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Le Coronavirus selon Harari

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Écrit par Jean-Pierre Blaser
Publié le 14 avril 2020, mis à jour le 15 avril 2020

Yuval Noah Harari, auteur du best-seller Sapiens, écrivait en 2015 dans son deuxième livre Homo Deus: " Alors que nous ne pouvons pas être certains qu'une nouvelle épidémie d'Ebola ou une souche de grippe inconnue ne se répande pas sur la planète en tuant des millions de personnes, nous ne le verrons pas comme une calamité naturelle inévitable. Nous considérerons cela plutôt comme un échec humain inexcusable et demanderons la tête des responsables".

 

Pandémie et bioterrorisme

Ces propos faisaient alors écho à la célèbre conférence de Bill Gates, de la même année, où le génie de l'informatique expliquait que les prochains millions de morts ne seraient pas dus a la guerre, mais à un microbe, en regrettant que les grandes puissances aient très peu investi dans la lutte contre une pandémie. Selon lui, le coût de la prévention serait très faible, par rapport au prix de l'immense catastrophe sanitaire envisageable, le bioterrorisme n'étant pas à exclure. Il indiquait que le monde avait les moyens technologiques de maîtriser le phénomène, et insistait sur la nécessité d'un système mondial de santé.

Déjà, en 2005, un rapport de la CIA présenté par Alexandre Adler: Comment sera le monde en 2020? (éd. R. Laffont) écrivait: "L'apparition d'une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse, pour laquelle il n'existe pas de traitement adéquat, pourrait déclencher une pandémie mondiale. Si une telle maladie apparaît d'ici 2025, des tensions ou conflits internes ou transfrontaliers ne manqueront pas d'éclater. En effet, les nations s'efforceront alors -avec des capacités insuffisantes- de contrôler les mouvements des populations cherchant à éviter l'infection ou de préserver leur accès aux ressources naturelles".
Puis ces prédictions de mauvaise augure tombent aux oubliettes.

 

Les excès

Pour revenir à Harari, dans ses "21 leçons pour le XXIème siecle", il retient en 2018 comme menaces majeures l'épidémie de fake News (mensonge un jour, vérité toujours!) et aussi le terrorisme, puis en même temps pour minimiser immédiatement ce dernier, expliquant "qu'il tue très peu, mais n'en réussit pas moins à terrifier des milliards de gens et fait trembler d'immenses appareils politiques, tels que l'Union Européenne ou les États-Unis".

A contrario, il relève les quantités de morts chaque année liés à la circulation dans le monde (1,25 million de personnes), à la consommation excessive de sucre et au diabète (3,5 millions), et à la pollution de l'air (7 millions). Mais rien sur les risques de catastrophe sanitaire...

 

Conduite du coronavirus et choix de société

Est-ce pour rectifier le tir que Harari accorde à l'Express, ce 1er avril 2020, un interview où il prend acte de la pandémie et se projette dans l'après coronavirus.

"L'orage passera, l'humanité survivra, la plupart d'entre nous seront toujours vivants mais nous nous retrouverons dans un monde différent", dit-il.

Et d'ajouter: "Nous sommes face à deux choix particulièrement importants. Le premier entre la surveillance totalitaire et le pouvoir citoyen. Le second entre l'isolement nationaliste et la solidarité planétaire".

En effet, la gravité de la situation exige le respect des consignes par la population. Pour cela, on peut pour la première fois exercer une surveillance efficace grâce aux nouvelles technologies, big data, algorithmes, moyens biométriques. Ces moyens permettent aussi des traitements rapides dont les résultats peuvent apporter des éléments déterminants pour les décideurs.

 

La coopération mondiale

Harari pense parallèlement qu'une bonne information, dans laquelle le public croit, peut faire aussi bien qu'une surveillance policière. Et de prendre l'exemple du lavage des mains avec du savon, que les gens ont compris et qu'ils appliquent. Mais pour en arriver là sur un plan général, il faut qu'ils aient confiance dans les sciences, dans les autorités et dans les médias.

Alors, le chemin sera t'il long? On peut malheureusement le craindre...

Sur le second choix, pour l'éradication du Coronavirus, "nous avons absolument besoin d'un esprit de coopération et de confiance internationales", dit-il.

Partage des informations, demande de conseil, production et distribution d'équipements médicaux, entre autres.

Sur le plan économique, il ne voit de salut que dans un plan d'action mondial. A commencer par une coopération pour que des personnes essentielles puissent franchir les frontières: scientifiques, médecins, journalistes, politiciens, chefs d'entreprise, précise t'il

Malheureusement, la communauté internationale est aujourd'hui frappée par une paralysie collective; le silence de l'Union Européenne, l'immobilisme apparent des organisations internationales (OMS en tête), le chemin pris par le Gouvernement américain, les signaux ne sont effectivement pas bons.

En conclusion
"Si nous choisissons la désunion, non seulement cela prolongera la crise, annonce l´auteur mais il en résultera des catastrophes encore pires pour l'avenir. Si nous optons pour la solidarité planétaire, ce sera une victoire non seulement contre le coronavirus, mais contre toutes les épidémies et les crises qui pourraient encore menacer l'humanité au XXIème siecle".

 

Publié le 14 avril 2020, mis à jour le 15 avril 2020

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