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"Mon inconnue" d’Hugo Gélin sort dans les salles de cinéma au Portugal

Festa do Cinema FrancêsFesta do Cinema Francês
Écrit par Lucie Etchebers-Sola
Publié le 12 février 2020, mis à jour le 12 février 2020

Ce jeudi 13 février sort dans les salles de cinéma au Portugal « Mon inconnue ».  Lepetitjournal a rencontré le réalisateur Hugo Gélin et l’actrice principale du film à l´occasion de la Festa do Cinema Francês 2019. Ils étaient présents pour présenter le film le 3 octobre lors de la soirée d´ouverture de ce festival du film français.
 
Le héros de « Mon inconnue » s’appelle Raphaël Ramisse - patronyme emprunté au réalisateur d’Un jour sans fin, Harold Ramis, dont Hugo Gélin est un fervent admirateur. Une connivence pas complètement hasardeuse puisque le réalisateur français avoue volontiers préférer les comédies romantiques américaines et anglo-saxonnes aux productions françaises. Raphaël Ramisse donc, se réveille un matin dans un monde où il n’a jamais rencontré Olivia, la femme de sa vie, et va tenter de reconquérir celle qui est devenue sa parfaite inconnue. Un humour bien français, une touche de science-fiction, un trio bien ficelé entre François Civil (Raphaël), Joséphine Japy (Olivia) et le génial Benjamin Lavernhe (Félix), ont fini par conquérir le public hilare qui s’était déplacé au cinéma São Jorge ce jeudi 3 octobre pour l’inauguration de cette 20ème édition de la Festa. Le film sortira dans les salles portugaises le 14 février prochain, jour bienheureux de la Saint-Valentin. En attendant, lepetitjournal a rencontré la jolie Joséphine Japy et l’enjoué créateur de cette comédie romantique à l’hollywoodienne qui ont répondu à quelques questions.

 

Les gens ont hurlé de rire devant votre film. Peut-on souhaiter mieux lorsqu’on réalise une comédie ?
Hugo Gélin : Une chose est sûre, c’est l’angoisse à chaque fois de montrer son film à un nouveau public et l´on est toujours curieux de voir comment les gens vont le recevoir. Certaines scènes du film sont des rendez-vous que j’ai écris pour provoquer de telles réactions -comme celle du coup de fil à l’agent, le dîner à quatre etc.- c’est de la pure comédie, ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas. C’est d’autant plus grisant quand le film est bien reçu par des gens qui ne parlent pas forcément notre langue, et du coup on se rend compte quand une scène est drôle de façon universelle. Avec les comédies on sait tout de suite quand le film marche : si les gens ne rient pas à une blague, le silence est lourd et peut être très violent. Ce n’est pas le cas avec un film dramatique par exemple, c’est plus difficile de jauger. J’ai reçu un Swann d’Or au Festival du film de Cabourg cet été, j’étais très  touché, mais je ne fais pas de film pour moi, ni pour les gens du métier, je fais des films pour les gens que je ne connais pas, donc évidemment, les faire rire c’est la meilleure récompense.

 

Comment vous êtes vous rencontré avec Joséphine Japy ?
HG : Je connaissais très bien François Civil, et Benjamin Lavernhe mais pas Joséphine. Je lui ai d’abord fait faire des essais, et seulement plus tard  j’ai vu d’autres films dans lesquels elle a tourné. C’est bizarre mais ça ne m’intéresse pas trop de voir les autres rôles dans lesquels mes acteurs ont joué, parce c’est toujours dans le contexte très précis d’un autre film, avec le regard d’un autre réalisateur… Je préfère me faire une idée en les voyant en vrai. Je cherchais une actrice qui soit capable de jouer une jeune fille de 18 ans et une jeune femme de 30 ; une femme un peu éteinte dans l’ombre de son compagnon mais aussi une grande pianiste qui a réalisé ses rêves. Je voulais surtout trouver quelqu’un qui ait une bonne alchimie avec François, je voulais que ce soit une évidence, quelque chose de charnel. Avant de trouver l‘actrice, je cherchais cette alchimie, et ensuite je voyais si l’actrice pouvait incarner le rôle. Joséphine s’est avérée parfaite.
 
