confirmé sa volonté de nommer le socialiste Patxi López, figure de la lutte anti-ETA, comme président du Congrès des députés. Pedro Sánchez a affirmé que López est le candidat idéal, s'agissant "d'une personne avec expérience institutionnelle, qui reflète la pluralité et a la capacité de dialogue et de réforme du règlement dont le Congrès a besoin pour représenter une nouvelle ère de la politique espagnole".

Podemos et ses revendications incertaines
La semaine dernière, à quelques jours de la constitution du parlement, les représentants et secrétaires du PSOE et de Podemos se sont rencontrés pour une première prise de contact, sans pour autant "avoir avancé sur aucun sujet". Le parti de Pablo Iglesias a communiqué sa volonté, en cas de soutien à l'investiture de Pedro Sánchez, d'obtenir quatre groupes parlementaires au Congrès des députés, l'un pour Podemos et les trois autres pour leurs alliés régionaux de Catalogne (En Comú Podem), Galice (En Marea) et de la Communauté valencienne (Compromís-Podemos). Bien qu'en acceptant la formation des quatre groupes autour de Podemos, le PSOE s'assurerait leur soutien pour constituer un gouvernement présidé par Pedro Sánchez, celui-ci a officiellement rejeté cette demande hier. Le PSOE n'a aucun intérêt à donner plus de poids et de visibilité à Podemos, qui s'est converti en son principal rival pour les votes d'électeurs de gauche. L'attribution de quatre groupes parlementaires procurerait au jeune parti de couleur mauve un budget plus élevé que celui du PSOE, et donnerait davantage de pouvoir et de temps de parole à ses représentants, lors des prises de décisions.
C'est néanmoins le débat sur la solution du conflit catalan qui reste un grand obstacle à la recherche d'accords entre les partis. Le maintien de la volonté de réaliser un référendum en Catalogne fait perdre de la crédibilité au jeune parti d'Iglesias qui campe sur ses positions. Le numéro deux de Podemos, Íñigo Errejón a rappelé que malgré le désaccord des deux partis (Podemos et PSOE) sur ce sujet, "il est possible de parler de tout".

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 12 janvier 2016
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Publié le 11 janvier 2016, mis à jour le 11 janvier 2016
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