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Portugal : le gouvernement durcit la loi sur l'immigration

Avec le soutien des votes du parti d'extrême droite, Chega, au Parlement, le gouvernement portugais a adopté une nouvelle loi entrée en vigueur le 22 octobre sur l'entrée, le séjour, le regroupement familial et l'acquisition de la nationalité portugaise pour les étrangers voulant résider dans le pays.

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©MJ Sobral
Écrit par Camille Ponsard
Publié le 16 novembre 2025, mis à jour le 20 novembre 2025


Le gouvernement de droite dirigé par Luís Montenegro a modifié la loi sur les étrangers. Il a reçu le soutien du parti d'extrême droite Chega, désormais influent au Parlement avec 50 députés. Cette réforme marque un changement important dans la politique migratoire du Portugal, jusque-là considéré comme l'un des pays les plus ouverts d'Europe du Sud.

Le président Marcelo Rebelo de Sousa avait renvoyé une première version du texte à la Cour constitutionnelle, jugeant certaines mesures trop dures. Après des ajustements, la loi a finalement été adoptée fin septembre 2025. Pour ses partisans, elle doit "mieux contrôler" l'immigration et "protéger les valeurs portugaises". Pour les partis de gauche qui ne partagent pas ces nouvelles mesures, il s'agit d'une atteinte à la démocratie.


Des règles plus dures pour les familles et le travail

La nouvelle loi allonge les délais pour le regroupement familial. Un étranger devra désormais vivre au moins deux ans au Portugal avant de pouvoir faire venir un conjoint ou des enfants. Le gouvernement dit vouloir éviter les "abus" et renforcer la stabilité pour les familles qui veulent vraiment s'installer. Mais plusieurs associations dénoncent une mesure injuste car elles estiment qu'elle sépare des familles et complique l'intégration. Des juristes soulignent aussi que cette règle pourrait violer le droit à la vie familiale garanti par la Constitution. La réforme change aussi les règles pour les visas de travail. Les nouveaux critères favorisent les travailleurs "hautement qualifiés". Les emplois peu qualifiés, souvent occupés par des étrangers, seront plus difficiles d'accès. Le gouvernement veut également renforcer les contrôles aux frontières et lutter contre les séjours irréguliers. Des syndicats et ONG craignent que ces nouvelles procédures entraînent davantage de précarité pour les migrants déjà installés.


De fortes critiques de la gauche et des ONG

Les partis de gauche et plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme parlent d'un "recul social". Selon eux, le Portugal tourne le dos à sa tradition d'accueil et certains accusent même le gouvernement de céder à la pression du parti Chega pour conserver une majorité au Parlement. Pour le Premier ministre, ces critiques sont infondées. Il assure que la loi vise seulement à "garantir une immigration responsable et intégrée". Pourtant, le débat reste très vif. Des manifestations ont déjà eu lieu à Lisbonne et à Porto pour dénoncer cette réforme jugée "discriminatoire". Celle-ci s'inscrit dans un mouvement plus large en Europe. En effet, plusieurs pays, comme l'Italie ou l'Allemagne, ont aussi durci leurs politiques migratoires ces dernières années. Mais pour de nombreux observateurs, le cas portugais est particulier, car il a été adopté avec le soutien explicite de l'extrême droite. 

En attendant, les associations restent mobilisées et préparent déjà de nouveaux recours pour défendre les droits des migrants et de leurs familles.

Alors que des élections présidentielles auront lieu le 18 janvier prochain, il est intéressant de voir que la thématique de la loi de la nationalité et de la place que doive occuper les migrants dans la société portugaise a pris de l'importance et est à l'ordre du jour dans les débats de la campagne qui a démarré. Tous les candidats à l'élection présidentielle abordent le sujet lors des débats et des questions sur ce thème leurs sont inévitablement posées. 

 

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