Joséphine Japy : Moi j’ai découvert Hugo avec le film « Comme des frères » (2011) au cinéma. J’avais déjà vu ses films avant même de savoir qu’on allait un jour se rencontrer et travailler ensemble. Il y a une différence de rapport quand on est acteur, on se greffe à des univers différents de réalisateurs différents alors qu’un réalisateur peut développer une palette de films très variée. A l’inverse d’Hugo, j’aime regarder toute la filmographie des metteurs en scène avec qui je vais travailler.
 
HG : Quand on fait un film, le tournage ce n’est que quelques mois, ce n’est rien comparé à la suite : la tournée, la presse etc. on vit ensemble 24h/24, on dort dans les mêmes hôtels, on est crevé ensemble, on fait des heures de route ensemble. Si on n´a pas envie de partager ça avec son équipe ça ne sert à rien de faire des films. Là, nous sommes à Lisbonne et on est heureux de se balader ensemble. Mes films parlent de rapports humains et de comment on partage les choses avec les gens, alors si ce n’est pas le cas entre nous, je ne sais pas comment on peut véhiculer ces idées là sur un grand écran.

 

S’il vous arrivait la même chose qu’à votre personnage Raphaël, quelle serait votre « vie de merde » comme il dit ? Et qui serait votre Félix ?
HG :
L’idée de ce film est partie précisément  de cette angoisse personnelle qui est : où est-ce que je serai si je n’avais pas rencontré ma femme, mon ami d’enfance, les gens avec qui je travaille et si je n’avais pas fait les grands choix que j’ai fait dans ma vie. Lorsqu’on choisit un chemin, on passe à côté d’un autre chemin, j’adore cette idée, et j’ai toujours pensé à cela bien avant d’avoir l’idée de faire ce film. Je ne sais pas quelle aurait été ma « vie de merde », mais il y a eu un événement décisif dans ma vie : mon père m’avait inscrit à l’Université de Californie à Los Angeles quand j’avais 18 ans pour faire une école de cinéma. J’ai été reçu mais entre temps mon père est tombé malade et est décédé, alors j’ai tout annulé et je suis resté à Paris avec ma mère et ma sœur. Six mois plus tard, je faisais mon premier court métrage à 19 ans. Je pense que j’aurais eu une toute autre vie si j’étais entré dans cette école aux Etats-Unis. Je serais probablement resté là-bas et devenu un grand maigre américain (il n’y en a pas beaucoup) et je n’aurais jamais fait mon premier film, ni mes films français. Et mon « Félix » ça aurait été Ruben Alves, mon ami d’enfance qui est portugais d’ailleurs et qui est aussi réalisateur. C’est certainement la seule personne qui me prendrait au sérieux si ce que je fais vivre à mon personnage Raphaël m’arrivait à moi.
 
JJ :
Ma petite sœur est atteinte d’autisme, et je me suis toujours posée la question de savoir ce que j’aurais fait de ma vie si elle n’avait pas été malade. Je suis devenue actrice en partie pour vivre les vies qu’elle ne pouvait pas vivre elle même. Je m’imaginais des personnages en me disant qu’elle aurait pu être comme si, ou comme ça. Et, je ne sais pas qui serait mon Félix, c’est trop fou ce qui arrive à Raphaël, personne ne me croirait !

