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Père Julien de Pommerol-Le confinement vu comme"une apnée spirituelle"

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Écrit par Maria Sobral et Julia Martin
Publié le 15 juin 2020, mis à jour le 16 juin 2020

Après un mois et demi sans célébration dominicale à l´église Saint Louis des Français, en raison du confinement pour combattre la Covid-19, la communauté francophone a pu de nouveau se retrouver le 31 mai pour célébrer la messe. Nous avons été à la rencontre du « padre » Jullien de Pommerol, recteur depuis un peu plus d´un an à St Louis des Français de Lisbonne afin qu´il explique à nos lecteurs comment s´est déroulée cette période très particulière.
 
 

Lepetitjournal : Comment avez-vous vécu cette absence de célébration publique et du point de vue de la foi, qu´est-ce que cela a représenté ?

Père Jullien de Pommerol : Étymologiquement, église signifie « assemblée ». C'est donc douloureux pour le prêtre de voir qu'il est interdit à la communauté de venir assister à la messe...  
Au début cette interdiction pouvait paraître nécessaire pour protéger contre le virus, mais ce fut une douleur injuste quand elle a perduré pendant que tant de commerces rouvraient.  La messe est le banquet céleste où Dieu lui-même se donne en communion, et voir ce banquet interdit à ceux qui aiment Dieu est très accablant.
En 2000 ans de l'histoire de l'église, jamais l'éclipse de Dieu n'avait été aussi terrible, et j'ai ressenti la peur et Ia soumission servile des évêques comme un manque de Foi et une trahison.

 

Comment les paroissiens de Saint Louis des Français ont-ils vécu leur foi en période de confinement ?

Ils ont vécu leur foi aussi pleinement que les restrictions leur permettaient de le faire.
Ils pouvaient assister à la messe sur Internet, et nous avions le lien paroissial assuré par le sermon dominical, diffusé chaque dimanche à 11h sur la French radio, et par la feuille d'informations hebdomadaire, dans laquelle un des saints fêté durant la semaine était évoqué, et les informations pratiques diffusées.
Mais cela ne nourrit pas l'âme autant que de pouvoir se rendre à la messe et communier. Plusieurs paroissiens m'ont évoqué leur faim de recevoir le Saint-Sacrement. C'est un petit peu comme regarder un festin à la télévision, cela ne nourrit pas...

 

Comment se fait le déconfinement à l´église Saint Louis des Français et comment la communauté  le vit-elle ?

Le déconfinement se fait conformément aux huit pages de consignes données par le patriarcat. Il y a aussi des précisions données par le corps médical, bref nous nous plions à toutes ces contraintes, marquage des places autorisées sur les bancs,  inscription sur Internet pour pouvoir participer à la messe et ne pas dépasser le quota de paroissiens, du gel sur les mains en entrant dans l'église et avant d'aller communier, pas de feuilles de chants, pas d'eau dans les bénitiers, bref beaucoup de précautions, mais la joie de recevoir Jésus dépasse tellement ces contrariétés que la communauté s'y plie de bonne grâce.

 

Ressentez-vous un impact particulier que la période de confinement aurait eu sur la communauté ?

Cette impossibilité de se réunir a créé chez certains un manque, montrant combien la dimension communautaire est importante et le fait de se rassembler chaque dimanche, essentiel ! Vivre sa foi « chacun de son côté » a un côté désincarné  qui ampute la communion de toute la dimension ecclésiale. Le fait d'avoir passé plusieurs mois comme dans une apnée spirituelle décuple la joie de se retrouver le dimanche et donne l'enthousiasme que les apôtres pouvaient ressentir en sortant du cénacle le jour de la Pentecôte.

Hélas, il y a aussi chez certains un éloignement qui s'est creusé un peu plus en donnant à la foi un aspect optionnel,  ce qui ne nous permet pas de conclure que ce confinement fut un mal pour un bien.
 
 

Église Saint Louis des Français :
Messe en français tous les dimanches à 11h00
En savoir plus : www.saint-louis-des-francais.org

 

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