

Actualisation 9/09/2021: Le jeune homme ayant porté plainte pour les actes homophobes évoqués dans cet article a finalement reconnu mercredi 8/09 avoir inventé l'aggression, devant les contradictions relevées par les enquêteurs. Le mensonge aurait servi à cacher une infidélité et justifier les mutilations -et notamment le mot "maricón" gravé sur son derrière- faites dans le cadre de relations sexuelles consenties.
Après le crime de Samuel à La Corogne qui a ébranlé l'Espagne cet été, une nouvelle aggression homophobe, ayant eu lieu le week-end dernier à Madrid, dans le quartier de Malasaña, fait cette semaine la Une des journaux et mobilise les collectifs LGBTI+. En 2021, les aggressions pour orientations sexuelles sont en Espagne à la hausse et la tendance inquiète les autorités. Tandis que 2 autres aggressions ont été ces derniers jours signalés, l'une à Melilla, l'autre à Tolède, des manifestations sont convoquées mercredi et samedi dans la capitale, en signe de rejet de cette violence, devenue intolérable.
C'est une aggression dont la violence ne peut passer inaperçue, presque 2 mois jour pour jour après l'assassinat du jeune Samuel, à La Corogne. Selon les faits rapportés par la police, la victime aurait été attaquée dans le hall de son immeuble, dans le quartier de Malasaña, par 8 personnes, pas moins, qui auraient pris soin de dissimuler leur visage sous des capuches. Âgé de 20 ans, le jeune homme s'est vu menacé à l'arme blanche. Ses agresseurs ont filmé toute la scène, qui inclurait plusieurs coupures faites avec un couteau, dont une au visage et l'autre sur le derrière -après l'avoir au préalable dénudé- où ils auraient gravé le mot "maricón". Une enquête est en cours et la police est en train d'étudier les images vidéo des caméras de sécurité installées dans la zone.
Fin août, c'est à Melilla, que l'association de Gay et lesbiennes de Melilla dénonçait une "brutale aggression" soufferte par un jeune Marocain, qui a dû être traité par les services hospitaliers de la ville, suite aux violences qu'il aurait subi en pleine rue. Insultes, menaces et coups de poings : c'est aussi le traitement qu'a reçu une autre victime, début septembre, dans la province de Tolède, au cours d'un botellón. Tandis que la police effectue son travail pour identifier les auteurs de ces aggressions, les représentants politiques ont condamné les faits. Le maire de Madrid, José Luis Martínez-Almeida (PP), et la présidente de la région, Isabel Diaz Ayuso (PP), ont estimé qu'à Madrid ce type de délits n'ont pas leur place, tout en rejetant la possibilité que le discours de l'Extrême droite et de l'allié municipal VOX, puisse être lié aux actes incriminés. Le président du Gouvernement, Pedro Sánchez, a lui pris la parole : "Nous continuerons à travailler pour un pays ouvert à la diversité", a-t-il écrit sur Twitter.
En nuestra sociedad no tiene cabida el odio. Mi rotunda condena a este ataque homófobo. No vamos a permitirlo. Seguiremos trabajando por un país abierto y diverso, donde nadie tenga miedo a ser quien es, en el que todos/as vivamos libres y seguros.
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) September 6, 2021
Mi cariño al joven agredido. https://t.co/YDjWENyeVa
Pour les collectifs LGBTI+ en tous cas, la coupe est pleine. Cela fait longtemps déjà qu'ils dénoncent que les aggressions liées aux orientations sexuelles sont en hausse dans le pays, soulignant que la tendance s'observe sur les 5 dernières années. Si la pandémie a mis embelli les statistiques, le nombre d'aggressions serait en notable augmentation sur 2021, selon les différents Observatoires contre l'homophobie qui existent dans le pays (+10%, avec une centaine de délits enregistrés).

Après avoir été un des premiers pays à légaliser le mariage entre personnes du même sexe en 2005, l'Espagne, consciente des évolutions de la société en la matière, a crée en 2012 un observatoire des "crimes de haine", "delito de odio" dans la langue de Cervantés. Ces délits caractérisent les aggressions liées à l'appartenance de la victime à un groupe social et incluent les actes homophobes -mais aussi les crimes racistes ou antisémites, par exemple. Depuis 2014, date à laquelle le ministère de l'Intérieur espagnol collecte les données, les chiffres relatifs aux crimes de haine oscillent entre 1200 et 1700 délits annuels. En 2020, les aggressions homophobes en Espagne représentaient plus de 20% de ces délits.
Manifestation pour condamner les violences homophobes à Madrid
Mercredi à 20h et samedi à 19h sur la Puerta del Sol, à l'initiative du COGAM, le syndicat LGBTI+ de Madrid, deux manifestations sont organisées dans la capitale pour protester contre les menaces qui pèsent (encore) contre le collectif et dénoncer la "spirale de la violence".
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