 

Hugo vous vous êtes inspiré d’« Un jour sans fin » de Harold Ramis, c’est un film important pour vous ? Avez-vous des références de comédies romantiques dans le cinéma français ?
Oui le film de Harold est une référence, je l’ai vu il y a très longtemps mais c’est un modèle de comédie pour moi parce qu’il y a ce pitch fantastique dont je me suis inspiré dans mon film. Dans « Mon inconnue » aussi il y a un point de départ fantastique, un petit twist pour lancer l’histoire, mais la suite est réaliste et tout le monde peut se projeter.  Beaucoup d’autres films ont façonné ma culture des comédies au cinéma, comme « La vie est belle » de Frank Capra ou « Her » de Spike Jonze aussi qui est un grand film même si n’est pas comique pour le coup. En France, il y a une comédie romantique réussie tous les dix ans à peu près. Il y a eu « L’Arnacœur » de Pascal Chaumeil ou « Jeu d’enfants » de Yann Samuell qui est plutôt une grande fresque romantique. C’est pour ça que je me suis davantage inspiré des comédies romantiques anglo-saxonnes. C’est un paradoxe, on est censé être le pays du romantisme, mais on n’est pas vraiment capables de faire des grandes comédies romantiques en France ! Les Anglais et les Américains sont beaucoup plus forts pour ça… par exemple, j’aime beaucoup « Bad Times » Richard Curtis qui est un peu le pape du genre en Angleterre, ce film est génial.

 

Joséphine, c’était votre première comédie du genre, ça vous a plu d’incarner une héroïne romantique ?
C’est déjà un genre que j’adore en tant que spectatrice, alors forcément en tant que comédienne c’est irrésistible ! On a envie de passer de l’autre coté et de jouer toutes ces émotions : une scène de drame, une scène plus légère etc. C’était un vrai bonheur de jouer Olivia, d’autant que c‘est un personnage complexe avec deux féminités différentes, sur dix ans de sa vie. Tous les rôles sont des défis, mais pour Olivia particulièrement, j’ai dû jouer deux femmes avec les mêmes racines mais dans deux vies différentes. Il a fallu créer un couple avec  François aussi et prétendre que j’étais une pianiste, j’ai fait une préparation pendant quatre mois pour m’entraîner. Bref, ça a été un vrai challenge !

 

Vous avez parlé d’Instagram hier lors de la soirée d’inauguration. Quelle relation avez-vous entretenu avec les réseaux sociaux pour « Mon inconnue » ?
HG :
Je fais toujours l’effort de répondre aux gens qui me parlent sur Ies réseaux sociaux et notamment sur Instagram, juste pour dire « merci ». Sur Instagram nous n’avons pas de critique négatives, au pire ce sont des gens qui pensent faire un compliment mais qui en fait  n´en sont pas vraiment, c’est très drôle ! Sur ce film là particulièrement, j’ai eu beaucoup de retours d’inconnus, mais aussi de gens du métier. C’est génial aussi pour communiquer avec des spectateurs à l’international, je reçois beaucoup de photo de gens qui se photographient devant l’affiche dans la langue du pays. Avant quand un film voyageait, on ne savait pas forcément ce qui se passait, ni comment il était reçu, maintenant nous avons cet outil incroyable qui est au final plutôt positif.

 

Hugo vous travaillez en ce moment avec votre ami réalisateur Ruben Alves sur un nouveau film, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce projet ?
HG : Je produis et je réalise avec lui un film qui s’appelle « Miss » et qui sortira le 4 mars 2019 en France. C’est une comédie qui raconte l’histoire d’un jeune homme qui veut devenir Miss France. C’est un film sur le genre, c’est un homme qui se sent plus fort en tant que femme.
 


La Festa continue jusqu’au 13 octobre à Lisbonne au cinéma Ideal, à la Cinémathèque Portugaise et au cinéma São Jorge, et jusqu’au 8 novembre dans sept autres villes portugaises (Setubal, Almada, Coimbra, Porto, Leiria, Portimão et Beja). La Festa est organisée par l'Ambassade de France au Portugal, l'Institut Français du Portugal avec la collaboration du réseau des Alliances Françaises et en partenariat avec SERENA Productions, UniFrance Films et les salles de cinéma qui participent à l’événement.
 
Tout le programme ici


Bande Annonce « Mon inconnue »

 

Reprise du 7 octobre 2019

Publié le 12 février 2020, mis à jour le 12 février 2020

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