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Budget de l’Etat : ce qui va changer en 2019 au Portugal

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Écrit par Lucie Etchebers-Sola
Publié le 8 janvier 2019, mis à jour le 8 janvier 2019

En octobre dernier, le Parlement a voté le projet budgétaire de l’Etat pour 2019. De la fonction publique à l’éducation en passant par la politique migratoire, voici quelques-unes des mesures attendues cette année.

 

2019, année d’élection

Cette année sera charnière pour la politique portugaise car 2019 sera marquée par deux élections importantes. Les "Européennes" d’abord, qui auront lieu en mai et qui détermineront l’horizon 2023-2024 pour les Etats membres de l'Union européenne, puis les élections législatives, qui se dérouleront en octobre. Pour Marcelo Rebelo de Sousa, ces législatives sont une première en tant que Président de la République, mais quels que soient les résultats, il poursuivra ses fonctions jusqu’en 2021. En revanche pour le Premier ministre António Costa qui entre dans la dernière année de son mandat, l’enjeu est tout autre. S’il arrive en tête des intentions de vote avec son parti –le Parti socialiste– les sondages ne lui accordent en revanche pas la majorité parlementaire, ce qui laisse prévoir un maintien de la « geringonça », l’alliance actuelle avec les autres forces de gauche. Une chose est sûre : le budget qu’il a établi avec son gouvernement pour l’année à venir et les mesures qui vont en découler auront un impact sur son avenir politique.
 

Une baisse du déficit public

C’est l’une des principales mesures inscrites dans le budget de l'Etat pour 2019, comme l’a affirmé le ministre des Finances Mario Centeno : "C'est un budget qui poursuit la voie de la rigueur et de l'équilibre dans les comptes publics". Il veut ramener le déficit public à 0,2 % du PIB en 2019 (contre 0,7% en 2018), le taux le plus bas jamais atteint en 43 ans de démocratie. Cette baisse sera accompagnée par une croissance économique prévue à 2,2% en 2019, contre 2,3% l’année dernière, et un taux de chômage qui devrait continuer à diminuer, passant de 6,9% en 2018 à 6,3% cette année. L'investissement public augmentera quant à lui de 16%. 4,1 milliards d'euros seront consacrés au financement de nouveaux centres médicaux à travers le pays et à la construction de nouvelles lignes de chemin de fer.
 

Revalorisation de la fonction publique

Les salaires de la fonction publique devraient augmenter d’environ 3% en 2019, soit la plus forte hausse des salaires dans l'administration publique de ces dix dernières années. 50 millions d’euros seront alloués à l’augmentation de la rémunération des fonctionnaires. Pour beaucoup d’entre eux, cette hausse n’a toutefois rien d’exceptionnel. "Je suis professeure et mon mari travaille dans le secteur de la justice. Ces dix dernières années nos salaires ont subi plusieurs baisses successives, pour nous cette augmentation n’est qu’un retour à la normale et à la décence." explique Gilda, 58 ans. António Costa a également annoncé le recrutement de 1000 nouveaux fonctionnaires en 2019, notamment dans les domaines de la planification et de la numérisation des politiques publiques. Au niveau des retraites, le budget 2019 supprime l’obligation de partir à 70 ans pour les fonctionnaires publics.

 

1% pour la culture

Le budget global consacré à la culture et à la science (notamment dans le domaine de la recherche) représentera 1% du budget de l'État en 2019, ce qui peut sembler peu mais c´est "le plus important de tous les temps" a souligné António Costa, en particulier après des années où il n´y pas eu de Ministre de la Culture. En juillet déjà, dans le débat sur l'état du pays, Costa avait avancé que le financement de la recherche et du développement atteindrait 1,5% du PIB d'ici 2019, "renforçant la convergence avec l'objectif de 3% du PIB d'ici 2030".
 
 

L’émigration, cheval de bataille de Costa

Les questions liées à l'émigration récente faisaient partie des premières mesures annoncées par le Premier ministre en août 2018, qui avait déclaré que le budget 2019 tenterait de faire rentrer au Portugal les personnes ayant émigré entre 2011 et 2015, notamment grâce à des avantages fiscaux. Costa a tenu sa promesse et les émigrants qui rentreront au Portugal entre 2019 et 2020 ne paieront que la moitié de l'IRS, c'est à dire de l´impôt sur le revenu.

Les contribuables considérés comme résidents au Portugal entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2020 pourront bénéficier de cet allégement fiscal s´ils n’ont pas été résidents sur le territoire portugais au cours des trois dernières années et s´ils n´ont pas séjourné au Portugal avant ces trois dernières années. Certains jeunes émigrés concernés, a priori, par cette mesure restent cependant sceptiques. C’est le cas de Tiago, 35 ans, chercheur en psychologie : "Je travaille au Pays-Bas depuis plusieurs années, je gagne mieux ma vie ici que je ne la gagnerais au Portugal pour le même poste. Je suis parti pour cette raison il y a cinq ans. Je pourrais bénéficier de cet allégement fiscal mais pour moi cela n’est pas suffisant pour m’inciter à me réinstaller au Portugal."
 

La "tourada"

Après bien des polémiques les aficionados de corrida ont réussi à gagner la bataille de la TVA relativement aux spectacles tauromachiques. La TVA ne sera pas de 13% comme prévu par le gouvernement au départ, mais bien de 6% comme l´ensemble des activités culturelles.
 

Education

Le plafond des frais de scolarité dans l'enseignement supérieur passera en 2019 à 856€ maximum, c’est à dire 212€ de moins que le montant actuel de 1068€. De nombreux universitaires craignaient cette mesure qui risque en réalité de diminuer le nombre d’étudiants éligibles à une bourse universitaire. Pour compenser peut-être, le gouvernement a, en revanche, mis en place la gratuité de tous les manuels scolaires qui seront attribués aux élèves jusqu’à la Terminale.
 
À cinq mois des élections européennes, António Costa défend son budget "C'est un bon budget qui suit la route que nous avons tracée jusqu'ici : plus de croissance, plus d'emploi et plus d'égalité", a-t-il twitté. Certaines de ses mesures font déjà débat, à parier que 2019 ne sera pas aussi calme que l’espère Marcelo Rebelo de Sousa.
 

Publié le 8 janvier 2019, mis à jour le 8 janvier 2019

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