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AMBASSADE - Bruno Delaye : "L’Espagne : une énergie communicative"

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Bruno Delaye a pris ses fonctions d'Ambassadeur de France en Espagne le 6 juin. Après avoir occupé les mêmes fonctions au Mexique de 1995 à 2000, où il a contribué à créer la Casa de Francia et l'Institut de la mode*, et en Grèce de 2003 à 2007, après un passage à la direction de la Coopération Internationale et du développement au Ministère des affaires étrangères, il revient en terre hispanophone, bien décidé à surfer sur la vague de l'optimisme espagnol. Rencontre

Bruno Delaye, nouvel Ambassadeur de France en Espagne (Photo LPJ)

Lepetitjournal.com : Comment considérez-vous les relations franco-espagnoles aujourd'hui ?
Bruno Delaye :
Notre chance est d'être à un moment très favorable de la relation franco-espagnole. On a travaillé main dans la main pour arriver à un "mini-traité"et remettre l'Europe en marche. On partage l'intention de veiller à ce que les politiques européennes prennent bien en compte la dimension méditerranéenne;c'est le projet d'union des pays de la Méditerranée. On est à un moment très fort de nos relations économiques bilatérales, d'intérêts croisés, de l'investissement français en Espagne. Dans le même temps, on travaille aussi main dans la main pour relever le défi du terrorisme de l'ETA, ou d'une façon plus générale le terrorisme international. Et on a maintenant des procédures de travail entre les deux gouvernements qui font que, sur à peu près tous les sujets, on s'entend bien. Il y a des nuances qui sont dues à l'histoire ou à l'approche propres à chaque pays;mais dans l'ensemble cela se passe plutôt bien. Maintenant il faut donc se concentrer sur ce qu'il reste à améliorer.

Quelles sont les grandes lignes de votre mandat en Espagne ?
Les infrastructures :
La première chose à améliorer est que la France tire un meilleur avantage de sa position géographique centrale en Europe. On n'a pas assez regardé du côté de l'Espagne. Et l'Espagne en souffre, au moins psychologiquement. On doit pouvoir faire mieux.
Nous avons plusieurs chantiers de liaisons ferroviaires à grande vitesse. Il faut que la France tire aussi un meilleur avantage de la croissance espagnole. Parce que l'économie espagnole est devenue une locomotive. Et aussi parce que, dans le cadre de la nouvelle politique de développement durable, la tendance sera de favoriser le ferroutage ou les transports maritimes. On a donc un gros programme d'accélération des chantiers d'infrastructures. C'est également le cas pour l'énergie : il faut qu'on fasse des interconnexions électriques;à ce niveau, on est en dessous de la moyenne européenne entre l'Espagne et la France.
Les échanges humains : Le deuxième chantier important, c'est qu'on est deux pays avec des modes de vie très similaires mais qui se connaissent finalement peu. Il faut faire tout un travail pour rapprocher constamment nos intellectuels, artistes, scientifiques?et de façon plus profonde aussi, nos sociétés civiles. L'Europe, c'est un double mouvement : ça se construit par le haut et par le bas. Le mouvement du haut, on s'y concentre beaucoup (nouveau traité, réforme des institutions européennes). Mais l'Europe c'est aussi le va-et-vient entre les hommes et les femmes de différents pays. Et l'Ambassade est un peu un "facilitateur"d'échanges. De façon plus précise, on a un gros travail pour relier les mondes universitaires espagnol et français : développer les diplômes communs qui donnent naissance à une double qualification reconnue sur les deux marchés. On a aussi un gros effort à faire pour mieux convaincre les Espagnols de l'utilité de l'apprentissage de la langue française. On ne part pas de rien mais il faut que tout cela vive sous le drapeau du dynamisme et de la vie.
Je vois ces deux gros chantiers : au niveau des infrastructures (énergie et transports) et d'autre part, au niveau des échanges humains. Tout le reste marche à peu près tout seul.
La communauté française : Je suis très content de voir qu'il y a ici une communauté française forte et dynamique. Il y a beaucoup de jeunes qui viennent ici chercher leur emploi, le trouvent ou le créent eux-mêmes et profitent ainsi du dynamisme espagnol. Il n'y a rien de mieux que cela pour créer des liens entre les deux pays. Donc j'encourage beaucoup ces jeunes et j'espère que l'ambassade et le consulat pourront leur apporter soutien et encouragements.

