

Ils s'en prennent aussi bien aux fabricants de jeux vidéos qu'aux représentants de l'ordre. Contre Nintendo ou contre la police espagnole, c'est la même colère et la même méthode. Bloquant les sites web des entités concernées, les "hacktivistes" génèrent la confusion et font l'actu. C'est notamment le cas dernièrement en Espagne, où trois membres de la communauté ont été arrêtés en fin de semaine dernière
(Les Anonymous n'ont pas de hiérarchie et agissent dans le monde entier / Photo Creative Commons Vincent Diamante)
La police nationale espagnole annonçait jeudi soir la détention de trois membres présumés du collectif Anonymous. A Barcelone, Valence et Almeria, les personnes arrêtées étaient soupçonnées d'avoir facilité et organisé sur le territoire espagnol les attaques menées dernièrement contre la boutique online de la Playstation Sony, les banques BBVA et Bankia, les pages gouvernementales d'Egypte, d'Algérie, de Lybie, d'Iran ou du Chili... On leur reproche aussi d'être à l'origine d'attaques menées contre la Junta Electoral Central (l'organe supérieur de l'administration électorale), le 18 mai dernier, en pleine campagne électorale, et tandis que l'organisme en question votait en faveur de l'interdiction du regroupement des Indignés, sur la Puerta del Sol. Autres victimes ces derniers mois : les Mossos d'Esquadra, la SGAE (l'équivalent local de la Sacem), le ministère de la Culture, parmi d'autres.
Attaque par déni de service
Leur modus operandi est l'attaque par déni de service : un envoi massif de requêtes "bidons" sur les sites des entités visées. Une quantité de demande tellement importante, que les sites web sollicités ne peuvent plus répondre et finissent par saturer, empêchant l'accès de leurs pages à l'utilisateur lambda. Des millions d'euros de perte pour certains, un simple coup au moral pour d'autres. Une organisation sans leader ni hiérarchie, dont les cellules locales aident qui le veut bien à configurer son ordinateur pour participer aux diverses et nombreuses attaques qui ont régulièrement lieu sur le Net. Méconnus il y a encore quelques mois, les Anonymous se sont rendus mondialement célèbres en attaquant les entités qui refusaient de faciliter leurs services à Julian Assange, le créateur de WikiLeaks (Amazon, Visa et autres PayPal). L'OTAN a récemment classé comme "dangereux" ces activistes sans visages. L'arrestation de membres du collectif sur le territoire espagnol constitue une première.
L'heure des représailles
"Nous n'avons pas de membres et nous ne sommes pas un groupe constitué, vous avez arrêté trois citoyens s'exprimant par eux-mêmes", a indiqué le collectif dans une vidéo divulguée sur le Net. "L'arrestation de quelqu'un pour avoir pris part à une attaque DDoS est exactement comme arrêter quelqu'un qui assisterait à une manifestation pacifique". "Arrêter trois Anonymous ne nuira pas à Anonymous, au contraire, cela ne fera que renforcer nos rangs. Vous nous fournissez le carburant... Mais maintenant vous devez vous attendre au feu", poursuit le communiqué. C'est chose faite : dans la nuit de samedi dernier, le site web de la police nationale a été l'objet d'une attaque de représailles, et a dû fermer pendant près d'une heure.
Un rideau de fumée
"Nous n'avons aucun lien avec aucune bande terroriste et nous n'appuyons pas le terrorisme". C'est ce qui est dit dans un autre message divulgué sur You Tube à l'origine des cyberactivistes espagnols, intitulé "Comunicado Oficial Anonymous Cortina de Humo". Une vidéo qui permet par ailleurs de placer les Anonymous dans l'orbite du mouvement du 15M. Parmi les regroupements d'Indignados, quelques masques à moustache et barbichette typiques des cyberactivistes s'étaient certes laissés voir. Les représailles menées contre la Junta Electoral Central ou plus récemment, le vol de données sur le site de l'Intenco (Instituto Nacional de Tecnologías de la Comunicación) sont autant d'indices qui permettent de penser qu'il existe un lien entre la #spanishrevolution et les Anonymous. Dans la vidéo publiée sur You Tube par OperacionTortilla, il est dit que le gouvernement et la police utilisent le collectif "comme un rideau de fumée pour dévier l'attention des expulsions" des campements du 15M. "Sors à la rue et bats-toi pour tes droits", conclut la voix off de la vidéo.
Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 14 juin 2011