Concrètement comment peuvent se traduire ces encouragements ?
On travaille par exemple sur l'idée d'avoir une convention avec l'Agence Nationale Pour l'Emploi française pour avoir un bureau ici qui puisse aider à placer des jeunes qui viennent s'installer en Espagne et rechercher un emploi auprès de sociétés françaises ou espagnoles. Il faut raisonner aussi à l'échelle européenne. Ce serait intéressant d'avoir au consulat un bureau tenu par un professionnel de l'emploi, qui puisse conseiller les jeunes et les entreprises en recherche de profils, qui aiderait les jeunes dans leurs démarches

Des projets aussi ambitieux que la Casa de Francia ou l'Institut de la mode* à Mexico que vous-même avez lancés?
J'ai quelques projets en effet mais je ne souhaite pas en parler avant qu'ils aient vu un début de réalisation. A ce sujet, toutes les idées et les initiatives sont les bienvenues car vous comprendrez que l'Ambassade n'a pas la science infuse. Toute personne qui arrive ici avec des projets intéressants peut être écoutée et aidée. Et cela vaut la peine de les aider et de les orienter rapidement. Et bienvenue aux idées des lecteurs du Petitjournal.com ! L'Espagne donne de l'énergie. Nous allons donc essayer de la transformer de façon utile.

Ce que vous aimez de l'Espagne ?
C'est un pays où les gens font preuve de dynamisme et d'optimisme. Ce ne sont pas des gens qui vivent dans la nostalgie d'un passé révolu. Ils croient que demain sera meilleur qu'aujourd'hui. C'est une société qui reste, d'après ce que je peux en voir, conviviale, ouverte, accueillante. On a beaucoup de choses à en apprendre. Les Espagnols bénéficient également de toute la profondeur de l'Amérique latine derrière eux. Tout ce qu'il y a eu comme projection de l'Espagne dans le monde revient maintenant naturellement vers elle. Cela donne beaucoup de souffle à ce pays. C'est une grande chance d'avoir, grâce à l'Espagne, cette ouverture sur l'Amérique latine. Cela enrichit l'Europe.

Ce que vous regretterez de la Grèce ?
Dans un monde assez brutal et assez bruyant, la Grèce est un îlot de bonheur et de paix. Les Grecs sont arrivés à un degré de tranquillité harmonieuse qui est assez fort. C'est un pays qui respire le bonheur.

Qu'auriez-vous envie de dire aux Français d'Espagne ?
Qu'ils ont la chance de vivre en Europe à un moment clé de son histoire et aussi "bravo d'avoir choisi l'Espagne"car c'est un excellent choix. Et deuxièmement "n'hésitez pas à développer vos idées et vos initiatives dans ce pays dynamique, sans oublier la Mère Patrie [rires].
Propos recueillis par Laurence DANTHONY (
www.lepetitjournal.com - Madrid) vendredi 13 juillet


* La Casa de Francia :
www.francia.org.mx
Médiathèque Casa de Francia
Havre 15. Col. Juárez. Zona Rosa
06600, México, D.F.
(metro: Insurgentes, metrobus: Hamburgo) Tel. 55 11 31 51
info@francia.org.mx

* L'institut de la mode
INSTUTO DE ESTUDIOS SUPERIORES DE DISEÑO Y MODA
calle Havre, nº15 colonia juarez 06600 MEXICO D.F. TEL:55 14 25 94/55 14 25 95 FAX:57 89 90 90 ...

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Publié le 29 juillet 2007, mis à jour le 13 novembre 2012
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